L’activité anthropique est mise en exergue dans la diffusion du virus H5N1 HP en Thaïlande - La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010

Influenza aviaire

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Mathieu Hautemulle

Deux études réalisées par le Cirad et l’Inra révèlent de nouveaux éléments sur le rôle des activités humaines.

Les activités humaines jouent, en Thaïlande, un rôle majeur dans la diffusion du virus H5N1 de l’influenza aviaire hautement pathogène (H5N1 HP). Telle est la conclusion d’une étude(1) menée à l’échelle nationale grâce à l’épidémiologie et à la statistique spatiale. Les chercheurs ont mis en corrélation, pour les 7 366 sous-districts non insulaires du pays, des facteurs qui rendent compte de diverses activités anthropiques et des cartes inédites du risque relatif d’infection pour les canards et les poulets lors de la deuxième vague de l’épizootie, qui a sévi de juillet 2004 à mai 2005. Ce risque relatif est le ratio entre le risque d’infection par le virus H5N1 HP dans un sous-district donné et le risque moyen national, calculé à partir des 1 717 foyers de H5N1 recensés et des effectifs nationaux de volailles. Des études antérieures avaient cartographié les foyers épidémiques, mais pas ce risque relatif.

Ainsi, la proximité d’une ville de plus de 10 0000 habitants et celle de l’embranchement d’une grande route, un important réseau routier et une forte densité de population apparaissent comme fortement associés au risque relatif d’infection. « En Thaïlande, il y a peu de marchés de volailles vivantes ; les échanges passent par des marchands situés le plus souvent le long des axes routiers et autour des villes », explique notre consœur Mathilde Paul, doctorante en géographie de la santé(2), l’un des auteurs de cette étude.

Altitude, présence d’un point d’eau et riziculture influent sur le risque d’infection

Certains facteurs environnementaux, comme une basse altitude ou la proximité d’un point d’eau, augmentent aussi le risque d’infection. Les chercheurs ont en outre confirmé le lien entre la persistance du virus en Asie du Sud-Est et l’existence d’un agro-écosystème caractérisé par la culture du riz et la libre déambulation de canards domestiques dans les rizières. Elevés en extérieur et éventuels porteurs sains, ceux-ci peuvent transmettre le virus, des oiseaux sauvages aux volailles domestiques.

Plus localement, dans la province de Phitsanulok – qui a recensé le plus grand nombre de poulets infectés lors des deux premières vagues d’épizootie –, des chercheurs ont comparé 486 fermes élevant poulets de basse-cour ou coqs de combat (104 d’entre elles ont connu des foyers d’influenza et 382 ont été épargnées). Cette deuxième étude cas-témoins(3) visait à analyser le lien, mal connu, entre les pratiques dans une ferme de petite taille et l’introduction éventuelle du virus H5N1 HP au sein de celle-ci.

Les résultats montrent que le risque d’infection est moins prégnant pour les fermes localisées à plus de 100 m d’altitude, c’est-à-dire dans une aire marquée par « un réseau d’irrigation peu dense, une intensité modérée de l’utilisation de la terre, une absence de canards paissant librement et une plus faible densité de population humaine ». Cette zone est donc moins favorable au virus H5N1 HP que la plaine. A l’inverse, le risque est plus élevé à proximité d’un point d’eau : canards des environs ou oiseaux sauvages peuvent déposer des fèces contaminées dans cette source d’eau utilisée pour les poulets de basse-cour et le jardinage.

Contrairement à ce qui est démontré à l’échelle du pays, le fait de laisser des canards en libre parcours dans les rizières n’est pas associé, localement, à un risque fort de transmission du virus. En revanche, le rôle de certaines pratiques individuelles est mis en lumière. Ainsi, le risque d’infection est plus élevé dans les élevages de plus de 50 poulets, davantage susceptibles de se retrouver dans un circuit commercial et donc d’entrer en contact avec l’extérieur. De même, il est accru pour les fermes qui ont acheté ou vendu des volailles vivantes à des marchands itinérants. Ces derniers ont pu contribuer à la diffusion locale du virus entre les élevages.

Menées entre autres par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), avec le ministère thaïlandais de l’Agriculture et l’université de Kasetsart, ces deux études éclairent d’un jour nouveau les modalités de transmission du virus H5N1 HP. Un apport crucial, puisque de l’explication des causes dépend l’efficacité des réponses. « La Thaïlande évolue vers des systèmes d’élevage fermés, ce qui est lent et difficile, conclut Mathilde Paul. Le contrôle et la surveillance des animaux lors des mouvements restent un point central pour la maîtrise de la maladie. »

  • (1) « Anthropogenic factors and the risk of highly pathogenic avian influenza H5N1 : prospects from a spatial-based model », Vet. Res., 2010, vol. 41, n° 28. Publié en ligne le 16 décembre 2009 (téléchargeable sur www.vetres.org).

  • (2) mpaul@clermont.inra.fr

  • (3) « Farming practices and the risk of Highly Pathogenic Avian Influenza H5N1 in backyard poultry : a case-control study in Thailand », 2010, présentée fin mars à une conférence de la Society for Veterinary Epidemiology and Preventive Medicine, à Nantes.

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