Le tempérament d’un cheval peut être analysé par des tests standardisés - La Semaine Vétérinaire n° 1419 du 01/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1419 du 01/10/2010

Bourg-en-Bresse. 3e édition d’Ain Formation Cheval

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Plusieurs facteurs l’influencent : l’hérédité de l’animal, son histoire. Il n’est, en outre, pas figé dans le temps.

Cette année était la troisième édition de la journée d’Ain Formation Cheval, organisée à Bourg-en-Bresse (Ain) sous l’impulsion de notre confrère Marc Hasdenteufel. Le succès de cette nouvelle session ne s’est pas démenti. Son objectif est de promouvoir la communication auprès des professionnels, en l’occurrence les vétérinaires, les éleveurs de chevaux et les cavaliers, et cette année un journal d’information a même été édité. Cette formation se déroule dans le cadre des festivités d’Equid’Ain, qui propose une multitude d’animations originales et ludiques autour du cheval.

Cette année, après le premier jour dédié aux exposés théoriques et aux tables rondes d’experts, les conférenciers ont poursuivi la formation le lendemain par une matinée de mise en pratique, dans le Parc du cheval Rhône-Alpes, à Chazey. En outre, une conférence a étendu cette mise en application jusqu’au développement managérial, avec le coach Jocelyne Lemarchand. Selon elle, le cheval est un révélateur de nos émotions et de notre façon de communiquer, une approche utile pour le management d’une équipe.

Du comportement normal aux troubles en passant par l’équitation éthologique, les thèmes abordés par plusieurs experts étaient riches d’enseignements.

Le cheval de loisirs aussi passe le BAC !

« Quand on sait que 27 % des accidents avec les chevaux sont dus à un comportement de peur, il n’est pas possible de négliger cet aspect », a souligné Léa Lansade, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra de Nouzilly).

« Globalement, la notion de tempérament correspond à la réactivité émotionnelle propre à l’individu », a expliqué Jean-Luc Cadoré, professeur à VetAgro Sup (Lyon). Le respect de l’expression libre de ce comportement fait d’ailleurs partie des cinq recommandations pour le bien-être des équidés.

L’approche est aujourd’hui de plus en plus affinée. « Le but de nos études est d’identifier le tempérament des chevaux afin de les sélectionner pour leurs cavaliers », a expliqué Léa Lansade. Parmi les différents aspects quantifiables, il y a la peur, la grégarité, la sensibilité, la réactivité vis-à-vis de l’homme, l’activité. Léa Lansade a retenu différents tests de tempérament.

En outre, d’autres facteurs peuvent influer sur le tempérament : la génétique, le sexe, le vécu. S’il est donc possible désormais de mesurer objectivement le tempérament d’un cheval, cela n’est pas figé, car le mode de vie, le dressage, etc., auront aussi leur influence.

En pratique, l’animal passe un bilan des acquis et des comportements (BAC). Il s’agit d’une série de tests standardisés qui permettent, à un moment donné, d’évaluer un cheval destiné à une activité de loisirs.

Adopter une approche globale de chaque cheval

« Les comportements, même s’ils se perfectionnent durant toute la vie, s’élaborent dès le jeune âge », a précisé Vincent Boureau, responsable de la commission “comportement” de l’Association vétérinaire équine française (Avef). Il existe des phases clés depuis la naissance : « Chaque comportement a sa période préférentielle d’acquisition. » Si l’étape est mal conduite, cela peut avoir des conséquences définitives sur les comportements ultérieurs de l’adulte. Notre confrère a insisté, par exemple, sur les points à éviter : séparer le foal et la mère surtout avant l’âge de quinze jours, laisser le poulain dans un milieu hypostimulant, des contacts précoces aversifs avec l’homme, une absence de contacts intraspécifiques, un sevrage par isolement.

« Chez le cheval, la susceptibilité émotionnelle est importante et dominera les troubles comportementaux », a affirmé Patrick Pageat (Phérosynthèse). Notre confrère a souligné l’intérêt d’effectuer un examen clinique complet lors de l’approche d’un cheval, pour mettre en évidence d’éventuelles affections organiques causales. Ensuite, il convient de ne jamais oublier les éléments aggravants tels que les troubles endocriniens, l’incompétence du cavalier (main dure, en rênement mal adapté, mauvaise utilisation des punitions), etc.

L’enrichissement du milieu est bénéfique au bien-être

Le mode de vie actuel des équidés est fort éloigné des conditions naturelles. Ainsi, Léa Lansade a étudié la mise en place d’un programme d’enrichissement du milieu (voir encadré) pour augmenter le bien-être des chevaux(1). Cette expérience a comparé deux lots de chevaux : tous les paramètres comportementaux observés montrent que l’enrichissement joue un rôle majeur.

Après une journée passée à aborder les troubles comportementaux, l’équitation éthologique a apporté son approche complémentaire. « Il n’ya pas de mauvais chevaux, ce n’est que de l’incompréhension, a conclu André Audinot, instructeur La Cense (Romans, Ain). Il est possible de rééduquer presque tous les individus avec du temps et de la patience. » Patience, compréhension et calme sont ainsi les maîtres mots.

  • (1) Expérience Inra-IFCE printemps 2010.

Essais d’enrichissement du milieu

• Augmenter le temps de recherche de nourriture : la paille est à privilégier, car le cheval s’occupe en mangeant au cours de la journée et en triant les brins.

• Privilégier les fourrages par rapport aux granulés : répartir plusieurs filets de foin dans le box avec divers types de fourrage si possible.

• Aromatiser les granulés, les cacher dans le foin, sous un couvercle, etc., pour augmenter le temps dédié à l’alimentation.

• Accroître les stimulations sensorielles : ajouter différents objets dans le box (brosse, etc.) et les changer régulièrement.

• Enrichissement social : autoriser les contacts avec les congénères, le cheval doit vivre avec d’autres animaux et pouvoir interagir avec eux.

• Enrichissement cognitif : cacher la nourriture, par exemple.

M. N.
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