Les éleveurs sont-ils suffisamment informés sur les épizooties et/ou les zoonoses majeures ? - La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010

Entre nous

FORUM

Ils sont plus sensibilisés aux épizooties qu’aux zoonoses

Pierre Autef, praticien à Bellac (Haute-Vienne).

Vis-à-vis des épizooties, comme récemment la FCO, auparavant les ESST ou la fièvre aphteuse, les éleveurs sont spontanément demandeurs d’informations, car ces événements sont médiatisés et représentent une menace directe pour leur cheptel. A notre niveau, nous essayons de les informer par une lettre mensuelle (conseils, alertes, constatations de terrain, recommandations, etc.) que nous mettons également en ligne. Quand le besoin s’en fait sentir, nous organisons des réunions en soirée. Cette démarche, qui consiste à prendre les devants, permet de désamorcer en partie une montée en puissance de fausses informations, rumeurs, fantasmes qui accompagnent habituellement ce type d’événement.

Vis-à-vis des zoonoses majeures, en revanche, le message est plus difficile à transmettre. Pour la filière ovine, par exemple, les principales zoonoses sont la fièvre Q, la toxoplasmose, éventuellement l’ecthyma contagieux. Nous insistons sur les précautions à prendre lors d’avortements (emploi de gants à usage unique, hygiène rigoureuse, interdiction de la bergerie aux femmes enceintes, etc.). Ces messages sont bien perçus, mais peuvent être oubliés trop vite avec le stress suscité par des avortements répétés.

Des formations du type “éleveur infirmier de son élevage” pourraient véhiculer, de façon efficace, ces messages de précaution dans un contexte plus serein.

Dégager pour eux les messages essentiels

Benoît Gouvars, service sanitaire de l’UPGVB à Rennes (Ille-et-Vilaine).

Les éleveurs sont de mieux en mieux formés et informés sur les bonnes pratiques d’hygiène et de biosécurité. De même, les « critères d’alerte déclenchant l’appel du vétérinaire », détaillés dans le protocole de soins de l’élevage, sont pour eux de bons indicateurs de vigilance. Il me semble néanmoins essentiel de coupler ces informations générales à celles, plus spécifiques, sur les épizooties et zoonoses d’importance. En cas de foyer, c’est l’éleveur qui alertera son vétérinaire et c’est donc lui qu’il faut sensibiliser en premier. S’agissant souvent de maladies rares ou absentes du territoire, il me paraît important que cette sensibilisation soit à la fois simple et fréquemment répétée. Les éleveurs sont confrontés à des quantités importantes d’informations techniques ou administratives et l’enjeu est de bien leur dégager les messages essentiels. Au sein de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), nous proposons, à destination des organisations de producteurs adhérentes et des vétérinaires partenaires, différents outils de sensibilisation des éleveurs : plaquettes sur la maladie d’Aujeszky (en collaboration avec la DGAL), la biosécurité, la grippe chez le porc, etc. Afin de structurer et coordonner les actions sanitaires, nous assurons également l’animation de l’Organisme à vocation sanitaire “porc Bretagne”, qui mettra bientôt en ligne les signaux d’alerte et la conduite à tenir en élevage pour chacune des maladies réputées contagieuses.

Les vétérinaires : les premiers vecteurs d’information

Etienne Zundel, chercheur à l’Inra Tours (Indre-et-Loire).

L’UMR BioEpAR(1) a mené deux enquêtes(2) « Attentes et besoins en matière de gestion sanitaire des bovins » auprès d’un groupe d’éleveurs et d’un groupe d’autres acteurs de la santé animale, vétérinaires principalement. Les résultats sont mitigés. Les éleveurs sondés se montrent bien informés sur la FCO, d’actualité, ou sur l’ESB, encore dans les mémoires, mais leurs notions deviennent évanescentes pour la fièvre aphteuse, la brucellose ou la tuberculose. Globalement, ils s’en remettent aux pouvoirs publics pour l’évaluation et la gestion des maladies réglementées “classiques”. Le besoin d’améliorer la formation et l’information des éleveurs est mis en avant par les autres acteurs, qui soulignent aussi leur propre manque d’information scientifique et technique. L’étude note un manque de communication entre les deux groupes, alors que, d’après des travaux étrangers, les vétérinaires sont les premiers vecteurs d’information des éleveurs.

Le transfert des connaissances peut être insuffisant, et les connaissances elles-mêmes faire défaut. Le “paquet hygiène” et sa responsabilisation de chaque acteur de la chaîne alimentaire devraient contribuer à sensibiliser les producteurs aux agents pathogènes transmissibles par l’aliment, comme c’est déjà le cas dans les filières au lait cru. Au final, force est de constater que l’éleveur est à la fois entrepreneur, gestionnaire, agriculteur, animalier, etc. Il est difficile de lui demander en plus d’être vétérinaire…

  • (1) Unité mixte de recherche Inra-Oniris “bioagression, épidémiologie et analyse de risque”, Oniris, site de la Chantrerie, route de Gachet, BP 40706 – 44307 Nantes cedex 03.

  • (2) En collaboration avec le département santé animale de l’Institut national de la recherche agronomique. IASP 213 – 37380 Nouzilly.

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