Les affections cutanées sont un motif de consultation fréquent chez l’âne

Parmi les cinq motifs de consultation les plus fréquents en médecine asine figure l’appel pour une affection cutanée. Notre confrère Arnaud Triomphe a exposé son expérience en la matière lors de la Journée normande vétérinaire, en octobre dernier.

Tous les types de lésions cutanées se rencontrent chez les ânes : les affections néoplasiques, les affections cutanées infectieuses, parasitaires, virales, allergiques, auto-immunes, toxiques, etc. Par ailleurs, cette espèce possède la particularité de développer des tissus cicatriciels aberrants, surtout en région distale des membres. Ces anomalies sont couramment rencontrées chez les ânes de travail blessés par leur harnachement (^{voir photo 1}). Les affections néoplasiques, les infestations par des poux et les allergies aux insectes sont également fréquentes.

Sarcoïdes, poux et hypersensibilité aux insectes sont fréquents

Les sarcoïdes constituent les principales affections néoplasiques de la peau chez l’âne. Ces tumeurs apparaissent vers l’âge de deux à cinq ans et les mâles sont trois fois plus touchés que les femelles. Elles sont préférentiellement observées sur les membres (45 % des cas), la tête et le cou (32 % des cas), les régions déclives du thorax et de l’abdomen (20 % des cas, ^{voir photos 2} et ³), avec une tumeur multiple dans 30 % des cas. La forme fibroblastique est la plus fréquente. Localement agressive, elle est invasive au niveau de la tête et autour des yeux. Toutefois, il arrive que le sarcoïde régresse spontanément.

Plusieurs traitements sont possibles, seuls ou en association. Lorsque la tumeur est pédonculée, la première intervention consiste à poser une ligature, laquelle peut être associée à une injection intralésionnelle d’un médicament cytotoxique comme Cisplastine®. « Lorsque le sarcoïde est de petite taille et est pris au début, les pommades topiques (comme Selekt Xxterra®) donnent de bons résultats en application locale », préconise notre confrère. L’exérèse n’est pas recommandée en raison des récidives, avec le développement d’une tumeur plus agressive. Un taux de guérison compris entre 60 et 95 % est admis et qualifié par Arnaud Triomphe d’optimiste.

L’âne est un discret. Lorsqu’il est infesté de poux, il manifeste un prurit moins visible que le cheval (^{voir photo 4}). Le traitement nécessite l’application d’organophosphorés après le nettoyage et la tonte des zones atteintes ou l’injection de doramectine⁽¹⁾. Une autre affection prurigineuse, l’hypersensibilité aux insectes, existe également chez les ânes. Les signes, saisonniers sont les mêmes que ceux de la dermite estivale des chevaux, avec des lésions de grattage et d’épaississement de la peau au niveau de l’encolure, du garrot et de la base de la queue. L’âne semble être sensible à d’autres insectes que les culicoïdes. Comme chez le cheval, les traitements sont peu efficaces.

Ne pas oublier les affections cutanées iatrogènes

Le prurit est rare chez les ânes atteints de teigne. Toutefois, l’animal peut montrer une réaction lorsque la lésion est grattée. Trichophyton induit des lésions moins visibles et moins circulaires que chez le cheval. Notre confrère recommande les traitements topiques à base d’énilconazole avec en plus, éventuellement, de la griséofulvine par voie orale.

La dermatophilose à Dermatophilus congolensis est également une affection cutanée avec peu de signes de prurit. Elle se manifeste par de l’alopécie et des croûtes qui touchent les zones du corps exposées à la pluie ou aux macérations. Sous les croûtes, les extrémités des poils apparaissent, donnant un aspect typique en brosse. Des zones érythémateuses, qui peuvent être hémorragiques, sont visibles sous les croûtes. Cette affection cutanée infectieuse est de fréquence moyenne. Il en est de même de la folliculite due à une infection par Streptococcus equi ou à un staphylocoque des follicules pileux chez les ânes qui manquent d’hygiène et de friction. Variantes de la folliculite, les dermites du paturon sont localisées dans le creux du paturon.

L’histoplasmose, l’habronémose, la besnoitiose et les affections cutanées d’origine immunitaire sont rarement observées chez l’âne. En outre, des lésions épidermiques peuvent être liées aux traitements intempestifs à base d’huile de vidange et de crésyl pratiqués par les propriétaires.

• (1) La doramectine est moins douloureuse que l’ivermectine.