Novartis lance son monépantel ovin et Merial son firocoxib équin sélectif cox2

Entre deux éditions à Nantes, le congrès des GTV a débarqué à Lille avec un thème d’actualité : l’antibiothérapie. Mais les deux innovations ne concernent ni les antibiotiques ni les bovins, mais les antiparasitaires ovins chez Novartis et les AINS sélectifs cox-2 chez Merial.

Monépantel : une fois par an pour doubler la durée de vie des autres antiparasitaires ovins

Novartis a présenté sa nouvelle molécule nématocide : le monépantel (Zolvix®), le chef de file d’une nouvelle classe, les dérivés d’aminoacétonitrile (AAD)… Une révolution. Son mode d’action diffère de ceux des autres antiparasitaires connus. Il est « efficace contre les souches de parasites résistants aux lactones macrocycliques,aux benzimidazoles, aulévamisole… », souligne l’Agence européenne du médicament. Chez les moutons, l’émergence de résistances à ces antiparasitaires dans certains pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, etc.) justifie le développement mondial de cette molécule. En France, la résistance des nématodes est présente chez les ovins, mais moins bien recherchée et sans doute moins préoccupante que dans d’autres pays. Néanmoins, selon les modélisations, il est possible de retarder l’émergence des résistances par une rotation des familles d’antiparasitaires. Ainsi, l’introduction du monépantel, sur la base d’un seul traitement annuel, éliminerait la plupart des souches résistantes aux autres parasites et permettrait de prolonger d’un facteur deux l’efficacité des antiparasitaires. Jérôme Blanchet (Novartis) ne conseille donc ni un usage systématique du monépantel – ce qui conduirait, tôt ou tard, à l’émergence de résistances – ni de le réserver en recours, quand il sera trop tard.

Première étude comparée des deux principaux trématodes des bovins

Pour la septième année, Novartis a réuni les experts parasitologues de l’Observatoire de la grande douve : Philippe Dorchies, Alain Chauvin, Jean-Pierre Alzieu, Philippe Camuset. Ils se sont livrés à une étude comparée des deux principaux trématodes des bovins (la grande douve et les paramphistomes). Ces parasites ont de nombreux points communs, notamment en termes de cycles biologiques, mas pas du tout la même pathogénicité. « Un seul œuf de grande douve justifie un traitement, alors que deux cents OPG [œufs par gramme de fèces] en paramphistomes ne le justifient pas », répètent-ils. Car les paramphistomes ne migrent pas dans le foie, mais restent des parasites de la caillette et du duodénum. En présence de signes cliniques, « le seul traitement efficace est l’oxyclozanide “hors AMM” ».

Le firocoxib : premier AINS sélectif cox2 pour chevaux

Merial a dévoilé le premier anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) coxib sélectif cox2 : le firocoxib Equioxx®. Il sera disponible dès le 15 juin en deux présentations : une pâte orale, conditionnée dans une seringue graduée adaptée au traitement quotidien d’un cheval de 600 kg, et une solution injectable à 20 mg/ml, présentée dans un flacon en verre multiponctionnable de 25 ml. Leur originalité est d’inhiber sélectivement l’isoforme cox2 et ainsi de présenter un rapport bénéfice-risque a priori plus favorable que les AINS non sélectifs par la diminution des risques d’effets indésirables digestifs.

Chez le cheval, le firocoxib s’emploie d’ailleurs à une dose faible : 0,1 mg/kg/j par voie orale pendant quatorze jours au maximum, 0,09 mg/kg/j par voie intraveineuse (soit 2,5 à 3 ml pour un cheval de 550 à 600 kg). Le firocoxib est éliminé lentement, sous forme de métabolites inactifs, surtout par les urines. La demi-vie d’élimination est d’au moins trente heures. Equioxx® est indiqué par voie orale ou injectable (intraveineuse) comme traitement de la douleur et de l’inflammation associées à de l’arthrose ou à des boiteries. Un développement est en cours en vue d’une extension aux coliques.

Trois laboratoires rêvent de soulager la douleur des bovins

Trois laboratoires (Boehringer Ingelheim, Merial et Vétoquinol) ont réuni leurs forces pour promouvoir une meilleure prise en charge de la douleur chez les bovins, dans un projet baptisé Boreve, sous l’égide du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire. Pour cela, trois enseignants et trois praticiens ont rédigé un guide de vingt-six recommandations. Raphaël Guattéo (Oniris) en a dévoilé le contenu. L’une des originalités de ce travail est de proposer de classer la douleur chez les bovins en trois paliers, à l’instar de ce qui est appliqué chez l’homme ou les carnivores domestiques, afin de pouvoir adapter et associer les analgésiques. Dans tous les cas, les AINS « représentent toujours le minimum que le vétérinaire ou l’éleveur puisse faire contre les douleurs ».

Deux nouveaux génériques d’anti-inflammatoires non stéroïdiens

Ceva a présenté Meloxidyl® 20 mg/ml, le premier générique de la solution injectable à 20 mg/ml de méloxicam pour bovins, porcs et équidés (Metacam®). Le laboratoire ne le positionne pas contre la douleur, mais comme un anti-inflammatoire complémentaire de sa large gamme d’antibiotiques : Florkem® (florfénicol), Vétrimoxin® 48 h (amoxicilline), Spirovet® (spiramycine), Vetrigen® (gentamicine), Cevaxel® (ceftiofur).

Coophavet a aussi profité du congrès pour présenter aux praticiens Genixine®, une solution injectable à 50 mg/ml de flunixine (méglumine), son générique tricolore de Finadyne® développé et fabriqué en France pour les bovins, les porcs et les équidés.

Des nouveautés en antibiothérapie : Florgane®, Naxcel® Bovins et Mastiplan®

Sogeval,poursapremièreparticipationau congrès, a présenté Florgane®, une solution injectable à 300 mg/ml de florfénicol destinée aux bovins. Un générique de Nuflor® ? Non, car le schéma posologique (une injection unique de 30 mg/kg par voie intramusculaire, soit 1 ml/ 10 kg) diffère beaucoup de ceux deNuflor®(deuxinjections intramusculaires de 20 mg/kg espacées de quarante-huit heures ou une injection unique sous-cutanée à 40 mg/kg). En outre, Florgane® se présente en suspension aqueuse, ce qui améliore sa « seringabilité ». La commercialisation de ce nouvel antibiotique est prévue en octobre 2010.

Lancé depuis environ six mois, Pfizer a présenté au congrès sa nouvelle forme (cristalline) du ceftiofur, Naxcel® Bovins, qui permet un traitement efficace en une seule injection, sans retrait du lait pour cause d’inhibiteurs. Une enquête réalisée auprès de cinq cent cinquante praticiens démontre que cet antibiotique est déjà bien connu. Une seule injection à la dose de 20 ml de la suspension injectable pour un animal de 600 kg (6,6 mg/kg) est efficace sept jours, chez les vaches laitières comme chez les autres bovins. Surtout, le temps d’attente du lait est de zéro jour.

Du côté des intramammaires, Intervet complète sa gamme intramammaire en lactation avec Mastiplan® LC, à base de 300 mg de céfapirine (céphalosporine de première génération) associée à un corticoïde (la prednisolone) à 20 mg, soit une dose double de celle de Mastijet® (Intervet) et Synulox® (Pfizer), les deux produits avec un anti-inflammatoire également leaders de ce marché français.