Le modèle de transmission R0 est de plus en plus utilisé pour évaluer les risques liés aux maladies vectorielles

Pour construire des cartes du risque, deux grands types de modèles sont généralement utilisés : les modèles statistiques et les modèles biologiques ou mécanistes.

Les modèles statistiques consistent à chercher des corrélations entre des indicateurs environnementaux et des paramètres épidémiologiques ou entomologiques. En Afrique de l’Est, par exemple, une forte corrélation entre une pluviométrie augmentée et l’apparition de foyers de fièvre de la vallée du Rift est démontrée. L’utilisation de données satellites sur la végétation, combinées avec celles sur la température des eaux de surface des océans, prédit de façon fiable les foyers de la maladie. La corrélation entre l’abondance des précipitations et les foyers n’existe pas, en revanche, en Afrique de l’Ouest.

Les modèles biologiques ou mécanistes cherchent, quant à eux, à décrire les mécanismes de la transmission de la maladie vectorielle à travers une formule dans laquelle sont incorporés les paramètres qui influent sur son cycle. Dans le modèle de transmission R₀ (ou taux de reproduction de base), qui vise à définir le nombre moyen de nouveaux cas, tous les paramètres (taux de contact entre réservoirs et vecteurs, taux de survie du vecteur, capacité vectorielle) peuvent se traduire en variables environnementales (qu’elles concernent le climat ou la structure de l’écosystème). Dans une logique géographique matérialisée par une grille, il convient de calculer, pour chaque unité de la grille, le R₀ de la maladie selon les informations environnementales recueillies (par les images satellites). Là où le R₀ est supérieur à 1, le risque d’épidémie existe. Rassembler tous ces éléments permet d’établir une carte du risque. En reliant le modèle avec des prédictions climatiques, il devient possible de simuler les risques futurs.

Des travaux de recherche⁽¹⁾ menés sur la fièvre catarrhale ovine (FCO) ont incorporé au R₀ les données climatiques passées (observées de 1961 à 2008), afin de reconstituer une carte européenne du risque FCO. De nombreux aspects de la distribution, observée lors de l’épizootie, y sont apparus, ainsi que la possibilité de son émergence en 2006. La simulation de la distribution future (avec des données issues de modèles climatiques) a, quant à elle, suggéré que la FCO continuerait à croître de façon plus rapide dans le nord que dans le sud de l’Europe.

Des initiatives intéressantes peuvent également être portées par le secteur privé. Le modèle “FleaTickRisk”, développé par notre confrère Frédéric Beugnet (Merial) en collaboration avec des climatologues et des biomathématiciens, est un modèle climatologique adapté à la biologie des tiques et des puces. Chaque semaine, il indique leur degré d’activité, selon la température et l’humidité sur toute l’Europe. Il explique ainsi pourquoi il y a ou non des infestations et des maladies vectorielles avec un degré de risque. Innovation originale et pleine de perspectives, une interface visuelle sur Internet⁽²⁾, destinée aux praticiens, permet d’utiliser le modèle en clientèle pour prodiguer des conseils.

• (1) Menés par notre consœur Hélène Guis au Cirad, UMR Tetis (territoires, environnement, télédétection et information spatiale), Montpellier, France.

• (2) http://www.fleatickrisk.com