La maîtrise des résistances est plus que jamais d’actualité - La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010

Congrès. La Wsava et la Fecava réunies à Genève

Actualité

Auteur(s) : Karin de Lange

Un usage raisonné des antibiotiques est de mise, non seulement en médecine humaine et vétérinaire, mais aussi en arboriculture et en aquaculture.

Bienvenue dans la capitale de la santé. » C’est par ces mots que le conseiller d’Etat genevois Pierre-François Unger s’est adressé à l’assemblée lors de son allocution d’ouverture du congrès commun de la Wsava(1) (35e édition), de la Fecava(1) (16e édition), de la Fafvac(1) (5e édition) et de l’ASMPA(1) (41e édition). En tant qu’ancien professeur de médecine d’urgence, il a notamment salué « les conférences dédiées aux interactions homme-animal, comme la prévention des morsures canines et les infections par Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (Sarm) ».

David Wadsworth (Royaume-Uni), président sortant de la Wsava, a souligné que jamais auparavant un congrès de son association ne s’était tenu en Suisse. Il a également présenté son successeur, Jolle Kirpensteijn (Pays-Bas), et annoncé que le secrétariat de la Wsava est désormais domicilié au Canada.

Pour Johan Van Tilburg (Belgique), président de la Fecava, ce congrès représentait un « retour aux sources » pour sa fédération, fondée il y a près de vingt ans à Biel (Suisse). Il a en outre fait allusion à la crise, qui touche les praticiens comme les laboratoires et rend les rendez-vous scientifiques de plus en plus difficiles à organiser. Cependant, « ils n’ont jamais été aussi importants », car ils contribuent à la survie des cliniques et à la création d’emplois.

Un bilan des pratiques vaccinales globalement positif

A la suite des recommandations vaccinales publiées en 2007, le groupe de travail sur la vaccination (VGG) de la Wsava n’est pas resté inactif. Michael Day (université de Bristol), président du VGG, a présenté un état des lieux. S’il est globalement satisfait de l’impact chez les vétérinaires, « il y a encore du chemin à faire » : seuls 53 % des praticiens britanniques ont adopté les rappels une fois tous les trois ans pour les chiens, selon une enquête anglaise. Pour les chats, 89 % continuent à vacciner tous les ans contre l’herpèsvirus félin (FHV) et le calicivirus félin (FCV) et 98 % tous les ans contre la panleucopénie féline (FPV).

Une mise à jour vient d’être publiée(2) et des fiches illustrées sont également disponibles sur le site Internet de la Wsava (www.wsava.org/ VGG1.htm). Enfin, Michael Day a annoncé l’élargissement du groupe VGG – composé de lui-même, de Marian Horzinek (Pays-Bas) et de Ron Schultz (Etats-Unis) – qui accueille Hajime Tsujimoto, de l’université de Tokyo.

Parmi les infections à Staphylococcus, le Sarm semble gagner du terrain

« One health » (une seule santé) est le thème majeur adopté par la Wsava pour son cinquantième anniversaire, qui s’est achevé à Genève. Dans ce cadre, une conférence était consacrée au sujet, ainsi qu’un séminaire sur le Sarm organisé par la Fecava.

« Tous les staphylocoques ne sont pas identiques, a rappelé notre confrère Scott Weese, microbiologiste au centre de santé publique et des zoonoses de l’université de Guelph (Canada). Parmi les infections à S. aureus, le Sarm semble gagner du terrain : selon une étude menée sur les cultures des écouvillons auriculaires, 6 % des infections à S. aureus concernaient des Sarm en 2005, puis 13 % en 2006 et 27 % en 2007. Pendant cette même période, les Sarm isolés dans des cultures d’infections cutanées ont augmenté de 23 à 75 % des isolats à S. aureus, « et il n’y a aucun signe de stagnation ».

Cependant, le S. pseudointermedius résistant à la méthicilline (SPRM) est encore plus inquiétant. « Même si son potentiel zoonotique est faible, il est bien plus résistant et transmet sa résistance rapidement. » Le SPRM, souvent lié à des opérations invasives comme l’ostéotomie de nivellement du plateau tibial, « s’est bien adapté aux chiens et nous amplifions l’infection au sein des hôpitaux vétérinaires ». Cependant, même si un staphylocoque est résistant, « cela reste un staphylocoque, c’est-à-dire un agent pathogène opportuniste, mais rarement mortel ». Concernant le traitement, « évitez les ß-lactames, même s’ils semblent prometteurs in vitro, ainsi que les fluoroquinolones, car la résistance peut se développer pendant le traitement ». Les médicaments de choix sont les triméthoprime-sulfamides, le doxycycline et l’amikacine. Et les soins adjoints – comme les antibiotiques et antiseptiques locaux, le miel ou des produits iodés – jouent un rôle important. Les animaux porteurs sains ne sont pas à traiter. « Il n’existe aucune preuve que la thérapie anti-colonisation soit efficace, voire désirable. »

S. aureus est l’un des agents pathogènes les plus communs chez l’homme, a rapporté Thomas Haustein, médecin à l’hôpital universitaire de Genève, et environ 35 % de toutes les infections des sites chirurgicaux sont provoquées par ce germe, avec 50 % de Sarm. Ce Sarm associé aux hôpitaux (Sarm-AH) est un agent pathogène fréquent lors d’autres affections nosocomiales comme les pneumonies sous ventilation assistée (24 % sont dues aux Sarm) ou les infections liées aux cathéters (57 %).

La description et la prise en compte du problème sont une première étape vers sa maîtrise. « La surveillance est déjà associée à des taux d’infections nosocomiales significativement plus faibles, a confirmé Thomas Haustein, tout comme l’hygiène des mains, l’isolement des patients et l’usage raisonné des antibiotiques. Un usage diminué des fluoroquinolones dans les hôpitaux est significativement lié à une baisse des infections par le Sarm. » Globalement, Thomas Haustein estime « que la bataille contre le Sarm-HA est en train d’être gagnée ». Cependant, celui-ci n’est qu’un “petit chaton” comparé au “tigre” du Sarm associé aux communautés (Sarm-AC). Ce dernier est un germe « plus vital et rapide », et bien plus difficile à maîtriser.

Vers une réduction de l’arsenal thérapeutique ?

« Plus les antibiotiques sont utilisés, plus leur résistance augmente », a rappelé David Lloyd (école vétérinaire de Londres). Le nombre de traitements antibiotiques, de jours d’hospitalisation en clinique vétérinaire et les implants chirurgicaux sont des facteurs de risque d’infection par le Sarm chez un animal de compagnie, tout comme un propriétaire qui a lui-même été hospitalisé. Un usage raisonné est donc de mise, non seulement en médecine humaine et vétérinaire, mais aussi dans des domaines souvent ignorés comme l’arboriculture (la production des fruits) et l’aquaculture (en particulier les crevettes).

Face à l’antibiorésistance, le vétérinaire est confronté à la difficulté croissante de trouver des antibiotiques adaptés, à des médicaments plus onéreux, à une augmentation des médicaments “hors AMM” et à des clients mécontents en raison des traitements chers et inefficaces.

Un autre développement inquiétant est la volonté politique de retirer certains antibiotiques du marché vétérinaire. « Si nous ne sommes pas plus proactifs, notre arsenal médicamenteux diminuera », prévient David Lloyd. Comment faire ? La réponse, selon lui, réside dans le choix raisonné des antibiotiques de première intention, dans la réalisation de tests de sensibilité, mais passe aussi par l’éducation des propriétaires et la réduction du risque d’infections nosocomiales.

Dans ce but, le groupe de travail sur l’hygiène et l’usage antimicrobien(3) de la Fecava a réalisé un poster de « recommandations pour l’hygiène et la maîtrise des infections en pratique vétérinaire ». Elles se focalisent sur huit points clés : le nettoyage et la désinfection des mains, le port des gants, la formation du personnel, la gestion des déchets, le nettoyage et la désinfection des locaux, les vêtements, l’information des propriétaires, le lavage des vêtements et de la literie. Les prochains rendez-vous sont programmés du 14 au 17 octobre 2011 à Jeju (Corée du Sud) pour la Wsava et du 7 au 10 septembre 2011 à Istanbul pour la Fecava.

  • (1) Association mondiale des vétérinaires d’animaux de compagnie ; Fédération européenne des associations de vétérinaires d’animaux de compagnie ; Fédération des associations francophones de vétérinaires d’animaux de compagnie ; Association suisse de médecine vétérinaire des petits animaux.

  • (2) Dans le numéro de juin 2010 du Journal of Small Animal Practice.

  • (3) Composé d’Alexandra Vilen, Didier-Noël Carlotti, David Lloyd, Katerina Loukaki, Ana Mateus, Peter Murphy. Les nouveautés de l’exposition commerciale sont disponibles sur le site WK-Vet.fr (rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”).

Les prix remis lors du congrès

• Wsava Award for Scientific Achievement : Ian Duncan, vétérinaire neurologue à l’université de Wisconsin-Madison (Etats-Unis).

• Hill’s Excellence in Veterinary Healthcare : Jan Rothuizen, spécialiste en médecine interne des animaux de compagnie à l’université d’Utrecht (Pays-Bas).

• Hill’s Pet Mobility Award : Peter Muir, spécialiste en chirurgie et orthopédie canines à l’université de Wisconsin-Madison (Etats-Unis).

• Wsava President’s Award : Ellen Bjerkaas, spécialiste en ophtalmologie à l’école vétérinaire d’Oslo (Norvège).

• Prix Fecava pour le meilleur article original dans l’Ejcap (European Journal of Companion Animal Practice) : Alessandra Bergadano (Turin 90), actuellement à la Vetsuisse faculté de Berne, pour son article « Diagnosis of chronic pain in small animals ».

• Prix Fecava pour le meilleur article repris dans l’Ejcap : Laurent Findji (A 95), pour son article « Folded flap palatoplasty for treatment of elongated soft palates in 55 dogs », coécrit avec Gilles Dupré. Après quelques années à la clinique Frégis, notre confrère travaille actuellement dans un centre de référés à Laindon (Royaume-Uni).

• Prix Fafvac de la francophonie : Pierre Montavon, professeur en chirurgie à la Vetsuisse faculté de Zurich. Le prix honore un vétérinaire qui, « par ses activités et sa carrière, a permis de faire progresser la profession vétérinaire dans le domaine des animaux de compagnie dans son pays, tout en favorisant son développement dans l’ensemble de la francophonie ».

K. de L.
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