Le statut propharmacien est-il indispensable au vétérinaire ? - La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010

Entre nous

FORUM

La vente du médicament ne m’est pas vitale

Jacques Coq, praticien canin à Léguevin (Haute-Garonne).

Mon activité est détachée de la vente du médicament, qui ne représente que 13 % de mon chiffre d’affaires. Travaillant seul en banlieue toulousaine, je ne suis certes pas représentatif de l’ensemble de mes confrères, mais j’ai calculé que si je perdais la délivrance des médicaments, il me suffirait d’augmenter de 10 % mes tarifs de consultation et de chirurgie pour conserver mes revenus. Selon mon estimation, je conserve bien entendu la facturation liée aux traitements injectables, dont les vaccins, et aux soins d’hospitalisation, ainsi que la vente de pet-food. Accompagnée d’une bonne communication, une telle augmentation ne poserait pas de problème, car les clients recherchent un relationnel, une proximité et une qualité de travail avant un coût.

Ainsi, personnellement, la perte de notre statut propharmacien ne me paraît pas insurmontable. Les officinaux sont des professionnels scientifiquement bien armés, qu’un complément de formation en santé animale suffirait à rendre plus compétents qu’aujourd’hui dans l’exécution des prescriptions vétérinaires. Et j’y gagnerais en temps. Entre l’information auprès des délégués, le suivi des contrats, la gestion des stocks, la délivrance au client, mais aussi les frais d’immobilisation, le médicament représente une charge de travail et un coût non négligeables.

Toutefois, je suis conscient des conséquences économiques désastreuses qu’aurait une telle évolution pour mes confrères ruraux. Le maillage territorial et la surveillance des épizooties en seraient affectés. En canine également, l’emploi des auxiliaires de certaines structures pourrait être menacé. La profession doit donc mettre en avant la nécessité pour notre pays d’assurer la pérennité du maillage sanitaire.

Il entre dans un système qui fonctionne bien

Etienne Leiseing, praticien mixte à Saint-Macaire-en-Mauges (Maine-et-Loire).

Ce statut est un fait, établi depuis toujours, et autour duquel la profession est organisée. Aujourd’hui, les médicaments représentent un revenu important pour le praticien, surtout en activité rurale. La prescription est souvent gratuite et la délivrance payante. Tout le système serait à reconstruire si le vétérinaire perdait ce statut.

Et vers quoi évoluer ? Le circuit actuel de distribution du médicament fonctionne plutôt bien. Il répond à la demande des éleveurs, en termes de proximité, mais aussi de qualité. En effet, le vétérinaire ne délivre qu’à ses clients et il peut profiter de la demande en médicament de l’éleveur pour aborder la maladie en cause (une mammite, par exemple) et rectifier si besoin la conduite à tenir. En pharmacie, le client ne rencontre pas le professionnel en pathologie animale qu’est le vétérinaire praticien.

Dans notre profession, délivrer le médicament n’a pas pour conséquence délétère de chercher à augmenter les prescriptions (en antibiotiques notamment). Nous travaillons effectivement dans un environnement où la concurrence est vive. Et en élevage, l’économie des exploitations est aussi un régulateur : nous ne pouvons pas vendre davantage que de besoin. Tout traitement est coûteux et doit montrer une efficacité sous peine d’être arrêté. Dans le cas de l’aliment médicamenteux, où prescription et délivrance sont séparées, les quantités d’antibiotiques utilisées restent importantes. L’organisation actuelle mérite d’être défendue. A nous de jouer le jeu, en respectant la réglementation.

La délivrance du médicament fait partie de notre métier

Augustin Becquey, praticien mixte à Chavanges (Aube).

Ce statut est indispensable pour nous, mais aussi pour les éleveurs. La délivrance est généralement accompagnée de conseils appropriés et personnalisés, parce que nous connaissons bien nos clients pour intervenir régulièrement dans leurs élevages, et pour avoir formé nombre d’entre eux lors de sessions organisées dans notre cabinet. Sur le plan du conseil, l’éleveur y perdrait.

Nous venons, avec mes associés, de nous engager dans le “Guide des bonnes pratiques du médicament vétérinaire”, non pour ajouter un autocollant sur notre porte, mais pour faire savoir que nous assurons la continuité des soins, que nous savons aussi délivrer le médicament vétérinaire en allant plus loin que le simple respect des obligations réglementaires.

Ce statut nous est indispensable parce qu’il concourt à l’équilibre économique de nos entreprises et contribue à maintenir un réseau vétérinaire de proximité, efficace et réactif. Les éleveurs y sont sensibles. Ils apprécient également que leur vétérinaire, dans la continuité de ses interventions et de ses prescriptions, puisse leur délivrer les médicaments.

Je ne vois pas non plus comment la consommation de médicaments diminuerait. En médecine humaine, après avoir baissé, la consommation d’antibiotiques est repartie à la hausse depuis 2008, malgré des campagnes de communication comme nous n’en connaîtrons jamais ! Dans certains pays, la séparation de la prescription et de la délivrance n’a pas sécurisé davantage l’utilisation du médicament vétérinaire. Au final, cette perte de statut risquerait de se traduire par une moins-value en termes de sécurisation de l’utilisation du médicament en élevage, et une augmentation des coûts pour l’éleveur.

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