Les critères d’imagerie du lymphome félin sont variés - La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010

Cancérologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Virginie Barberet

Fonctions : diplomate de l’European College of Veterinary Diagnostic Imaging (ECVDI), université de Gand (Belgique)

La réalisation d’un examen cytologique et/ou histologique demeure indispensable pour obtenir un diagnostic de certitude.

Le lymphome revêt de multiples aspects à l’imagerie. En effet, il peut atteindre de nombreux organes et apparaître sous différentes formes et lésions. Il arrive qu’il soit confondu avec des maladies inflammatoires, comme la rhinite ou l’entérite. Un diagnostic certain de lymphome ne peut que rarement être posé à l’aide de l’imagerie seule. Un examen cytologique ou histologique des lésions détectées à l’imagerie permet généralement d’arriver à un diagnostic définitif. Le lymphome peut prendre une forme multicentrique (atteinte des nœuds lymphatiques, rate, foie et/ou moelle osseuse), médiastinale, gastro-intestinale (l’une des formes les plus fréquentes chez le chat) et extranodale (atteinte de n’importe quel autre organe ou tissu, tel que le système nerveux ou les cavités nasales).

Les nœuds lymphatiques atteints présentent une forme arrondie à l’échographie

L’atteinte ganglionnaire est évaluée grâce à la radiographie ou à l’échographie, mais aussi à l’aide des techniques d’imagerie en coupe. A l’échographie, les nœuds lymphatiques ont une taille augmentée avec une forme très arrondie (au lieu de l’aspect normal, ovale ou allongé). Leur échogénicité est diminuée, avec généralement un aspect homogène et un renforcement postérieur. Parfois, le hile hyperéchogène du nœud lymphatique n’est plus visible. La vascularisation des nœuds lymphatiques lymphomateux, évaluée grâce à l’échographie de contraste ou le Doppler Energie, est souvent altérée, avec une distribution périphérique au lieu d’être centrale.

La rate atteinte présente un aspect en nid-d’abeilles dans la moitié des cas

Normalement, la radiographie latérale de l’abdomen d’un chat ne permet pas de visualiser la rate. Le fait de la discerner est un signe de splénomégalie. A l’échographie, sa taille est souvent augmentée (repliée sur elle-même au lieu d’être allongée le long de la paroi abdominale gauche). Il s’agit parfois du seul signe visible (25 % des cas) lorsque le parenchyme a un aspect normal. Dans la moitié des cas, il a un aspect en nid-d’abeilles (avec de multiples petits nodules hypoéchogènes). Plus rarement, la rate peut contenir quelques gros nodules hypoéchogènes ou présenter une diminution homogène et diffuse de son échogénicité. D’autres signes associés sont souvent visibles, comme de l’ascite, une adénopathie ou des lésions hépatiques.

L’aspect échographique d’un foie atteint de lymphome varie

Une radiographie de l’abdomen peut montrer une hépatomégalie diffuse ou une masse hépatique. A l’échographie, le foie présente parfois des lésions hypoéchogènes focales ou multiples, une hépatomégalie avec un parenchyme d’aspect normal ou diffusément hypoéchogène ou hyperéchogène.

L’atteinte médiastinale se traduit souvent par un épanchement visible à la radiographie

L’atteinte médiastinale peut être évaluée sur des radiographies ou un scanner du thorax. Une masse est alors visible dans le médiastin cranial, ce qui peut déplacer la trachée dorsalement et le cœur caudalement. Toutefois, cette masse est souvent masquée par une effusion pleurale plus ou moins sévère. A l’échographie, la masse apparaît généralement hypoéchogène et est souvent bien visible, car l’effusion pleurale est un bon moyen de transmission des ultrasons.

Les signes radiographiques sont rares dans la forme gastro-intestinale

La forme gastro-intestinale du lymphome est la plus courante chez le chat. Le lymphome est la néoplasie intestinale la plus fréquente dans cette espèce. Les signes radiographiques sont rares. Ils consistent en une perte de détail intra-abdominal. Les masses intestinales sont souvent difficiles à détecter. A l’échographie, le lymphome se caractérise par un épaississement de la paroi intestinale (estomac > 4 mm, intestins > 3 mm), avec des couches normales ou une perte de visibilité des couches de la paroi. Dans ce dernier cas, cette dernière apparaît hypoéchogène. L’épaississement de la paroi peut être symétrique ou non. Une baisse de la motilité et une adénopathie mésentérique sont parfois notées.

En outre, il n’est pas rare que le lymphome intestinal n’entraîne aucun signe visible sur la paroi elle-même. Dans ce cas, seule une adénopathie mésentérique peut être présente. Dans le doute, il est donc recommandé de réaliser des biopsies de la paroi intestinale.

Les formes nasales et pharyngiennes sont fréquentes chez le chat

Les formes atypiques sont nombreuses. Les plus fréquentes chez le chat sont rénales, naso-pharyngiennes et neurologiques.

La forme rénale est évaluée à l’échographie. Elle peut apparaître sous l’aspect d’une augmentation (cas le plus fréquent) ou d’une diminution diffuse de l’échogénicité du cortex rénal. Il arrive également que le rein ait un pourtour hypoéchogène, dû à une infiltration lymphocytaire. Ce signe est particulièrement spécifique du lymphome rénal chez le chat (84,6 %) et moyennement sensible (60,7 %). Rarement, le lymphome rénal félin peut se présenter sous la forme de nodules hypoéchogènes.

Les formes nasales et pharyngiennes sont fréquentes dans l’espèce féline. Le lymphome est la tumeur nasale la plus courante chez le chat. Il est parfois difficile de le différencier de certaines rhinites chroniques, qu’elles soient destructives ou non. Une tumeur nasale peut être détectée à la radiographie, mais cet examen est peu sensible. Un scanner ou un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont préférables. Toutefois, les critères radiographiques ne sont pas pathognomoniques d’une néoplasie et les différents types de tumeur ne peuvent pas être distingués les uns des autres. Il est donc important de réaliser une biopsie nasale dans tous les cas.

Les formes neurologiques peuvent affecter le système nerveux central ou les nerfs périphériques (plus rarement). Lorsque le lymphome touche le système nerveux central, soit il est multicentrique, soit il fait partie d’une atteinte systémique. Cette atteinte est rarement due à un lymphome primaire. Chez le chat, le lymphome est la deuxième tumeur la plus fréquente dans le cerveau (après les méningiomes). Il présente alors souvent les mêmes critères que les autres tumeurs cérébrales au scanner ou à l’IRM. Dans la colonne vertébrale, le lymphome peut être intramédullaire, intradural-extramédullaire ou extradural. Dans ce dernier cas, il peut apparaître ostéolytique, bien que cela soit relativement rare. L’évaluation du lymphome spinal se fait à la myélographie, au scanner ou à l’IRM.

D’autres formes atypiques sont possibles, mais moins fréquentes. Des cas de lymphome félin affectant la vessie, le cœur (pouvant alors ressembler à une cardiomyopathie hypertrophique), la trachée, les yeux (masse rétrobulbaire, par exemple), la peau, les os, etc., ont été décrits. La forme pulmonaire interstitielle (nodulaire ou non), qui s’observe régulièrement chez le chien, est particulièrement rare chez le chat.

Les critères d’imagerie du lymphome félin sont donc particulièrement variés. L’imagerie permettra de détecter les lésions, mais un examen cytologique et/ou histologique demeure indispensable pour obtenir un diagnostic de certitude. Les aspirations ou les biopsies peuvent être réalisées avec l’aide de l’échographie ou du scanner.

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