La cytologie, pierre angulaire du diagnostic différentiel - La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010

Dermatologie des petits mammifères

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Cet examen, délicat, se révèle souvent d’un grand intérêt.

La dermatologie des petits mammifères est aussi riche que celle des carnivores domestiques. L’examen cytologique chez les nouveaux animaux de compagnie est délicat, en raison de leur taille et des difficultés de contention. L’utilisation du scotch permet d’atteindre des petites zones et des replis, elle est pratique et non douloureuse. Les écouvillons classiques ne sont pas adaptés et peuvent être remplacés par des cotons-tiges japonais ou des pansements dentaires. En revanche, les techniques de cytologie chez les petits mammifères sont les mêmes que chez les carnivores domestiques : calque par pression, apposition ou écouvillonnage, utilisation du scotch, cytoponction à l’aiguille fine. Les prélèvements par scotch sont lus colorés ou non, et ne doivent pas être fixés. La cytoponction, qui se pratique avec une aiguille démontée, permet le diagnostic différentiel des masses. Les colorations rapides de routine sont souvent suffisantes. La plus adaptée pour la recherche des cellules néoplasiques est la coloration May-Grünwald-Giemsa.

L’examen cytologique permet la recherche de bacilles, de coques ou de Candida

Lors de ces examens, un certain nombre d’écueils peuvent être rencontrés. Une lame vierge est souvent due à un prélèvement un peu gras. Il est alors conseillé de fixer le prélèvement à l’air avant de le passer dans le fixateur. Des colorants périmés ou sales génèrent des colorations insuffisantes ou des contaminants. Afin d’éviter les hémodilutions lors de ponction, une aiguille plus fine est recommandée. A l’inverse, lors de prélèvement acellulaire, il faudra réaliser le prélèvement avec une aiguille de diamètre supérieur. Le prélèvement peut être contaminé par du pus lors de lésions ulcérées : dans ce cas, gratter la lésion permet d’éliminer des cellules de contamination.

L’examen cytologique des pyodermites chez les petits mammifères ne présente pas de particularité. Coques, bacilles, images de phagocytose caractéristiques des pyodermites sont observés. Les dermatites à Malassezia existent aussi, surtout chez les muridés. Candida albicans est un champignon fréquemment rencontré, essentiellement chez le lapin et le cobaye. Il présente un aspect sphérique avec un halo et parfois des filaments. Les kératinocytes (grandes cellules anucléées) sont également identiques. Les grains de mélanine, petits grains marron, sont à distinguer des coques. Il y a peu de différences dans les cellules inflammatoires, si ce n’est la présence dans certaines espèces (lapin, cobaye, hamster, gerbille) de granulocytes hétérophiles, qui ont l’aspect de polynucléaires neutrophiles avec un cytoplasme rose, à distinguer des polynucléaires éosinophiles. Des polynucléaires macérés et des macrophages (cellules plus grandes que les neutrophiles, avec un noyau excentré et un cytoplasme peu abondant) sont également observés.

La cytologie permet un diagnostic pour le lymphome et le mastocytome chez le furet

La dominante dermatologique chez le furet est l’alopécie tronculaire souvent d’origine endocrinienne, pour laquelle l’analyse cytologique ne présente pas d’intérêt diagnostique. En revanche, elle est indiquée dans le cas des pyodermites, fréquentes dans cette espèce. Le lymphome et le mastocytome sont les seuls processus tumoraux cutanés pour lesquels la cytologie permet un diagnostic. Cliniquement, le mastocytome du furet ne se présente pas forcément sous la forme nodulaire, mais peut être verruqueux ou ulcéré.

Les dominantes pathologiques chez le cobaye sont également des alopécies hormonales. Dans cette espèce, les prurits peuvent être violents, voire démentiels. Des ectoparasites sont alors à rechercher, car souvent associés à des cellules inflammatoires et à des bactéries lors de surinfection. Chez le cobaye, les pododermatites peuvent être associées à des problèmes d’environnement ou de surpoids. La cytologie apporte dans ce cas peu d’informations.

Les ectoparasitoses prédominent lors d’affection cutanée chez le rat et la souris

Chez le rat, les lésions prurigineuses sont souvent dues à des ectoparasites et associées à des pyodermites, parfois profondes (cellulites). Le lymphome cutané chez le rat peut prendre des formes atypiques avec simplement des lésions ulcérées, souvent peu prurigineuses. L’examen cytologique permet de faire le diagnostic différentiel.

La dermatologie de la souris est dominée par des prurits tronculaires, associés également à des ectoparasites. Ce prurit peut être d’origine allergique, compliqué de pyodermite ou de dermatite à Malassezia.

Le lapin est avant tout sujet aux dermatites exfoliatives ou squameuses, ainsi qu’à la cheyletiellose. Les pododermatites sont fréquemment d’origine environnementale. Les otites moyennes et internes sont particulièrement courantes chez le lapin. En otologie, la cytologie est intéressante pour les otites externes. Cependant, les prélèvements lors d’otites moyennes ou internes semblent, dans la pratique de notre confrère Pascal Prélaud, relativement décevants et stériles. Sont rencontrées également des zones de macération dans la région périnéale ou dans la région péribuccale, lors de malocclusion dentaire et d’accumulation de salive : l’examen cytologique permet la recherche de bacilles, de coques ou de Candida. Les abcès, chez le lapin, sont presque toujours dentaires. L’examen cytologique a, dans ce cas, peu d’intérêt. Il existe aussi des dermatites prurigineuses qui ressemblent au complexe granulome éosinophilique félin avec, à la ponction, la présence de granulocytes éosinophiles.

CONFÉRENCIER

Pascal Prélaud Diplomate de l’European College of Veterinary Dermatology (ECVD), diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV) en dermatologie, praticien spécialiste de dermatologie à la clinique Advetia à Paris.

Article rédigé d’après la conférence « Apport de la cytologie en dermatologie des petits mammifères », congrès Afvac-Fecava 2009.

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