Un traitement antiparasitaire tardif et/ou mal appliqué peut expliquer les rechutes de gale - La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010

Parasitologie

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

Tondre la ligne du dos pour appliquer le traitement endectocide dès l’entrée des vaches à l’étable permet d’optimiser son efficacité.

En décembre, trois semaines après la rentrée à l’étable, un troupeau d’une quarantaine de montbéliardes est traité à l’aide d’éprinomectine. Ce traitement a été choisi parce que les vaches présentent des démangeaisons et des lésions croûteuses à la base de la queue, laissant suspecter une gale, bien qu’aucun examen complémentaire n’ait été entrepris pour le confirmer. Le bâtiment est une stabulation à logettes avec un couloir central, bien ventilé, mais assez sombre.

Quelques semaines plus tard, les vaches recommencent à se gratter. L’examen clinique ne révèle aucun problème particulier, sinon des lésions cutanées, réapparues progressivement. Sont observés des traces de léchage sur tout le corps ou des dépilations à la base de la queue, aux ischions et à l’encolure, ou encore un poil lisse et brillant, mais peu fourni et parsemé de fines squames (voir photos 1 et 2).

Aucun pou n’est décelé, et les raclages effectués sur deux vaches ne permettent pas de visualiser d’acarien. Bien que la recherche de l’agent soit restée infructueuse, l’hypothèse d’une rechute de gale est avancée. L’éleveur ne souhaite pas traiter ses animaux, car « cela passera bien tout seul ». Les lésions régressent quelques semaines après la mise à l’herbe.

En décembre toujours, deux semaines après la rentrée à l’étable, une vingtaine de bovins d’un autre troupeau mixte (montbéliards et charolais) sont traités, comme chaque année, par de la moxidectine en pour-on. Quelques traces de léchage sont relevées à ce moment-là. Le bâtiment est traditionnel, et seules les charolaises et leurs veaux ont un accès libre au pré. Quelques semaines plus tard, de fortes démangeaisons affectent les vaches, et de discrètes lésions de léchage, avec des zones de dépilation, apparaissent sur certains animaux (voir photo 3). Seule une génisse à l’engraissement présente des lésions croûteuses à la base de la queue (voir photo 4). Aucun pou n’est mis en évidence, mais un raclage cutané réalisé en périphérie des lésions de la génisse montre la présence d’acariens du genre Psoroptes.

Les animaux sont traités avec de la deltaméthrine en aspersion, deux fois à dix jours d’intervalle. Une semaine après le premier traitement, les lésions sont sèches et les démangeaisons ont cessé.

Un parallèle est réalisé entre les deux élevages

Didier Pin, enseignant à VetAgro Sup, rappelle l’importance d’une démarche diagnostique rigoureuse en dermatologie. En effet, « si les affections cutanées sont facilement observables et si toutes les lésions peuvent faire l’objet d’un prélèvement, la sémiologie est peu spécifique et les causes sont nombreuses. De plus, une même maladie peut provoquer plusieurs lésions différentes au cours de son évolution. En outre, l’animal, en se grattant, transforme encore ses lésions », explique-t-il.

Un parallèle peut être réalisé entre ces deux cas cliniques. Au niveau des commémoratifs, les conditions d’élevage sont bonnes dans les deux cas et un traitement est administré quelques semaines après l’entrée à l’étable. Aucun bovin n’a été nouvellement introduit. Pour l’anamnèse, tous les animaux des deux troupeaux sont atteints, quel que soit l’âge et sans prédisposition de race. Les lésions réapparaissent quelques semaines après le traitement, alors que plusieurs sont déjà observées à ce moment-là, sans recherche causale spécifique. Le prurit, important, apparaît avant les lésions ou en même temps, et non après. Cela implique que la dermatose qui atteint ces deux troupeaux est initialement prurigineuse.

L’examen clinique révèle un bon état général et aucun autre symptôme.

Déterminer si le prurit est initial ou secondaire restreint les hypothèses

Le prurit initial isolé, ainsi que le caractère contagieux de l’affection sont en faveur, parmi les hypothèses diagnostiques envisagées, d’une parasitose cutanée. La démodécie, non contagieuse, peut être écartée. En revanche, une gale psoroptique ou chorioptique, voire une phtiriose, sont suspectées. Toutefois, une pyodermite à staphylocoque, dont l’aspect est pseudo-contagieux, une dermatophilose, une teigne, mais aussi une hypersensibilité (mouches, urticaire chronique ou réaction médicamenteuse) sont retenues.

Parmi les examens complémentaires réalisables en dermatologie (raclage cutané, examen direct des poils, cytologie du pus, biopsie pour examen histologique), l’examen le plus simple, le raclage cutané, permet de mettre en évidence une gale psoroptique. Contrairement à Sarcoptes, qui creuse des tunnels dans la peau, Psoroptes et Chorioptes vivent sur la peau, parmi les squames. C’est pourquoi un simple raclage en périphérie des lésions, emportant la totalité des squames, permet de récolter des parasites. Psoroptes provoque des desquamations sur tout le corps, alors que Chorioptes génère des lésions surout localisées aux extrémités des membres. Si, dans le premier cas, aucun examen complémentaire n’est fructueux, dans le second le diagnostic de gale psoroptique peut être établi. Le propriétaire est informé et le traitement à mettre en œuvre est discuté avec lui.

Un acaricide topique ou systémique est approprié ici, car Psoroptes pique (au contraire de Chorioptes qui se nourrit de squames et n’est pas affecté par les traitements systémiques). Le traitement est à renouveler deux à trois fois à quinze jours d’intervalle, car il n’est pas ovicide. Tous les animaux doivent être traités au même moment.

Un suivi rigoureux est entrepris afin de prévenir les récidives. Un traitement endectocide pour-on sera administré à la rentrée à l’étable, l’année suivante, avec des consignes strictes. En effet, « l’application d’un traitement à l’entrée à l’étable ne signifie pas qu’il n’y a plus de parasites, si le traitement est trop tardif, inapproprié ou mal administré », rappelle Didier Pin. « La paille sur le dos des animaux, un poil épais ou la transpiration peuvent limiter l’effet d’un pour-on. Il est donc conseillé de tondre la ligne du dos avant d’appliquer le traitement, pour en optimiser l’efficacité, dès l’entrée à l’étable », conseille Jacques Devos.

CONFÉRENCIERS

Jacques Devos, praticien à Panissières (Loire).

Didier Pin, enseignant à VetAgro Sup.

Article rédigé d’après le cas clinique « Rechute de gale chez les bovins » présenté lors de la 3e journée “cas cliniques en pratique rurale”, organisée par les GTV Rhône-Alpes, Auvergne et Bourgogne, VetAgro Sup et Merial à Lyon, le 29 avril 2010.

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