Il y a peu de réseaux pérennes dédiés à la surveillance de la grippe chez le porc - La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/06/2010

Virus influenza. Colloque de l’Afssa à Ploufragan

Actualité

Auteur(s) : Mathieu Hautemulle

Une veille nationale et formalisée chez cette espèce n’est pas exclue à l’avenir.

Renforcer la surveillance des virus influenza, telle est l’une des principales ambitions réaffirmées lors du colloque sur les « grippes animales et humaines » organisé par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), le 1er juin dernier à Ploufragan (Côtes-d’Armor). Une veille permanente permet d’améliorer la connaissance de ces virus dont certains aspects restent mystérieux, d’évaluer rapidement les risques (en particulier grâce au Groupe d’expertise collective d’urgence dédié à l’influenza aviaire créé en 2005), de conseiller les décideurs et d’adapter la stratégie prophylactique.

Mais une telle surveillance n’est pas évidente. Surtout si le virus, émergent, est donc par définition méconnu. Par ailleurs, l’infection grippale peut être asymptomatique et passer inaperçue, entre autres chez les oiseaux. Ses symptômes ne sont pas forcément spécifiques. Chez le porc en croissance, la manifestation d’un syndrome grippal peut être due à un coronavirus respiratoire porcin ou au virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP). Pour confirmer le diagnostic, le recours au laboratoire s’impose. Isoler le virus demande du temps… et de l’argent.

Rodée chez les oiseaux, la surveillance présente des failles chez le porc

Plusieurs dispositifs de suivi des virus influenza existent. Pour l’influenza aviaire, une surveillance active (par enquête sérologique dans les élevages de volailles, capture d’oiseaux sauvages et prélèvements sur des canards appelants) vise à estimer la circulation des sous-types H5 et H7 faiblement pathogènes (FP). En 2009, elle a concerné près de neuf cents élevages (une trentaine d’exploitations se sont révélées séropositives vis-à-vis du sous-type H5 et un test PCR a conclu à la présence du virus H 5N3 FP) et quelque deux mille oiseaux sauvages (aucun atteint d’un virus hautement pathogène, mais des virus faiblement pathogènes ont été détectés). Cette surveillance active se double d’une veille passive, après des suspicions cliniques ou des mortalités.

Chez les chevaux, le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe), qui compte plus de deux cents vétérinaires sentinelles, participe à la surveillance des virus grippaux dans cette espèce, sur le modèle des Groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) destinés à l’homme.

Et chez les porcs « En matière de connaissance de l’épidémiologie des infections grippales, la situation est contrastée selon les pays. Dans l’ensemble, il existe peu de réseaux pérennes dédiés à la surveillance de la grippe chez le porc dans le monde », a souligné François Madec, du Laboratoire d’études et de recherches avicoles, porcines et piscicoles (Lerapp) de l’Afssa. Rapports, programmes européens, European surveillance network for influenza in pigs (Esnip) ou encore certains dispositifs du Lerapp contribuent toutefois à pallier ce manque.

Une réticence des professionnels de l’élevage à déclarer les cas

De son côté, Anne Bronner, de la Direction générale de l’alimentation, a évoqué une limite à la lutte contre le virus influenza A/H1N1, notamment en élevage porcin : « Il n’est pas entré dans une logique de maladie réputée contagieuse, avec un objectif de contrôle et d’éradication, alors que notre arsenal réglementaire, certes solide, repose sur ces maladies contagieuses. » Mais la principale difficulté a été la notification obligatoire des cas à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) : « Il semblait y avoir une crainte des professionnels vis-à-vis des conséquences éventuelles [d’une déclaration] sur le commerce international et des conséquences médiatiques sur le marché national », a expliqué Anne Bronner. « La crainte, ce sont les conséquences sur le commerce dans une filière déjà assez fragilisée », a confirmé un représentant de producteurs de porcs de Bretagne. « La surveillance doit pouvoir se faire dans la sérénité, pour l’éleveur, le vétérinaire et la filière », a-t-il ajouté.

Et Arlette Laval (Oniris) d’interroger à son tour : « Imaginez que je possède un élevage de huit cents truies. Toutes les semaines naissent des porcelets et il faut donc faire partir l’équivalent en porcs charcutiers. Après investigation, le virus H1N1 est identifié dans l’élevage. Si je suis la réglementation, tant que les troubles respiratoires d’origine grippale ne sont pas terminés, abattre est impossible. Qu’est-ce que je fais avec mes truies ? » « Vous adoptez une attitude pragmatique, a répondu Anne Bronner. Nous avons déjà proposé aux professionnels d’en discuter. »

Quels doivent être alors les rôles de l’Etat et des professionnels ? Comment concilier le sanitaire et l’économique ? Ces questions de fond, soulevées par Anne Bronner, s’inscrivent dans la lignée des récents Etats généraux du sanitaire, dont “l’épisode A/H1N1” a constitué une sorte d’avant-goût. Les Etats généraux ont prôné « un réseau d’épidémiosurveillance réactif, dans le secteur animal comme végétal (…), notamment lorsqu’il s’agit de maladies émergentes nouvelles ». Selon François Madec, « une surveillance nationale formalisée chez le porc n’est pas exclue, dans les mois ou les années qui viennent ». Avec notamment pour objectif de se préparer à l’émergence éventuelle d’un virus plus problématique que le A/H1N1.

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