D’autres professions aussi entrent en fusion

Petites structures isolées, érosion des revenus, etc. Les problèmes rencontrés par les vétérinaires ont leurs pendants dans d’autres professions comme la pharmacie ou les laboratoires de biologie. Là aussi, la tendance est au regroupement et aux chaînes.

Une pharmacie sur deux est dans le rouge du point de vue de sa trésorerie

Côté pharmacie, le réseau va se restructurer. Sous l’effet de la conjoncture et des baisses de marges imposées par le gouvernement, beaucoup d’officines sont aujourd’hui en difficulté. Selon le principal syndicat, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), une pharmacie sur deux voit sa trésorerie dans le rouge, et 15 % des titulaires ont signé un exercice fiscal déficitaire. Dans le même temps, la loi Hôpital, patient, santé et territoires (HPST), adoptée en 2009, prévoit de leur donner de nouvelles prérogatives, comme une contribution aux soins de premier secours, la coopération entre professionnels de santé, des actions de veille et de protection sanitaires, l’éducation thérapeutique ou encore la prévention et le dépistage. Si ces nouveaux services sont potentiellement sources de revenus, ils vont demander une réorganisation des structures. Les effets conjugués des difficultés économiques et de la loi HPST font craindre la disparition de 1500 pharmacies d’ici à cinq ans (sur 22 386 en 2009). Le regroupement et les fusions sont donc à l’ordre du jour pour tenter de viabiliser les structures en difficulté et de maintenir le maillage territorial. Pour y arriver, les pharmaciens ont choisi de passer par la case SPF-PL (société de participation financière des professions libérales)⁽¹⁾. Un décret, que l’ensemble de la profession appelle de ses vœux (Ordre et syndicats), devrait rapidement voir le jour et permettre de constituer des holdings. Dans le projet actuel, un pharmacien pourra exploiter sa propre société d’exercice libéral (SEL) par l’intermédiaire d’une SPF-PL et acquérir des parts dans quatre SEL (directement ou par le biais d’une SPF-PL), en plus de son officine. En revanche, il ne pourra pas créer plus de cinq SPF-PL, et une SEL ne pourra détenir plus de deux SEL directement.

Quant aux laboratoires de biologie, ils en viennent, eux aussi, aux chaînes. Une ordonnance du 13janvier 2010, celle-là même qui interdit à un vétérinaire de devenir « biologiste médical », autorise un laboratoire à disposer, par le biais d’une SEL, d’autant de sites qu’il le souhaite dans la seule limite de 3 territoires de santé limitrophes. Les territoires de santé (environ 150) correspondent à un zonage utilisé pour répartir les activités de soins au sein d’une région administrative. Pour éviter toute hégémonie, la part de marché d’un seul laboratoire ne pourra dépasser 33 % des examens biologiques sur un territoire donné, et l’ouverture d’un site ne sera autorisée que si un premier ferme. C’est donc la porte ouverte aux chaînes de laboratoires. Cette ordonnance ne prendra effet qu’après ratification par le Parlement (projet de loi de ratification déposé en avril). Aujourd’hui, une SEL ne peut exploiter plus de 5 laboratoires.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire, n° 1372 du 18/9/2009.