Dans un pays en crise, les vétérinaires sont en mal d’activité - La Semaine Vétérinaire n° 1414 du 27/08/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1414 du 27/08/2010

Côte d’Ivoire

Éclairage

INTERNATIONAL

Auteur(s) : Myriem Lahidely

Avec les crises militaro-politiques qui se sont succédé en Côte d’Ivoire depuis dix ans, les cliniques vétérinaires, déjà peu nombreuses dans le pays, sont désertées par les clients.

Depuis six ans, l’exercice est devenu difficile. C’est pourquoi certains confrères sont partis, d’autres ont changé d’activité ou sont devenus consultants. » Geneviève Etté, diplômée en 1991 et installée depuis 2001 dans le quartier de Biétry à Abidjan, fait partie de ceux qui sont restés fidèles au poste. Elle travaille seule désormais, sans même une secrétaire. « Je vis au jour le jour », confie-t-elle. Sa clinique, l’une des sept que compte la capitale ivoirienne (pour huit millions d’habitants), est restée pimpante derrière son portail vert et un jardin fleuri. Mais pas un chat en salle d’attente. Les clients ont déserté… le pays. « Avant, les gens faisaient la queue jusque dans la rue », déplore Mamadou Diallo, assistant vétérinaire (voir encadré) à la clinique du quartier Marcory. Dans l’une comme dans l’autre structure, les jours s’égrènent en longues périodes oisives entre-coupées, de temps à autre, de journées intenses pour soigner essentiellement des chiens et des chats. Le contexte aidant, les chiens de garde sont de plus en plus nombreux (rottweilers, dogues et bergers allemands, beaucerons, ridgeback, etc.). « Beaucoup sont élevés pour la sécurité puis loués ou vendus, notamment à des sociétés de gardiennage. L’activité est en plein essor », explique Mamadou Diallo.

Les vétérinaires font appel aux cliniques humaines

Les soins se font souvent avec des moyens revus, eux aussi, à la baisse. Alors que les vétérinaires travaillaient souvent avec des produits français ou allemands, ils recourent dorénavant aux vaccins d’Europe de l’Est, aux médicaments indiens ou au matériel chinois, moins onéreux. Geneviève Etté n’est plus équipée pour faire une échographie sur place. Il en est de même pour les radiographies. Elle fait appel à l’une ou l’autre des deux cliniques humaines où un ami médecin accepte de la dépanner. « J’y vais à l’heure du déjeuner, ou le soir, pour passer inaperçue, précise Geneviève Etté. Depuis quelques années, l’Etat n’a même plus les moyens d’assurer jusqu’au bout ses campagnes de vaccination contre la rage. »

Des perspectives d’activité limitées pour la profession

Dans ce pays où un agent zootechnique peut être considéré comme un « vétérinaire de vaches » et où des éleveurs, des dresseurs ou même des toiletteurs pour chiens et chats s’autoproclament vétérinaires, la concurrence est rude. « Beaucoup de praticiens n’en sont pas. L’Ordre aurait du pain sur la planche s’il contrôlait les diplômes », constate un vétérinaire.

Les débouchés sont d’autant plus limités que dans ce pays agricole, les grands élevages sont quasi inexistants ou à faible productivité, contrairement au Burkina Faso ou au Mali. Dans la brousse, les vétérinaires sont peu présents. « Même à Abidjan, rares sont les jeunes à vouloir s’engager dans le métier. Quels seraient leurs débouchés ? La population n’est pas prête à payer », note Geneviève Etté. Pour le niveau de vie local, les tarifs sont élevés : une consultation coûte 20 €, une visite avec prise de sang et traitement contre la piroplasmose 45 €. C’est pourquoi les Européens – bien que peu nombreux – représentent 70 % de la clientèle, ce qui évite aux cliniques de sombrer définitivement, en attendant la fin éventuelle du chaos politique.

Les “assistants vétérinaires”

La Côte d’Ivoire ne compte qu’une école d’assistants vétérinaires (à Bingerville) qui forme des zootechniciens. Pour devenir vétérinaire, il faut d’abord suivre des études supérieures à l’université, avec un tronc commun en biologie et chimie cellulaires. Après deux années de Deug, les étudiants peuvent s’orienter vers une école vétérinaire pour quatre ans, avec en sus une année de thèse, à l’Ecole inter-Etats des sciences et médecine vétérinaires de Dakar, en France ou en Belgique.

M. L.
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