Denis Veillith (L 91) a développé une activité de rééducation pour l’animal de compagnie

Ce matin, le premier animal qu’accueille notre confrère Denis Veillith est Socrate, un berger allemand de dix ans, référé pour un problème de proprioception des postérieurs. Après cinq séances d’hydrothérapie de quinze minutes, il rejoue à la balle et court. L’objectif fixé lors du bilan initial est atteint.

D’autres chiens suivront toute la journée. Pour chacun, un protocole de rééducation adapté a été établi lors du bilan initial, qui permet de déterminer le ou les problèmes de l’animal, de choisir la démarche de rééducation appropriée et sa durée, et d’estimer les progrès attendus (voir encadré). Le protocole établi comprend aussi les exercices à réaliser à domicile par les propriétaires, et peut évoluer si besoin.

Un examen ostéopathique est toujours réalisé, par la recherche d’un mouvement respiratoire primaire (MRP), mouvement rythmique lié à la circulation du liquide céphalorachidien dans l’ensemble du corps, et une manipulation si besoin. L’absence de MRP au niveau d’une articulation signale l’existence d’une lésion. Une manipulation permet alors de libérer la contracture des tendons et des muscles à l’origine de la douleur. Les indications les plus courantes de l’ostéopathie sont les troubles locomoteurs aigus et chroniques.

Un protocole adapté à l’animal et à la demande du propriétaire

Si l’hydrothérapie est indiquée, le nombre de séances est fixé (cinq à dix). Une première séance gratuite permet de juger l’animal en bassin, pour voir s’il supporte d’être plongé dans l’eau à 29 °C, et de marcher sur le tapis sans angoisse. Avant chaque séance, un examen cardiaque permet de s’assurer que le chien peut supporter un effort soutenu dans l’eau, durant vingt minutes au maximum. « La durée du travail aquatique équivaut à trois fois un travail à l’air libre. Par exemple, quinze minutes en bassin correspondent à trois quarts d’heure de promenade. » Durant une phase critique, après quatre à sept minutes de travail environ, le chien, qui commence à être fatigué, peut refuser l’exercice ou sautiller, « mais il ne faut pas s’arrêter à l’impression qu’il ne peut pas aller plus loin. L’exercice doit se poursuivre jusqu’au bout, sauf si l’animal est réellement fatigué (bave, halètement) ou qu’il a un problème cardiaque. » Après avoir été séché (avec des serviettes absorbantes plutôt qu’un appareil de séchage qui chauffe l’animal après l’effort), le chien repart habillé d’une couverture polaire s’il fait froid.

La rééducation peut parfois être longue, ou encore éviter l’aggravation, mais ne pas permettre d’amélioration. Les propriétaires doivent donc être informés et motivés pour s’engager dans cette démarche.

Denis Veillith distingue d’ailleurs plusieurs types de propriétaires demandeurs. Un sportif souhaite souvent que son animal reste au meilleur de ses performances, ou qu’il soit pris en charge pour une rééducation après une opération, comme il le serait lui-même en cas de blessure. Une autre personne, très attachée à son chien, peut refuser de le voir vieillir ou continuer à boiter après une intervention lourde, et sera prête à tout pour qu’il récupère ou ne décline pas. En revanche, l’hydrothérapie ou l’ostéopathie pour le confort pur et simple de l’animal n’est pas encore passée dans les mœurs.

Une activité à développer en médecine vétérinaire

Pour notre confrère, diplômé de l’Institut des médecines énergétiques vétérinaires (Imev) en ostéopathie (aujourd’hui l’Institut des médecines alternatives et ostéopathie vétérinaire, Imaov, et formé en hydrothérapie au Honeysuckle Veterinary Surgery (Royaume-Uni), la rééducation fonctionnelle doit être complète. L’hydrothérapie ne peut se concevoir hors d’un contexte médical, chez l’animal pas plus que chez l’homme, dès lorsqu’il ne s’agit pas d’un simple confort comme une cure de thalassothérapie. « Cette pratique doit s’intégrer dans le cadre d’une médecine du sport, qui est à développer en activité “animaux de compagnie”, car aujourd’hui seules existent des unités intégrées au sein des écoles vétérinaires. Les praticiens libéraux doivent réfléchir à cette opportunité de développement de nouveaux services pour leur clientèle et ne pas laisser des non-vétérinaires s’engouffrer dans le vide sidéral que nous laisserions », analyse Denis Veillith.

Si certains souhaitent se lancer dans l’aventure, il conseille de réaliser un prévisionnel pointu pour l’hydrothérapie (achat de la machine, coût de fonctionnement, électricité, heures du vétérinaire, coût de l’entretien par un auxiliaire, etc.). Pour sa part, il investira bientôt dans d’autres matériels pour élargir encore son activité.