QUAND LE SECTEUR VÉTÉRINAIRE DE LYON OUVRE SES PORTES

De bon matin, à 7 h 30, devant les Ateliers industriels de l’aéronautique (AIA) de Clermont-Ferrand. Le vent est frais même si, à trois jours du printemps, l’hiver semble avoir rendu les armes. Les AIA, entreprise emblématique de la ville qui a fêté ses soixante-dix ans l’an passé, ouvrent leurs portes aux employés qui se dirigent vers leur poste de travail. Cette structure du ministère de la Défense, qui s’occupe de la maintenance des aéronefs de l’armée (Rafale, Mirage 2000, Mirage F1, Alphajet, Transall, Gazelle, Puma, etc.), accueille également le chenil du GIC de Clermont-Ferrand. Son commandant est l’adjudant-chef Richard Ortet, maître de chien depuis 1992.

Après avoir opéré dans le département de la Haute-Savoie, il intègre comme instructeur dresseur l’école cynophile de la gendarmerie à Gramat, dans le Lot, pendant cinq ans, avant de rejoindre en août 2008 la capitale auvergnate. « Le GIC est une structure assez récente qui permet de rassembler en un même lieu un maximum de chiens de recherche (personnes, stupéfiants, explosifs, armes et munitions, billets de banque). L’Auvergne en compte un autre, à Varennes-sur-Allier, avec également sept chiens en effectif complet, tandis que les pelotons de montagne (PGM) du Mont-Dore et de Murat, pour la recherche en avalanche notamment, ainsi que les pelotons de surveillance et d’intervention (PSIG), essentiellement pour la défense et la recherche de personnes, maillent l’ensemble de la région. Au total, la gendarmerie dispose en Auvergne de vingt et un chiens pour dix-sept maîtres de chiens. »

Une retraite bien méritée pour Samo, auprès de son maître

Richard Ortet s’apprête à conduire ses deux chiens au secteur vétérinaire de Lyon, à Rillieux-la-Pape, pour la visite annuelle obligatoire. En qualité de commandant du GIC, il ne devrait en avoir qu’un seul, à la différence de ses trois subordonnés qui en ont deux. Dès le mois d’avril, Samo, son berger belge tervueren, qu’il appelle Sam, aspirera à une retraite bien méritée, à l’âge de huit ans et demi. Une retraite auprès de son maître : « Comme les deux chiens que j’ai eus avant lui, il finira sa vie à la maison. C’est une contrainte, sans aucun doute, notamment pour la maîtresse de maison ; mais mes trois enfants sont ravis, et quand on aime les chiens… »

Il a récupéré Sam, alors âgé de deux ans et demi, à Gramat, à l’issue des tests : « Il n’avait alors suivi qu’un programme de discipline avec son maître, dans le civil. J’ai repris les fondamentaux, en obéissance et en mordant, auxquels j’ai ajouté un programme d’avalanche. Il est ainsi devenu mon outil pédagogique pour ce type de formation “montagne”, notamment lors des stages sur le domaine de Briançon, à Montgenèvre, ainsi que pour toutes les démonstrations valorisant la gendarmerie auprès de tous les publics ; démonstrations pour lesquelles il a toujours fait valoir ses qualités hors normes. Du reste, ses quatre participations aux championnats de France de biathlon canin se sont quasiment toutes soldées par une place sur le podium, dont celle de vice-champion l’an passé, en Normandie. Cette formation lui a valu d’assurer l’intérim en avalanche depuis que nous sommes arrivés à Clermont-Ferrand, en août 2008, et jusqu’au début de cette année, pendant la formation des maîtres de chiens du Mont-Dore et de Murat. Sa retraite, il ne l’a pas volée. »

« Les chiens militaires sont des athlètes, leur suivi médical est rigoureux »

Sa chienne Camikaze, un berger belge malinois de deux ans et demi, est aussi un cas particulier dans la gendarmerie. Richard Ortet a pris le risque, sans garantie aucune, de l’acheter à sept semaines et de la former lui-même. Traditionnellement, la gendarmerie acquiert les chiens à l’âge adulte, après qu’ils ont subi avec succès les tests médicaux et techniques. Camikaze est ainsi bien plus précoce que ses congénères puisqu’elle a été validée “mi-stage” à huit mois en stupéfiants, et est opérationnelle à onze ! Et ce n’est pas fini pour elle. « En tant qu’ancien formateur avalanche, ajoute son maître, il m’a été demandé de lui inclure une formation avalanche dans son programme de recherche, en réserve, et je suis en train de lui inculquer, en annexe des stupéfiants, la recherche de billets de banque. Les deux sont souvent liés et de grosses sommes d’argent sont récupérées grâce aux chiens. »

Camikaze aura une vie active bien remplie, entre les avalanches, la recherche de stupéfiants, dont Clermont-Ferrand est une plaque tournante en raison de sa position géographique, celle des personnes disparues et des malfaiteurs… sans oublier l’entraînement quotidien. Pour cela, il lui faudra déjà être déclarée apte par le vétérinaire principal Edith Fontaine : « Nous faisons un examen clinique normal, du nez au bout de la queue, en passant au crible l’ensemble des fonctions. Nous regardons, nous palpons, et nous manipulons, afin de vérifier l’absence d’affection : les maladies fréquemment rencontrées chez le chien militaire concernent en particulier les appareils locomoteur, digestif et urinaire. Mais ce sont des athlètes et leur suivi médical est rigoureux ; ils font l’objet de toutes les attentions préventives de la part de leurs maîtres, auxquels nous apportons beaucoup de conseils et auprès desquels nous nous rendons régulièrement. Rares sont les mauvaises surprises. »

La réforme pour Samo, une “ordonnance” pour Camikaze

Verdict ? Les deux bergers belges sont dorénavant à jour de leurs vaccinations pour un an : maladie de Carré, hépatite contagieuse canine (maladie de Rubarth), parvovirose, leptospirose, rage et toux de chenil. Pour Samo, si la réforme opérationnelle est prononcée, son bulletin de cession atteste qu’il n’a pas de problèmes médicaux et un avis favorable sur son caractère sociable est prononcé, avant qu’il ne rejoigne sa famille.

Camikaze, elle, revient avec une “ordonnance”. « Elle a une légère boiterie à la patte postérieure gauche, rapporte Richard Ortet, mais rien d’alarmant. Elle ressent aussi une petite douleur à la manipulation des hanches, sans signe particulier sur la radio. Elle va être mise sous anti-inflammatoire. Le médecin vétérinaire m’a expliqué que cela pouvait venir d’un choc ou d’un nerf coincé. Elle va m’orienter vers un confrère ostéopathe, dans le civil, pour une manipulation qui permettra de soulager la chienne. C’est une petite ouverture en matière de méthodologie vétérinaire. Camikaze, en outre, fait une petite allergie sous la queue, sans doute due à la présence des copeaux que l’on met dans les chenils pour que les chiens aient plus chaud l’hiver. Nous allons nettoyer cela avec un shampoing adapté. Au final, ce n’est pas bien grave ; nous ferons ce qu’il faut pour qu’elle poursuive sa tâche dans les meilleures conditions. C’est une chienne formidable. »