Autour de trois affections de l’appareil respiratoire inférieur - La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010

Pathologie respiratoire chez le chien et le chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Valérie Delteil

Un essai thérapeutique est indiqué lors de suspicion d’asthme félin.

Les dyspnées silencieuses traduisent en général des affections du bas appareil respiratoire (poumon, plèvre, médiastin), contrairement aux dyspnées bruyantes qui correspondent à des affections hautes de l’appareil respiratoire (cavités nasales, pharynx, larynx, trachée). A l’occasion d’une formation sur les affections respiratoires basses, nos confrères Juan Hernandez et Alexandra Gabriel ont fait le point sur trois principales affections.

Le traitement du chylothorax idiopathique est chirurgical

Lors d’épanchement pleural chez le chat, les signes (discordance respiratoire et assourdissement des bruits respiratoires à l’auscultation) ne sont décelables par les propriétaires que lors d’une accumulation liquidienne supérieure à 400 ml. Si l’animal est stable, l’épanchement est ponctionné. Après avoir écarté les origines traumatique, tumorale, cardiaque et la torsion d’un lobe pulmonaire, le chylothorax est qualifié d’idiopathique. Il est donc nécessaire de réaliser des radiographies et une échographie thoraciques pour éliminer ces différentes causes.

Le traitement médical du chylothorax idiopathique (alimentation hypolipidique et rutinol, à raison de 250 mg par chat per os) est souvent décevant. L’octréotide (10 µg/kg par voie sous-cutanée toutes les huit heures pendant dix à vingt-huit jours) est une molécule prometteuse dans cette indication, mais un manque de recul ne permet pas d’évaluer son efficacité. De plus, comme son utilisation nécessite des injections sous-cutanées répétées, cela entraîne un budget important pour les propriétaires.

Le traitement est aujourd’hui essentiellement chirurgical, avec la réalisation simultanée d’une ligature du canal thoracique et d’une péricardectomie. Le taux de succès de cette intervention est de 80 %.

Les inhalations de fluticasone constituent le traitement au long cours de l’asthme

L’asthme félin est une maladie éosinophilique réactive de l’arbre respiratoire, secondaire à un phénomène d’hypersensibilité. Les propriétaires décrivent souvent des épisodes intermittents de toux, de dyspnée (surtout expiratoire) et des bruits respiratoires. Le chat est le plus souvent asymptomatique en dehors des crises. En situation d’urgence, il doit être laissé au calme dans une atmosphère enrichie en oxygène. De la terbutaline (0,312 à 0,625 mg/chat) et de la dexaméthasone (0,05 à 0,125 mg/kg par voie sous-cutanée) sont administrées. Une fois l’état de l’animal stabilisé, il convient de pratiquer des radiographies thoraciques, une analyse coproscopique (un prélèvement par jour pendant trois jours consécutifs pour rechercher des larves d’Aerulostrongylus sp), une numération-formule sanguine (éosinophilie sanguine dans 30 % des cas de bronchite allergique), ainsi qu’une analyse sérologique vis-à-vis de la dirofilariose pour les chats qui ont séjourné dans une zone endémique.

Lors de suspicion d’asthme félin, un essai thérapeutique à base de fenbendazole (25 à 50 mg/kg/j pendant quinze jours) est indiqué pour écarter une infestation parasitaire. Une antibiothérapie empirique à base d’amoxicilline, afin de lutter contre une éventuelle surinfection bactérienne, et un traitement à base de corticoïdes (prednisolone à 1 mg/kg/j) sont recommandés. En cas de réponse non satisfaisante à ce traitement, une bronchoscopie est envisagée pour rechercher une autre origine (corps étranger, parasitose, tumeur, etc.) et conforter la suspicion d’asthme (hypersécrétion de mucus, muqueuse inflammatoire, éosinophilie du liquide de lavage broncho-alvéolaire, arrêt des bronchospasmes après l’administration de salbutamol).

Lors de la confirmation du diagnostic d’asthme félin, un traitement corticoïde est instauré (prednisolone à raison de 2 à 4 mg/kg pendant deux semaines, puis posologie dégressive jusqu’à l’identification de la plus petite dose efficace). La dose de corticoïdes administrés par voie systémique peut être réduite en mettant en place un traitement par voie inhalée (fluticasone, Flixotide® 250 µg, avec la chambre d’inhalation Aérokat®).

La gestion de l’environnement du chat est également importante : les fumées, parfums et poussières sont à éliminer. Si ces traitements ne donnent pas satisfaction et que le diagnostic est certain, le recours à la cyclosporine peut être proposé.

Les signes respiratoires lors d’angiostrongyloses sont violents

Les signes cliniques lors d’une angiostrongylose pulmonaire chez un chien sont la conséquence de la réponse inflammatoire induite par le parasite situé dans les artérioles pulmonaires et d’un syndrome hémorragique. Une toux est alors généralement accompagnée d’une intolérance à l’effort, d’une dyspnée et parfois d’une hémoptysie. Des examens complémentaires permettent alors de conforter la suspicion clinique :

– une numération-formule sanguine (25 % des chiens atteints présentent une éosinophilie);

– des radiographies thoraciques, afin d’observer une éventuelle opacification bronchique, péribronchique, interstitielle et/ou alvéolaire périphérique plus ou moins marquée ;

– une analyse coproscopique (trois prélèvements réalisés pendant trois jours consécutifs) qui n’est interprétable que si elle est positive ;

– une bronchoscopie et un lavage alvéolaire qui visent à mettre en évidence des larves L3.

Le traitement de l’angiostrongylose consiste à maintenir l’animal au repos et sous oxygène, et à administrer un antiparasitaire (Panacur® 20 à 50 mg/kg pendant vingt jours, ou Milbémax® 0,5 mg/kg une fois par semaine pendant quatre semaines, ou Advocate® en deux applications à un mois d’intervalle). L’ivermectine est à éviter, car elle entraîne des chocs et peut aggraver les signes respiratoires.

CONFÉRENCIERS

Juan Hernandez diplomate Acvim,

Alexandra Gabriel diplomate Ecvim,

praticiens au CHV Frégis, à Arcueil (Val-de-Marne).

Article rédigé d’après la conférence « Mon chien fait du bruit quand il respire, saison 2 », organisée par l’Afvac Ile-de-France, le 8 avril dernier à Paris.

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