La menace vectorielle plane de nouveau sur l’Europe - La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/06/2010

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Auteur(s) : M. B.

Le paludisme européen, qui s’étendait autrefois jusqu’en Suède, a disparu grâce à l’amélioration des soins et l’utilisation massive d’insecticides tels que le DDT, aujourd’hui interdit. La fièvre jaune, également répandue au Sud, a disparu d’Europe avec son vecteur, Aedes aegypti, dans les années 50. Du côté des animaux, hormis de périodiques incursions de peste équine ou de fièvre catarrhale dans la péninsule ibérique, les maladies vectorielles ne concernaient que des endémies circonscrites et stabilisées.

Les facteurs impliqués sont multiples et imbriqués

Depuis la fin des années 90, des épizooties spectaculaires ont rappelé la capacité des maladies vectorielles à prendre de court nos politiques sanitaires habituelles.

En 1999, le virus de la fièvre West Nile débarque aux Etats-Unis. Le problème “vétérinaire” de surmortalité d’oiseaux ne suscite pas l’inquiétude des autorités de santé américaines, qui ne mettent en place une surveillance qu’après les premiers cas humains. Fin 2006, 23 000 sont dénombrés, dont 900 décès. L’apparition, la même année, du sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine en Europe du Nord s’accompagne d’une épizootie galopante qui paralyse l’économie de l’élevage dans plus de vingt pays. L’installation du moustique asiatique Aedes albopictus dans le sud de l’Europe (grâce au commerce de pneus usagés) permet l’arrivée du chikungunya en Italie en août 2007. A partir d’un voyageur infecté, le moustique transmet la maladie à 150 habitants de la région de Ravenne. Le vecteur est aujourd’hui présent sur la Côte d’Azur et remonte à l’Ouest et au Nord. Ces dix dernières années, le virus West Nile a touché de nouvelles aires en Europe, notamment en France, au Portugal et en Italie, où une circulation virale parmi des oiseaux autochtones vient d’être mise en évidence. Le virus Usutu, proche du précédent, atteint en 2001 les populations d’oiseaux d’Autriche, puis gagne les pays voisins : Hongrie, Suisse, Italie (où un premier cas humain est diagnostiqué en septembre 2009). Le virus de la fièvre de Crimée Congo, une autre arbovirose transmise par une tique, est isolé au début des années 2000 en Albanie, au Kosovo et en Turquie, où une épidémie entre 2002 et 2005 totalise 500 cas, dont 36 mortels.

La maladie de Lyme, découverte au début des années 80, devient la maladie vectorielle humaine la plus prévalente en Europe. De nouveaux foyers d’encéphalite à tique (virose également transmise par Ixodes ricinus) sont décrits en Italie, en Grèce et en Scandinavie. En France, la maladie est présente en Alsace. Une propagation vers l’Est de Dermacentor et de la babésiose canine est constatée (Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Pologne). Rhipicephalus sanguineus, tique méditerranéenne, remonte vers le Nord. Elle est identifiée au Benelux, amenant avec elle l’ehrlichiose monocytaire canine. Des cas autochtones d’ehrlichiose thrombocytaire canine, maladie méridionale, sont recensés à Lyon. En Italie, la dirofilariose s’étend également et Aedes albopictus pourrait contribuer à la diffuser plus largement en Europe. De nouveaux foyers de leishmaniose canine sont détectés dans le nord-ouest de l’Italie et une extension similaire en France est notée (à la faveur notamment de réhabilitations de maisons ou de murs en pierre). Des cas de transmission autochtone sont observés en Allemagne.

Pour expliquer ces phénomènes, le changement climatique a été mis en avant. Les arthropodes répondent généralement à la hausse des températures en étendant leur distribution et en modifiant leurs processus physiologiques : taux de reproduction supérieurs, longévité augmentée, consommation supérieure, réduction des périodes d’incubation extrinsèque, etc. Il est désormais établi que le climat n’est pas l’unique cause et que les facteurs impliqués sont multiples et imbriqués (parmi lesquels la densification de la faune sauvage et nombre d’activités humaines).

Promouvoir des réseaux de recherche

Depuis plusieurs années, l’Europe cherche à développer sa recherche par la promotion de réseaux de coopération scientifique et d’échanges. Les travaux produits et promus par ces réseaux influencent en retour les politiques européennes. Les recherches menées par le projet européen Eden, chargé d’étudier les risques liés aux maladies vectorielles, ont déterminé certains choix stratégiques de l’ECDC. Le succès d’Eden aura également contribué à la création de nouveaux réseaux, ainsi qu’au prolongement probable du projet : Eden-Next.

M. B.

POUR EN SAVOIR PLUS

Réseaux scientifiques européens qui travaillent sur les maladies vectorielles

• Arbo-Zoonet : Réseau international pour l’amélioration du contrôle des arboviroses émergentes (http://www.arbo-zoo.net)

• Eden : Réseau de recherche européen sur les maladies émergentes dans le contexte du changement environnemental (http://www.eden-fp6project.net).

• Emida Era-Net : Coordination de la recherche européenne sur les maladies émergentes et infectieuses majeures du bétail (http://www.emida-era.net).

• ENIVD : Réseau européen pour le diagnostic de maladies virales “importées” (http://www.enivd.de).

• Epizone : Réseau d’excellence pour le diagnostic et le contrôle des maladies épizootiques (http://www.epizone-eu.net).

• EU-BTNET : Réseau européen de surveillance pour la blue tongue (http://eubtnet.izs.it/btnet).

• Eucalb : Action concertée de l’Union européenne sur la maladie de Lyme (http://meduni09.edis.at/eucalb/cms/index.php).

• Eurotravnet : Réseau européen de médecine tropicale et des voyages (http://www.istm.org/eurotravnet/main.html).

• ICTTD : Consortium intégré sur les tiques et les maladies à tiques (http://www.icttd.nl).

• Leishrisk : Réseau des réseaux européens sur les leishmanioses (http://www.leishrisk.net/leishrisk).

• Medreonet : Réseau de surveillance des reovirus, blue tongue et peste équine, dans le bassin méditerranéen et en Europe (http://medreonet.cirad.fr).

• Tropnet Europe : Réseau européen de surveillance des maladies infectieuses importées (http://www.tropnet.net).

• VBORNET : Réseau européen d’entomologistes médicaux et d’experts en santé publique (http://www.ecdc.europa.eu/en/activities/diseaseprogrammes/Pages/VBORNET.aspx).

Réseaux nationaux

• Respe : Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (http://www.respe.net).

• RFSA : Réseau français pour la santé animale (http://www.rfsa.net).

• RFVPFS : Réseau français des vétérinaires praticiens pour la faune sauvage (scpdefa@club-internet.fr).

• Sagir : Réseau national de surveillance sanitaire de la faune sauvage (http://www.oncfs.gouv.fr/recherch/reseaux/sagir.php).

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