Une panthère des neiges est opérée d’une sténose pulmonaire

Un premier cas de sténose valvulaire pulmonaire chez une panthère des neiges, traitée avec succès par angioplastie percutanée, est décrit. L’animal, une femelle de trois ans née en captivité à la ménagerie du Jardin des Plantes, présentait une apathie chronique et un appétit capricieux. Les examens effectués ont mis en évidence un fort souffle basal gauche de 4 sur 6 et un souffle systolique apexien gauche de 4 sur 6. Les autres examens complémentaires (numération globulaire et formule leucocytaire, radiographies, échographie abdominale, laparoscopie) ont infirmé toute autre affection.

L’animal est transféré à l’unité de cardiologie de l’école d’Alfort pour une exploration cardiaque. Les examens écho-doppler et doppler tissulaire mettent en évidence une sténose pulmonaire valvulaire de gradient élevé (98 mmHg au doppler pulmonaire), avec une hypertrophie marquée du ventricule droit et une dysfonction diastolique associées.

Un cathéter à ballonnet est conduit jusqu’au site sténotique

Le diamètre de la sténose est de 5 mm (norme à 16 mm pour un chat domestique de grande taille). Comme elle est uniquement valvulaire, un traitement avec dilatation par ballonnet est proposé. Cette intervention est réalisée trois jours après l’établissement du diagnostic, à l’institut mutualiste Montsouris par nos confrères Nicolas Borenstein et Luc Behr. La dilatation par ballonnet est une technique de cardiologie interventionnelle dite percutanée ou “transcathéter”. Il s’agit du traitement de référence de la sténose pulmonaire valvulaire chez l’homme et le chien. Chez le chat, la technique a montré également de bons résultats, mais les études restent limitées.

Après les phases préopératoires et la stabilisation du stade anesthésique, un cathéter diagnostique est introduit dans la veine jugulaire, avancé dans l’oreillette droite, puis dans le ventricule droit. Une ventriculographie, par l’injection haute pression de produit de contraste, permet de cartographier la lésion. L’ensemble de la procédure est réalisée sous amplificateur de brillance. Un cathéter à ballonnet est ensuite conduit jusqu’au site sténotique. Ce dernier est gonflé deux fois de suite, pendant cinq secondes, à l’aide d’une seringue remplie d’un mélange équivolumique de sérum physiologique et de liquide de contraste (pour visualiser son remplissage).

L’opération se passe bien. Quarante-huit heures après la dilatation de la sténose, la panthère montre déjà un comportement plus actif. Deux mois après l’intervention, l’écho-doppler affiche une sténose pulmonaire de gradient nettement amélioré (30 versus 98 mmHg), une atténuation du souffle (2 sur 6 versus 4 sur 6) et une amélioration de la fonction systolique en doppler tissulaire. Le diamètre de la sténose est passé de 5 à 10,1 mm.

Une systématisation des examens cardiaques chez les félidés captifs est souhaitable

Si les sténoses pulmonaires congénitales sont communes chez le chien, elles sont plutôt rares chez le chat, a fortiori dans les parcs zoologiques. Ce cas représente une première description chez un félin sauvage. Etant donné que cette affection possède une composante génétique (du moins est-elle objectivée chez certaines races de chiens), il serait justifié d’explorer sa prévalence au sein de la population captive des panthères des neiges. D’une façon générale, les affections cardiaques chez les félins sauvages en captivité semblent sous-diagnostiquées. Les examens cardiaques poussés devraient représenter un standard de la médecine des félidés captifs.