La prévalence de la puce du chien augmente en Europe - La Semaine Vétérinaire n° 1415 du 03/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1415 du 03/09/2010

Analogies et différences biologiques entre C. felis et C. canis

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Michel Bertrou

Moins connue que Ctenocephalides felis, Ctenocephalides canis est plus spécifique.

Si les praticiens pensent déjà tout connaître des puces, celles-ci constituent toujours un domaine de recherche actif. La puce du chat, Ctenocephalides felis, reste la plus étudiée, avec une moyenne de dix publications scientifiques par an. La puce du chien, Ctenocephalides canis, longtemps mésestimée et qui ne donne lieu qu’à une seule publication annuelle, augmente pourtant en prévalence.

Selon des enquêtes européennes récentes, 5 à 17 % des chiens et 12 à 23 % des chats sont infestés en moyenne par des puces, avec des variations saisonnières assez marquées, le maximum se situant en été et à l’automne. S’il existe une corrélation entre la température extérieure et l’augmentation cumulée des infestations, du printemps à l’automne, la possibilité de réaliser le cycle évolutif en intérieur réduit l’impact du climat et explique l’observation de puces en plein hiver. Alors que dans plus de 95 % des cas, les chats sont infestés par C. felis, la prévalence d’infestation des chiens par C. canis varie de 10 % en Espagne à plus de 50 % en Hongrie. D’origine sylvatique, cette espèce est adaptée aux climats froids et continentaux et est avant tout observée chez des chiens qui vivent à l’extérieur (chenils) en milieu rural, alors que C. felis reste présente quel que soit le milieu (urbain ou rural) et le mode de vie des animaux (avec une préférence néanmoins pour ceux qui ont accès à un jardin).

Le diagnostic morphologique est à distinguer du dimorphisme sexuel

La confusion reste courante entre C. felis et C. canis et le diagnostic morphologique, qui s’effectue au microscope (voir tableau), ne doit pas être confondu avec le dimorphisme sexuel de la puce. La femelle, orangée, est trois à sept fois plus grosse que le mâle, qui est noir. Les puces sont des parasites “quasi” permanents à l’état adulte et ne quittent leur hôte qu’accidentellement. Leur longévité est naturellement courte. Elle est de deux à trois semaines pour C. felis et de quatre semaines pour C. canis. Des essais d’infestation de chats avec C. canis ont démontré une survie inférieure à une semaine, ce qui démontre le caractère plus spécifique de cette puce par rapport à C. felis, retrouvée chez les chiens, les furets, les carnivores sauvages, les lapins, les rongeurs domestiques, voire les ruminants.

La recherche visuelle des puces ne révèle que 5 % de la population totale

Si les praticiens ont l’habitude de déceler la présence de puces via leurs déjections, il peut être utile d’expliquer aux propriétaires d’animaux que, selon des études expérimentales, la recherche visuelle dans le pelage permet de retrouver moins de 5 % des puces (versus plus de 90 % lors de peignage). Par ailleurs, chez le chat, l’infestation se manifesterait davantage par l’augmentation du léchage que par le grattage.

Des études de répartition en trois dimensions révèlent également le caractère photophobe et hygrophile des larves de puces. Si les œufs et les larves sont nombreux là où les œufs tombent (souvent au pied des canapés ou des lits, à l’endroit où les animaux sautent), les cocons y sont quasi absents et se retrouvent sous les canapés ou les lits, dans les moquettes ou les parquets. Ainsi, les larves au stade 3 sont capables de migrer de 30 à 50 cm pour aller se cacher à l’ombre et au frais. Selon le type de revêtement, l’aspirateur permet de collecter 40 à 80 % des œufs, mais moins de 5 % des larves. Les puces “préémergées” qui se trouvent dans les cocons ou pupes, dans le milieu extérieur, constituent le stade de résistance avec une survie de quatre à dix mois, voire davantage. Après un stimulus (présence de CO2, chaleur, vibration) qui les fait sortir de leur cocon, 20 % des puces parviennent à se gorger de sang dans les cinq premières minutes, au lieu de 100 % au bout d’une heure. D’où l’intérêt pour les antiparasitaires externes d’agir rapidement (généralement dans les vingt-quatre heures). L’efficacité de ces produits reste comparable entre C. canis et C. felis.

Les puces sont vectrices de maladies, pour les animaux comme pour l’homme

Le potentiel vectoriel des puces est rarement mis en avant. Il convient pourtant de rappeler qu’elles transmettent des mycoplasmes(1) à l’origine de syndromes fébriles et d’anémie chez les carnivores, en particulier les chats, avec parfois des syndromes ictériques associés. Elles transmettent également des bartonelles, dont l’agent principal de la maladie des griffes du chat (Bartonella henselae), ainsi qu’une rickettsie (Rickettsia felis) à l’origine de la fièvre boutonneuse humaine à puces. Les signes cliniques observés chez l’homme ou le chien sont semblables : syndrome fébrile avec éruption cutanée, souvent modérée, possibilité de céphalée et de vomissements. Le chat infecté par Rickettsia felis, quant à lui, ne présente aucun symptôme.

  • (1) Mycoplasma haemofelis, Mycoplasma haemocanis, Candidatus Mycoplasma haemominutum.

  • Voir aussi le tableau « Prévalence d’infestation des chiens et des chats par les puces en Europe » sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

CONFÉRENCIER

Frédéric Beugnet, directeur technique monde parasitologie/antiparasitaires chez Merial, diplomate de l’European Veterinary Parasitology College (EVPC).

Article rédigé d’après la conférence « Actualités en parasitologie clinique chez les carnivores », organisée par la Société vétérinaire pratique de France (SVPF), le 14 octobre 2009 à Paris.

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