Le virus de l’anémie infectieuse équine induit une infection persistante - La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010

Equidés. Mise au point scientifique à Namur (Belgique)

Actualité

Auteur(s) : Chantal Vilain

En Europe, la Roumanie et l’Italie présentent la plus haute prévalence cumulée de la maladie.

La commission équine de l’Union professionnelle vétérinaire (UPV) a proposé, le 11 juin dernier, une mise au point scientifique sur l’anémie infectieuse équine, avec la participation d’Etienne Thiry, Hélène Amory et Claude Saegerman (faculté de Liège), ainsi que de Stéphan Zientara (Agence française de sécurité sanitaire des aliments).

Une maladie cosmopolite qui sévit dans le monde entier

L’anémie infectieuse équine est répertoriée dans toutes les zones du monde où elle a été recherchée. En Europe, la Roumanie et l’Italie présentent la plus haute prévalence cumulée, avec un pic en 2007. Dans les autres pays européens, la maladie est anecdotique.

En Belgique, les derniers tests de Coggins positifs datent de 1988 et concernent des ânes importés du Maroc. Après Drongen et Liège en début d’année, deux nouveaux cas viennent d’être signalés à Bruges et à Charneux, avec une source d’infection identique : la Roumanie. Les chevaux en cause ont pourtant été testés négatifs avant leur exportation du pays. Un manque de respect des normes européennes concernant l’exclusion et/ou le confinement des animaux est soupçonné. Des chevaux positifs auraient été éliminés de lots de rassemblement, mais sans bloquer les lots le temps nécessaire pour vérifier l’absence de contamination (deux tests de Coggins négatifs à trois mois d’intervalle sur chaque animal). Actuellement, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni présentent également des cas.

Un réseau actif d’épidémiosurveillance dans l’Hexagone

En France, notre confrère Stéphan Zientara a eu l’occasion de suivre les cas dépistés depuis le début des années90 : des foyers par-ci par-là, dont l’origine n’a pratiquement jamais été identifiée. Il a évoqué le cas de Deauville, en 1992, célèbre par ses implications diplomatiques et financières : la jument infectée appartenait au fils de Jean Gabin et était promise à un cheik de Dubaï… Côté législation française, bien que l’anémie infectieuse équine soit un vice rédhibitoire, les tests de Coggins effectués à l’achat sont rares. Les animaux séropositifs doivent être marqués au feu et abattus dans la limite de quinze jours. Une indemnité à l’abattage est prévue.

La situation française est évidemment particulière. Son Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines(Respe) couvre les infections majeures. Quelque deux cent vingt vétérinaires sentinelles, répartis sur quatre-vingt-un départements, en sont la pierre angulaire. Ils fournissent aux laboratoires agréés des prélèvements qui sont analysés à titre gratuit. Le réseau a permis de détecter quelques-uns des foyers d’anémie infectieuse équine observés ces dernières années dans l’Hexagone.

En Belgique, à la suite des cas diagnostiqués cette année, une mise à jour de la législation est prévue après l’été.

Une maladie virale, mais également vectorielle

L’anémie infectieuse équine est due à un lentivirus, mais c’est aussi une maladie vectorielle. Un taon qui prend un repas de sang sur un cheval infecté, en phase aiguë de la maladie, contamine un autre équidé s’il s’interrompt pour piquer ce dernier dans les quatre heures. En phase chronique ou asymptomatique, la charge virale dans le sang est insuffisante pour permettre la transmission. Le rayon de propagation de la maladie est limité, car l’insecte ne se déplace que sur environ 6 km. En pratique, compte tenu de la durée de survie du virus dans les pièces buccales, le taon ne peut infecter un autre cheval que si celui-ci se trouve dans un rayon de 50 m.

D’autres modes mineurs de contamination existent, par exemple via du matériel d’injection, des produits sanguins, par voie vénérienne ou in utero.

L’origine virale de la maladie est connue depuis 1904, mais le premier cas est observé en France en 1843. Elle sévit aussi sous l’appellation swamp fever, ou fièvre des marais, dans le delta du Mississipi aux Etats-Unis.

Le tableau clinique est variable et n’a rien de pathognomonique. Son évolution est parfois aiguë et rapidement mortelle. Il faut y penser face à un cheval qui présente des récurrences de phases d’hyperthermie et d’amaigrissement, avec thrombocytopénie et anémie. Au cours du temps, les récurrences ont un aspect clinique de moins en moins sévère, jusqu’à devenir asymptomatique ou à l’inverse repasser en phase aiguë. Les circonstances qui favorisent une réactivation du virus ne sont pas connues. La démarche vétérinaire commence, comme il se doit, par une anamnèse complétée d’un examen clinique détaillé pour orienter le diagnostic et investiguer, au moyen d’examens complémentaires de laboratoire (et autres), les autres hypothèses étiologiques (piroplasmose, ehrlichiose, maladie de Lyme, leptospirose, etc.).

Après une incubation courte, le virus induit une infection persistante. Un cheval est ainsi virémique à vie et aucune guérison spontanée n’est rapportée.

Un test qui ne confirme le diagnostic qu’après plusieurs semaines

Leroy Coggins, de l’université de Cornell aux Etats-Unis, a mis au point en 1970 le test de dépistage de l’anémie infectieuse équine qui porte son nom. Considéré comme un test robuste, il recherche la protéine de la capside virale p26. Cet examen complémentaire permet de confirmer le diagnostic. Cependant, il nécessite un délai de plusieurs semaines après l’infection avant de devenir positif.

Ainsi, chez le poulain, la présence d’anticorps colostraux peut donner un résultat faux positif.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr