La mycose des poches gutturales exige parfois de ligaturer en urgence l’artère carotide

Les mycoses des poches gutturales sont souvent provoquées par un Aspergillus et se développent sur la paroi d’une ou des deux poches. Elles entraînent une inflammation et une surinfection de la poche, associées à une atteinte des structures importantes qui sont à proximité (artère carotide interne et risque d’hémorragie ^{voir photo ci-contre}, nerf glosso-pharyngien et nerf vague) avec un risque de paralysie laryngée. Les signes d’appel de l’hémorragie sont rares, sauf éventuellement un jetage mucopurulent quelques jours auparavant.

Lors d’hémorragie nasale importante, la mycose des poches gutturales fait partie du diagnostic différentiel. Dans le cas d’un saignement artériel, le sang est rouge vif, le volume perdu est important, l’hémorragie est brutale et soudaine. Seul l’examen endoscopique peut préciser le diagnostic, mais il ne peut être réalisé que lorsque l’hémorragie est interrompue…

En présence d’une hémorragie nasale importante dont l’origine potentielle est une poche gutturale, il convient de mettre le cheval au calme dans son box, de l’attacher entre deux longes pour maintenir la tête en position horizontale. Il est également possible d’essayer de refroidir la poche avec de la glace. La sédation est contre-indiquée en raison de la chute de la pression artérielle induite qui pourrait provoquer un collapsus cardiaque.

Deux cas de figure possibles selon l’arrêt ou non du saignement

Deux situations peuvent se présenter alors au praticien : soit le cheval continue de saigner, soit l’hémorragie est stoppée. Dans le premier cas, il convient d’intervenir rapidement et de suturer l’artère carotide commune suspecte (droite ou gauche). Si l’hémorragie ne s’arrête pas, l’autre carotide est ligaturée à son tour.

Quand l’hémorragie est stoppée spontanément ou après l’intervention chirurgicale, il convient d’effectuer un examen complet du cheval, en particulier de rechercher un état de choc et de vérifier s’il respire correctement.

En phase postopératoire, le cheval est impérativement placé dans un box, au calme, et des soins locaux sont assurés (gestion de la mèche iodoformée et pansements). Il reçoit une antibiothérapie à large spectre, mais qui ne présente pas de risque de choc. Cela limite le risque d’infections du site chirurgical et traite celles qui sont souvent associées aux mycoses.

Il convient d’associer un traitement médical à la ligature de l’artère carotide commune. Ce traitement, à base d’enilconazole, se réalise par voie endoscopique avec une solution contenant 5 ml d’Imavéral® pour 12 ml d’eau. Il est répété régulièrement tous les quinze jours jusqu’à la résolution de la mycose.

Il existe deux complications majeures à cette technique : une lésion du nerf vague pendant l’intervention et la récidive de l’hémorragie en raison de l’existence d’une circulation sanguine complémentaire (le cercle de Willis) qui permet d’irriguer l’artère carotide interne à contre-courant. Une technique chirurgicale plus sophistiquée permet d’isoler la zone lésée par la pose de coils sous un contrôle radioscopique.

Ainsi, la ligature de la carotide commune est une procédure chirurgicale simple qui peut être effectuée immédiatement au chevet de l’animal en cas d’hémorragie sévère. Il convient toutefois de la réaliser sans précipitation et dans des conditions d’asepsie acceptables. Néanmoins, les complications nerveuses ou les récidives peuvent parfois entraîner la mort du cheval.

• Source : Francis Desbrosse.