Les lésions exfoliatives primitives sont rares chez le chat - La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010

Dermatologie féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Elles sont décrites lors de thymome, plus rarement lors de lymphome épithéliotrope, de nécrose épidermique, etc.

L’étiologie des dermatites exfoliatives chez le chat est souvent présentée, dans la littérature, sous forme de liste exhaustive qui n’inclut pas exclusivement des lésions primitivement exfoliatives. Notre confrère Jacques Fontaine, de l’université de Liège, s’attache à ne présenter que les dermatites dont le caractère exfoliatif est dominant. Finalement, ces larges squames ne sont retrouvées que dans quelques maladies : le thymome, le lymphome épithéliotrope (mycosis fongoïde), les nécroses épidermiques et, accessoirement, le pemphigus foliacé et les dermatophytoses.

Parmi ces affections, seule la dermatite associée au thymome peut être qualifiée d’exfoliative. En effet, le caractère exfoliatif est retrouvé dans certaines formes de lymphome épithéliotrope, souvent associé toutefois à des formes nodulaires, des érosions ou des ulcérations.

Les lésions de nécrose épidermique sont souvent profondes, associées à des érosions, des ulcères et des croûtes qui vont jusqu’à la disparition plus ou moins complète de l’épiderme.

Le caractère exfoliatif du pemphigus foliacé est considéré comme annexe : l’aspect croûteux est dominant chez le chat.

Enfin, en cas de dermatophytose, le caractère exfoliatif est associé à la généralisation de la maladie. Celle-là est, en revanche, dominée par des lésions de destruction folliculaire, donc d’alopécie, qui ont tendance à être focales, voire à s’étendre de proche en proche.

La dermatite exfoliative associée au thymome domine chez le chat

La dermatite exfoliative associée au thymome est un syndrome paranéoplasique. Elle est sans doute la conséquence d’un processus auto-immun à médiation cellulaire : des lymphocytes T immatures autoréactifs seraient responsables d’une attaque dirigée contre les kératinocytes.

L’affection touche des chats d’âge moyen à senior. Le prurit est inexistant, sauf en cas de surinfection, notamment fongique. Le caractère squameux débute en général au niveau de la tête, du cou et des oreilles, et s’accompagne fréquemment d’exsudations marron au niveau des jonctions unguéales et d’accumulation de débris susceptibles d’être colonisés par des Malassezia. Les lésions sont de type érythémateux, squameux et alopéciant. Les larges squames peuvent être enlevées avec les poils, laissant en dessous un épiderme plus ou moins intact. Cette dermatite s’étend finalement à tout le corps et se manifeste par des alopécies et des croûtes.

Les symptômes généraux font leur apparition plus tardivement, après quelques semaines et jusqu’à plusieurs mois. Le chat est alors présenté pour un syndrome de longue durée avec de l’abattement, une polyuro-polydipsie, parfois de l’anorexie, de l’apathie, de la toux, voire une dyspnée.

Parmi les éléments du diagnostic histopathologique, il convient de retenir le caractère exfoliatif (accumulation du stratum corneum), la dégénérescence hydropique avec migration lymphocytaire au sein de l’épiderme associée, selon les cas, à une réaction inflammatoire soit pauvre, soit riche (probablement en relation avec le stade évolutif de la maladie), et de l’apoptose kératinocytaire.

Le diagnostic définitif est établi via la mise en évidence d’une masse médiastinale à la radiographie. Cependant, étant donné le temps de latence entre l’apparition des signes cutanés et celle des signes généraux, le thymome peut passer inaperçu. C’est probablement la raison pour laquelle un certain nombre de cas de dermatite exfoliative ont pu être imputés, à tort, à des réactions allergiques consécutives à des traitements antibiotiques, antimycosiques ou antipuces… Un diagnostic différentiel est à effectuer avec le lymphome et, éventuellement, des lésions de type nécrolytique.

Ces tumeurs du thymus sont le plus souvent bénignes. L’exérèse du thymome, complétée par celle des nœuds lymphatiques sternaux, permet la guérison des signes cutanés en quelques mois (quatre à cinq en moyenne) avec une médiane de survie supérieure à deux ans. Cependant, le pronostic demeure réservé.

Des exfoliations peuvent être présentes en cas de lymphome épithéliotrope

Le lymphome épithéliotrope est une affection néoplasique caractérisée par une infiltration de lymphocytes T tumoraux qui ont un tropisme particulier pour l’épiderme et ses structures annexes. Il est extrêmement rare chez le chat. L’infiltration, chez cette espèce, est plutôt de type CD4+/CD8-. Chez l’homme, il s’agit de tumeurs qui évoluent lentement, avec une espérance de vie de 100 % à dix ans dans certains cas de mycosis fongoïde. Chez le chat, le pronostic est nettement moins favorable (mais serait moins mauvais que chez le chien) avec une espérance de vie de deux ans, voire davantage.

La maladie survient chez des animaux âgés. Le prurit est généralement absent, mais est parfois observé. L’expression clinique est variable. Les lésions les plus évocatrices sont l’érythème, des squames et des macules (plaques érythémateuses). Sont également décrits une alopécie avec des squames-croûtes denses, des nodules ou des plaques multiples ou solitaires, des lésions ulcérées. La généralisation aux nœuds lymphatiques locaux et régionaux est fréquente et l’évolution vers la maladie systémique aussi. Le rapport avec le virus leucémogène félin, antérieurement décrit, ne semble pas établi.

De nombreux traitements sont proposés dans la littérature, mais aucun n’apporte une satisfaction thérapeutique complète. Le plus intéressant peut-être, parce qu’il permet une stabilisation clinique, est l’utilisation de la lomustine.

CONFÉRENCIER

Jacques Fontaine, diplomate ECVD, université de Liège.

Article rédigé d’après la conférence « Dermatite exfoliative chez le chat », présentée lors du congrès de la Fecava 2009, à Lille.

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