La chirurgie ophtalmologique est un travail d’orfèvre - La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010

Equine. EPU d’ophtalmologie à Maisons-Alfort

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Ne tombez pas dans le biais des préjugés, compte tenu des différents stades évolutifs des sarcoïdes, pensez à un dépistage précoce. Ce n’est pas parce vous observez un nodule ulcéré qu’il s’agit forcément d’une tumeur. » Telle est l’une des mises en garde de notre confrère Jean-Luc Cadoré, professeur à VetAgro Sup, concernant les tumeurs palpébrales des équidés, un des multiples sujets complexes de l’ophtalmologie. Il s’exprimait dans le cadre de l’enseignement postuniversitaire organisé par notre consœur Sabine Chahory, enseignante à l’école d’Alfort, sur le thème de GF> la chirurgie oculaire : paupières et globe oculaire », le 17 septembre dernier, avec la participation de l’Association vétérinaire équine française (Avef).

Cet EPU d’ophtalmologie est le troisième organisé à l’ENVA. Les deux premiers avaient attiré une majorité de praticiens mixtes autour du thème des traitements médicaux. L’édition 2010 a majoritairement intéressé des confrères équins. Le nombre de places de ces EPU est toujours limité à une vingtaine de participants afin de permettre le bon déroulement des travaux pratiques l’après-midi (voir photos ci-contre). Des confrères de renom ont ainsi abordé les différentes facettes de la chirurgie de l’œil, confrontant leur expérience à celle des praticiens dans un échange interactif.

Préserver au maximum les structures fonctionnelles

Tout acte chirurgical au niveau de l’œil mérite de bien connaître l’anatomie et le rôle fonctionnel de chaque élément. Alain Régnier, professeur à l’école de Toulouse, a ainsi rappelé les indications de l’exérèse de la membrane nictitante et ses rôles de protection du globe oculaire, dans la sécrétion lacrymale et l’étalement du film lacrymal, mais aussi au niveau de la défense de la surface oculaire (IgM et IgA locaux).

La chirurgie palpébrale est également spécifique : « Les paupières incluent la peau, les muscles, les glandes, la conjonctive », a souligné Franck Ollivier (clinique Advetia, Paris). Autant de structures à préserver en raison de leur rôle fonctionnel. Lors de plaie palpébrale, il convient donc « d’essayer de sauvegarder et de conserver le bord palpébral. Ne jamais couper les pédicules et débrider a minima. Il faut commencer par aligner et suturer le bord palpébral, avec un point en 8. Il est généralement conseillé de réaliser deux plans : un plan profond et un plan cutané », a précisé Franck Ollivier. De même, l’exérèse d’une masse palpébrale nécessite de respecter les particularités de l’espèce. « La plastie est difficile chez le cheval », a rappelé Thomas Launois, praticien à Saint-Lambert-des-Bois (Yvelines). Il convient donc d’anticiper les réactions cicatricielles, d’enlever le moins de peau possible. Les flaps de glissement ne sont pas évidents, car cette région est peu élastique.

La prise en charge de la douleur présente des particularités

« L’innervation sensitive est particulièrement développée au niveau de l’œil du cheval », a expliqué Sabine Chahory. La prise en charge de la douleur lors de toute intervention présentera ainsi des particularités dans cette espèce.

Les tissus ne sont pas innervés de la même manière. Donc, lors de l’intervention chirurgicale, selon les tissus touchés, la douleur sera différente. Les tissus richement innervés sont les paupières, la conjonctive/sclère, les insertions des muscles périoculaires, la cornée.

L’œil est riche en nocicepteurs, mais leur répartition est inégale : des mécano-nocicepteurs de type II sont surtout concentrés au niveau de la cornée, mais aussi de l’uvée et de la sclère. Il existe également des récepteurs polymodaux (type III) dans la cornée, l’uvée, la conjonctive. Les récepteurs de type IV sont présents au niveau de la périphérie de la cornée (d’où une sensibilité ? lors ? de ? l’application de collyres froids).

« L’analgésie devra être multimodale, a poursuivi Luca Zilberstein, maître de conférences en anesthésie à l’ENV d’Alfort. Les anesthésies loco-régionales sont en outre importantes pour la maîtrise de la douleur chez le cheval. » L’utilisation de différentes molécules, par voie locale et/ou générale, est ainsi développée.

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