Ça s’passe mal au Space 2010 pour les institutionnels

C’est sans doute la première fois depuis la naissance du Salon des productions animales (Space) à Rennes que les éleveurs manifestent contre… la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et s’en prennent aussi aux stands du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), du ministère de l’Agriculture et du groupe laitier Lactalis.

Il faut dire que la disposition des stands était pour le moins malheureuse, voire provocatrice pour ces éleveurs, dans l’un des halls (le hall 5) les plus fréquentés du salon. Il réunit chaque année plus de cent mille visiteurs. En effet, la FNSEA et Lactalis, un syndicat et un industriel chargés de défendre des intérêts divergents sur le prix du lait, avaient monté côte à côte, en apparente bonne intelligence, deux grands stands luxueux. L’arbitre, le ministère de l’Agriculture, s’affichait aussi aux côtés de ces deux partenaires à la table des négociations, avec à proximité le Cniel, l’interprofession laitière.

On ne pouvait rêver meilleure disposition pour dénoncer une supposée collusion entre le syndicat unique, représentant les éleveurs dans les négociations, le premier groupe industriel laitier français, et l’arbitre des négociations. D’autant que le président du Space, Jean-Michel Lemétayer, est aussi à la tête de la FNSEA.

Au final, les forces de l’ordre, qui avaient laissé les manifestants pénétrer dans le hall 5, l’ont finalement fait évacuer quelques heures le 14 septembre. Seul le stand du Cniel était trop sévèrement abîmé pour être rapidement reconstruit. Aucun autre stand n’a été détruit. Présents dans le hall 5, Bayer, Ceva, Intervet, Merial, Pfizer ont dû patienter quelques heures dehors avec leurs clients.

Le maintien de la bonne santé des animaux a un prix

Alors que le ministre Bruno Le Maire annonce 300 millions d’euros d’aides aux éleveurs, dans le hall 9 voisin, le stand vétérinaire du GTV communique sur un autre chiffre : 3,3 %. Non, ce n’est pas le nouveau taux d’intérêt bancaire des prêts accordés aux éleveurs en difficulté, mais le pourcentage des frais vétérinaires dans les charges d’exploitation des élevages. Les praticiens veulent ainsi rappeler que le maintien de la bonne santé des animaux a un prix, mais qu’il n’est pas préjudiciable à la santé économique des exploitations. Non, « le vétérinaire ne coûte pas cher », répètent-ils.