Le Parc national des Pyrénées renforce la surveillance de la faune sauvage - La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/06/2010

Veille sanitaire passive et active

Éclairage

UNE JOURNÉE À…

Auteur(s) : Céline Carles

Répondre aux questions des usagers (chasseurs, éleveurs, etc.) et du grand public sur “la santé” de la faune sauvage, mais aussi évaluer le risque de transmission de maladies sont ses objectifs majeurs.

En matière de surveillance sanitaire de la faune sauvage, le Parc national des Pyrénées s’est donné comme objectif, depuis 2007, de parvenir à un renforcement des actions sur sa zone de compétence, en s’appuyant sur une meilleure organisation. Auparavant, les données étaient récupérées de façon disparate et constituées essentiellement de relevés de mortalité, de comptes rendus d’autopsies et de quelques épreuves sérologiques ponctuelles, principalement sur des isards. Ces travaux sont engagés à Cauterets depuis plus de dix ans, en collaboration avec quelques vétérinaires passionnés. Les grands rapaces font exception, car depuis 2005, ils sont récupérés et analysés par le réseau “Pyrénées vivantes” (voir encadré). Aujourd’hui, tous les intervenants de la surveillance sanitaire œuvrent à la mutualisation des travaux et à la centralisation des résultats. Ce type de surveillance sanitaire existe également dans les autres parcs nationaux de montagne : Vanoise (1977), Ecrins (2002), Cévennes (1995), Mercantour (en cours). Le but est de pouvoir répondre aux questions des usagers (chasseurs, éleveurs, etc.) et du grand public sur “la santé” de la faune sauvage, mais aussi d’évaluer le risque de transmission de maladies à l’homme, à la faune domestique ou à la faune chassable environnante, ainsi que l’impact des activités humaines sur la faune sauvage (traumatologie, écotoxicologie). Dans un contexte de crise sanitaire, la connaissance du statut sanitaire de la faune sauvage revêt une importance certaine.

La veille sanitaire passive (collecte et examen de cadavres) est pilotée actuellement au sein des laboratoires des Pyrénées par notre consœur Corinne Vial-Novella et bénéficie de l’appui de trois référents, experts dans leur domaine respectif: Christine Fournier (mustélidés et petits mammifères), Dominique Gauthier (ongulés de montagne) et Lydia Vilagines (rapaces et autres oiseaux). Les agents du parc national sont chargés de la notification de tout phénomène pathologique anormal, de la récupération des cadavres et de leur conservation pour autopsie si leur état le permet. Au total, quatre-vingt-un animaux ont été autopsiés en 2009, donnant lieu à soixante et onze fiches de renseignements sur les lieux et les circonstances de la découverte.

Les oiseaux sont exempts de contaminants environnementaux

Plus de la moitié des cadavres récupérés étaient des oiseaux (quarante-six) dont 40 % jugés maigres, voire cachectiques. Les collisions routières sont responsables à 50 % de leur mortalité. Quelques analyses bactériologiques ont été demandées selon les lésions nécropsiques. Elles ont, entre autres, permis de diagnostiquer un cas de septicémie sur un vautour fauve et un cas de tuberculose (vraisemblablement aviaire) sur un faucon crécerelle. Deux gypaètes barbus, recueillis blessés, ont fait l’objet de soins : le premier avait une plaie au niveau de l’articulation tibio-tarsienne (isolement d’un staphylocoque doré), mais il a succombé à l’infection quelques mois plus tard. Le second, recueilli avec des fractures de l’humérus et du fémur à la suite d’une collision, n’a pas non plus survécu malgré les soins. L’analyse histologique a révélé une suspicion de yersiniose à point d’entrée fracturaire avec une amyloïdose rénale et hépatique.

Les recherches éco-toxicologiques ont mis en évidence des traces de malathion (pesticide dont l’usage est interdit en France depuis 2008) sur une buse et une exposition au plomb chez un jeune vautour fauve, contaminé par les apports alimentaires des adultes. Il convient également d’ajouter le cas particulier de l’intoxication “accidentelle” d’une quinzaine de vautours (recherche de barbituriques “positive” sur huit d’entre eux autopsiés) à la suite de l’euthanasie d’une jument en montagne. Même si globalement, les niveaux de contamination en métaux lourds (de type plomb, cadmium et cuivre), restent bas et ne sont pas en faveur d’intoxication jusqu’à présent, mieux vaut rester vigilant. Par le passé, quelques oiseaux fortement intoxiqués au plomb ou au lindane (autre produit interdit) avaient aussi été retrouvés.

Pas de maladie contagieuse chez les petits mammifères

Vingt-six petits mammifères ont été autopsiés et analysés, à 73 % victimes de collisions routières. La tuberculose a été systématiquement recherchée sur les ganglions rétro-pharyngiens des blaireaux : toutes les cultures étaient négatives. Un cas de gale a été observé chez un renard et quatre chats forestiers se sont révélés positifs à la leucose féline. Les analyses éco-toxicologiques ont été systématisées chez les espèces semi-aquatiques et orientées vers la recherche d’anticoagulants pour les autres espèces carnassières. Mis à part des traces de difénacoum relevées sur une genette, insuffisantes pour être à l’origine de la mort de l’animal, l’ensemble des analyses sur les métaux lourds(plomb, cadmium, mercure et arsenic) et les PCB (polychlorobiphényle) n’ont révélé ni intoxication aiguë ou chronique, ni reflet de pollution environnementale. Ces résultats devront toutefois être confirmés avec un échantillonnage plus important.

De la kératoconjonctivite chez les isards

Les ongulés représentent un peu plus de 10 % des animaux autopsiés (six isards, deux chevreuils et un cerf élaphe). Le site de Cauterets fait figure d’exception, car tous les isards trouvés morts dans ce secteur sont analysés au Laboratoire départemental vétérinaire (LDV) des Hautes-Alpes (selon un accord conclu entre le parc et le LDV lors de la mise en place du suivi de ces populations). Des analyses bactériologiques et par polymerase chain reaction (PCR) sont réalisées systématiquement sur l’ensemble des organes des isards (recherche de maladies propres à l’espèce ou en lien avec les ovins), alors qu’elles sont orientées selon le tableau nécropsique chez les autres ongulés. Les résultats montrent qu’aucun animal n’a été contaminé par la fièvre catarrhale ovine ni par l’agalaxie contagieuse. En revanche, la recherche de kératoconjonctivite infectieuse par PCR (méthode développée par les laboratoires des Pyrénées) s’est révélée positive sur trois isards.

L’épidémie de kératoconjonctivite sur le territoire du parc national a débuté en 2006, sur la partie Est (vallée d’Aure), pour s’étendre vers l’Ouest et toucher la vallée d’Aspe en 2008 et 2009.

Il s’agit du cinquième épisode de kératoconjonctivite depuis 1992. La dernière épidémie a touché principalement les femelles adultes, faisant chuter leur taux de reproduction de 0,7 à 0,4 en 2009. Les conséquences démographiques sont significatives.

Le réseau “Pyrénées vivantes”

Le réseau Pyrénées vivantes, piloté par la Ligue pour la protection des oiseaux, s’occupe de la récupération des cadavres de rapaces nécrophages sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne, de leur autopsie et de la réalisation d’examens complémentaires, toxicologiques essentiellement.

Ce réseau, dans son étude baptisée “mortalité poison”, vise à étudier les causes de mortalité de quatre espèces en danger (vautours fauves, milans royaux, vautours percnoptères et gypaètes barbus), avec la recherche systématique de molécules d’usage phytosanitaire et de métaux lourds.

C. C.

Le comité de pilotage

Composé de représentants des administrations, d’usagers, de vétérinaires et de responsables de réseaux nationaux (Société nationale des groupements techniques vétérinaires, Directions départementales des services vétérinaires, Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement, Agence française de sécurité sanitaire des aliments, Groupement de défense sanitaire, Réseau national de surveillance sanitaire de la faune sauvage (Sagir), Ligue pour la protection des oiseaux), il valide les orientations et les travaux.

C. C.
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