Les tensions électriques intermittentes génèrent de l’angoisse chez les bovins laitiers - La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010

Electropathologie

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Michel Bertrou

Les signes de stress dus aux tensions parasites ne perdurent que si le phénomène est imprévisible.

Une étude(1) menée à la ferme expérimentale de Grignon, en partenariat avec le Réseau de transport d’électricité (RTE), s’est intéressée aux seuils de réponse des bovins laitiers aux tensions électriques parasites qui surviennent en élevage de manière imprévisible(2). L’approche expérimentale, multicritères, a étudié les réponses comportementales et physiologiques des animaux, ainsi que les conséquences éventuelles sur leur production. La pertinence de ce travail est d’avoir prolongé les observations sur le moyen terme (huit semaines), dans des conditions normales de production, tout en contrôlant parfaitement les tensions appliquées et en prenant également en compte le caractère intermittent des courants parasites en élevage.

Pour mesurer d’abord le seuil de réactivité des bovins, un premier dispositif expérimental est mis en place, qui soumet les animaux à deux mangeoires juxtaposées. A la première que choisit l’animal est appliquée une faible tension. L’expérience, d’une durée de deux minutes, est répétée avec des tensions croissantes de 0,3 V (de 0 à 5 V) : il s’agit de déterminer à chaque fois le temps mis par l’animal pour changer de mangeoire, ainsi que le pourcentage d’aliment prélevé dans chacune. Parallèlement, des repères physiologiques, tels que le rythme cardiaque ou le taux de cortisol, sont mesurés.

Le seuil de réaction déterminé (au-delà duquel la diminution de la consommation dans la première mangeoire était perceptible) est de 2,3 V. Il s’agit d’une valeur moyenne, car une grande variabilité individuelle est constatée. La latéralisation (préférence marquée pour un côté), identifiée chez beaucoup d’animaux, l’expliquerait en partie.

Les bovins adaptent leur comportement pour réduire leur exposition aux faibles tensions

L’expérience est ensuite reproduite avec un abreuvoir, et un seuil comparable est identifié, cette fois à 1,8 V. Cette valeur sert alors de base à un second dispositif, mis en place pendant huit semaines sur des vaches laitières, dans des conditions normales de production. Un premier lot de bovins a accès à des abreuvoirs sous tension en permanence, tandis que les abreuvoirs d’un second lot sont soumis à une tension aléatoire, trente-six heures par semaine. Un troisième lot, témoin, n’est soumis à aucune tension. Pendant les premiers jours de l’expérience, une baisse de 4 % de la production laitière est mesurée dans le lot soumis à des tensions permanentes, et de 10 % dans le lot soumis aux tensions aléatoires. L’effet n’est cependant que transitoire pour les deux groupes, et aucune modification de la production laitière n’est observée à moyen terme.

Un plus grand nombre de visites à l’abreuvoir et une augmentation du rythme cardiaque sont également observés dans les deux lots, de manière temporaire également, ce qui tend à montrer que l’application de tensions parasites génère un stress qui ne perdure pas dans le temps. A huit semaines, une diminution du pourcentage de visites de l’abreuvoir avec lapement est constatée pour les deux lots, ce qui correspondrait à une adaptation comportementale (pour réduire le passage du courant). Une autre adaptation est observée dans le lot soumis aux tensions aléatoires : lors des abreuvements soumis à des tensions, les animaux augmentent leur temps passé à boire, réduisant ainsi l’intensité de la tension. Mais pour ce lot, à huit semaines, une hausse du cortisol dans le lait, une accélération du rythme cardiaque lors de la prise d’eau et une augmentation du nombre de visites avec flairage de l’abreuvoir sont toujours constatées, qui mettent en évidence la persistance d’un stress modéré.

La conductance de chaque animal, variable, détermine sa réponse au stress

Si les animaux ont adapté leur comportement et se sont habitués aux tensions permanentes, ce n’est pas le cas pour les tensions aléatoires. Ce type d’expérience démontre bien l’impact de l’imprévisibilité d’un facteur négatif sur le stress des animaux.

Au cours de cette étude, la résistance que les animaux offrent aux courants faibles (1,8 V) a également pu être mesurée par les techniciens du RTE. Les différences constatées, de 370 à 1 000 ohms, sont une cause supplémentaire de la grande variabilité individuelle observée dans les réponses comportementales. En cas de présence de tensions parasites en élevage, elle devra donc toujours être prise en compte.

  • (1) Doctorant : Karim Rigalma. Direction : Christine Duvaux-Ponter. enseignant-chercheur à AgroParistech, qui en a présenté les résultats lors de la séance thématique de l’Académie vétérinaire du 17 juin 2010.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/9/2010, pages 50 et 52.

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