Les injections loco-régionales d’antibiotiques aident au traitement des plaies chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1416 du 10/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1416 du 10/09/2010

Antibiothérapie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Fonctions : praticienne à Beaucouzé (Maine-et-Loire). Article tiré des conférences présentées par nos consœurs Sophie Paul-Jeanjean et Justine Trébault (Intervet) lors des journées annuelles de la SNGTV à Nantes

Elles présentent de nombreux avantages et sont utiles dans la gestion des affections septiques des extrémités des membres.

Le traitement des plaies chez le cheval, notamment la gestion de l’infection, peut être un véritable challenge pour le vétérinaire. L’infection des tissus mous et des structures synoviales est, en effet, une complication fréquente des lésions du cheval. Le premier soin à mettre en œuvre pour limiter l’infection est le débridement plus ou moins poussé, selon les moyens disponibles, afin d’éliminer tout corps étranger ou séquestre osseux, en association avec un lavage à l’aide d’une solution saline et/ou antiseptique. Il devra s’accompagner d’une exploration soigneuse de la plaie pour évaluer l’implication éventuelle d’une articulation ou d’une gaine tendineuse adjacente.

Parallèlement, un traitement antibiotique par voie systémique et/ou locale devra être instauré le plus rapidement possible, car une antibiothérapie précoce (huit à vingt-quatre heures) et adaptée améliore le pronostic. L’antibiotique choisi devra répondre aux critères suivants : être actif sur les bactéries incriminées, disposer d’une bonne capacité de diffusion sur le site infectieux afin d’y être présent à une concentration adéquate, être pratique d’emploi et présenter le moins de risques possibles pour le cheval.

Plusieurs stratégies et protocoles sont possibles chez le cheval

De façon générale, aucun antibiotique disponible actuellement n’offre une couverture thérapeutique exhaustive pour le traitement des plaies chez le cheval. La cefquinome, utilisée dans le traitement des plaies “hors AMM” dans le cadre de la cascade, par voie générale, pourrait être avantageusement associée à la gentamicine et/ou au métronidazole afin d’étendre son activité sur Pseudomonas et les bactéries anaérobies, respectivement. Une stratégie intéressante consiste à utiliser la voie systémique pour la cefquinome, en association avec la voie locale (intra-articulaire ou perfusion loco-régionale) pour la gentamicine. En cas de doute sur l’implication d’une bactérie à Gram négatif, la cefquinome en solution aqueuse devra être utilisée (1 mg/kg, deux fois par jour), l’effet post-antibiotique sur les Gram négatifs étant plus court que sur les Gram positifs, comme cela est recommandé dans l’indication AMM des infections bactériennes sévères où E. coli est impliqué.

L’utilisation de la voie intra-veineuse est préférable pendant les premiers jours de traitement. La solution aqueuse de cefquinome est, en outre, bien tolérée par voie intra-musculaire, même après des injections répétées, ce qui est primordial lors de traitement long à injections biquotidiennes. Enfin, cette molécule a l’avantage de ne pas présenter de toxicité lors d’utilisation prolongée chez le cheval.

Ainsi, les injections loco-régionales d’antibiotiques sont une aide thérapeutique intéressante dans la gestion des affections septiques des extrémités des membres. Cette technique peut être utilisée chez un cheval debout à l’aide d’une bonne sédation (ce qui permet de répéter les injections) et, éventuellement, d’une anesthésie régionale ou générale. Cette technique, associée à d’autres traitements (lavage et débridement des lésions, suture des plaies, lavage articulaire par arthroscopie, ténoscopie, pansements, traitements antibiotiques et anti-inflammatoires par voie générale), est utilisable chez le poulain et chez l’adulte.

L’antibiothérapie loco-régionale présente également d’autres avantages comme la diminution marquée, voire l’absence de toxicité systémique, la diminution des coûts de traitements, l’affranchissement partiel des notions de résistance bactérienne en raison des concentrations atteintes.

Principales bactéries responsables d’infections de plaies chez le cheval

La contamination d’une plaie peut provenir de la flore cutanée endogène, composée en majorité de bactéries Gram positif (streptocoques, staphylocoques) ou d’une bactérie de l’environnement, surtout des bactéries aérobies Gram négatif (entérobactéries, P. aeruginosa), Gram positif et des anaérobies. Bacteroides spp. agirait en synergie avec d’autres bactéries dans les tissus nécrotiques et les plaies pénétrantes du pied. Clostridium spp. est fréquemment isolé lors de nécrose musculaire étendue.

Chez le cheval, les poly-infections sont fréquentes. Le traitement anti-infectieux devra donc faire appel à une antibiothérapie à large spectre.

S. P.-J.

Pratique de l’antibiothérapie loco-régionale

L’animal est tranquillisé (l’anesthésie générale peut être nécessaire), avec éventuellement un recours à un bloc tronculaire.

La portion du membre à traiter est isolée par des garrots. Après la pose du ou des garrots, une veine superficielle est choisie pour sa facilité d’accès, un cathéter de petite taille (20-22 G) ou un cathéter papillon y est inséré après une préparation stérile de la région.

La dose antibiotique (variant de un tiers à 100 % de la dose journalière) diluée dans 30 à 60 ml de solution isotonique stérile est injectée sous pression, par voie intraveineuse rétrograde.

Les garrots sont maintenus en place pendant les vingt à trente minutes suivant l’injection. Le cathéter est alors enlevé.

Un bandage est mis en place pour protéger la zone de ponction. La perfusion est réitérée toutes les vingt-quatre à quarante-huit heures, trois à six fois selon la sévérité de l’infection, la cytologie du liquide synovial et la réponse au traitement.

S. P.-J.
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