Devenir des molécules employées en médecine vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1405 du 14/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1405 du 14/05/2010

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Auteur(s) : M. S.

Alors que la médicalisation des espèces domestiques est en constante augmentation, il convient de s’interroger sur le devenir des principes actifs administrés et sur leur impact environnemental. Si les effets secondaires de ces molécules sur les animaux et les hommes sont bien analysés grâce aux études toxicologiques, leur effet potentiel sur l’environnement est souvent méconnu. Mais depuis peu de temps, il est devenu une source d’intérêt et de recherche.

En médecine vétérinaire, ce sont principalement les antibiotiques, les antifongiques et les anti-parasitaires, utilisés largement en aquaculture et en agriculture, qui se retrouvent dans les sols et les eaux de surface. En effet, contrairement aux médicaments humains qui passent d’abord par un système de traitement des eaux, ces molécules sont souvent relâchées directement dans la nature. Une importante proportion des antibiotiques administrés chez les animaux domestiques est excrétée dans les urines et les fèces et, dans certains cas, 90 % de la dose ingérée est excrétée inchangée(1). Aux Etats-Unis, la quantité d’antibiotiques utilisée par an est estimée, principalement dans le domaine de l’agriculture, à près de 10 millions de kilos. La majorité de ces antibiotiques sont administrés à des doses subcliniques pour améliorer le rendement(1), et seulement 30 % sont utilisés à des fins thérapeutiques. En Europe, près de 5 400 t d’antibiotiques, 194 t d’antiparasitaires et 5 t d’hormones sont utilisées chaque année(2). En plus de favoriser l’émergence de micro-organismes résistants, la circulation de ces composés dans l’environnement peut avoir des effets délétères sur l’équilibre des écosystèmes. Certaines molécules, en raison de leurs propriétés physico-chimiques et de leur large utilisation, ont été identifiées comme des sujets de recherche prioritaires concernant leur impact environnemental. C’est le cas, entre autres, de l’amoxicilline, de l’acide clavulanique, de l’enrofloxacine, du fenbendazole et de dizaines d’autres molécules. En comparaison, certaines substances comme les anesthésiques volatiles sont considérés comme à faible risque pour l’environnement(3).

Les études n’analysent pas les effets à long terme

Depuis 1997, l’Union européenne exige l’évaluation de l’impact des nouvelles molécules sur certains organismes aquatiques et terrestres avant d’en autoriser la mise sur le marché. Malheureusement, ces études se focalisent principalement sur l’induction d’une mortalité au sein des organismes testés et ne se fondent pas sur des effets à long terme, comme la diminution de la croissance ou de la fertilité. C’est pourquoi certains chercheurs(4) remettent en cause les standards des études pharmaceutiques d’écotoxicité, d’autant plus que certaines tendent à prouver qu’il existe bien un effet de ces composés pharmaceutiques sur l’environnement (implication des contraceptifs dans des déséquilibres endocriniens chez les poissons, impacts négatifs vis-à-vis des micro-organismes terrestres et aquatiques de certains antibiotiques, sensibilité des vers de terre vis-à-vis d’antiparasitaires présents dans le sol, etc.).

Des chercheurs comme Alistair Boxall, professeur en science environnementale à l’université de York, proposent différentes approches qui commencent à être proposées pour minimiser la circulation de ces molécules dans l’environnement. Par exemple, les laboratoires pourraient fournir des informations claires à l’intention des prescripteurs sur les impacts environnementaux potentiels des molécules employées. Chez les animaux de rente, certaines précautions pourraient être respectées, comme ne pas les faire paître à proximité d’une source d’eau alors qu’ils reçoivent un traitement.

  • (1) K. Kumar, S.C. Gupta, Y. Chander et A.K.Singh, « Antibiotic use in agriculture and its impact on the terrestrial environment », 2005, Advances in Agronomy, n° 87.

  • (2) A.K. Sarmah, M.T. Meyer, B.A. Alistair, A. Boxal : « Global perspective on the use, sales, exposure pathways, occurrence, fate and effects of veterinary antibiotics in the environment », 2006, Chemosphere, n° 65, pp. 725-759.

  • (3) S. Kools, F. Johann, J.F. Moltmann, T. Knacker : « Estimating the use of veterinary medicines in the European union », Regulatory Toxicology and Pharmacology, 2008, vol. 50, n° 1, pp. 59-65.

  • (4) A.B.A. Boxall, L.A. Fogg, P. Kay, P.A. Blackwell, E.J. Pemberton, A. Croxford : « Prioritisation of veterinary medicines in the UK environment », Toxicol. Lett., 2003, n° 142, pp. 207-218.

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