Quelles sont les particularités de l’exercice NAC ?

Entre préjugés et perspectives

Exercer aujourd’hui en clientèle NAC, c’est être confronté régulièrement à des préjugés de toute sorte : « Tous les NAC transmettent des maladies graves à l’homme », « anesthésier un oiseau, c’est un risque sur deux de le tuer », « cet exercice n’est pas rentable », « les traitements sont uniquement empiriques et sans fondement scientifique ». Il n’est pas question de nier l’existence de zoonoses, mais de les situer dans leur contexte et d’éduquer les propriétaires. L’anesthésie des NAC peut parfaitement être maîtrisée à travers le respect de protocoles validés et l’utilisation d’un monitoring adapté. Les publications scientifiques et les ouvrages de référence se multiplient et sont facilement accessibles.

Pour ma part, j’exerce au sein d’une association de cinq vétérinaires et un cinquième du chiffre d’affaires est réalisé par l’activité NAC. Des progrès restent à faire concernant la formation dans les écoles ou l’implication des laboratoires. Mais les perspectives sont réjouissantes, comme en témoigne la récente AMM obtenue par un antiparasitaire pour le furet. La satisfaction du propriétaire et du vétérinaire passe par les mêmes valeurs que dans la pratique canine et féline : discours raisonné et cohérent, démarche diagnostique rigoureuse, examens complémentaires et traitements adaptés en accord avec les données scientifiques récentes.

Une activité passionnante, mais exigeante

Après un cursus classique, je suis partie aux Etats-Unis pour travailler auprès d’une praticienne spécialisée. Les formations initiales et continues dans le domaine des NAC sont en plein développement en France, même s’il reste beaucoup à faire. Un passage par l’étranger demeure ainsi indispensable pour celui qui veut vraiment prolonger sa formation.

L’exercice de la médecine et de la chirurgie des NAC est passionnant, mais également exigeant, car il concerne de nombreuses espèces et les données scientifiques évoluent en permanence. Les forums vétérinaires dédiés à cette activité, internationaux notamment, permettent de se tenir au courant. C’est un exercice rentable dans la mesure où les tarifs s’alignent sur ceux d’une pratique de pointe, ce qui est en général bien compris par les propriétaires. La majorité d’entre eux sont extrêmement motivés et demandeurs de soins de qualité. Certains sont avertis et attendent une grande compétence du vétérinaire. Le lien affectif est souvent encore plus puissant qu’en pratique canine. Les cas proviennent pour moitié du référé et pour le reste du bouche-à-oreille, notamment via l’Internet. En matière de traitement, de nombreuses molécules sont à notre disposition, mais pas toujours dans une galénique ou un conditionnement adapté. Nous devons souvent déconditionner, ce qui posera un problème majeur si la vente des médicaments est retirée aux vétérinaires.

Il s’agit d’un exercice en devenir. Dans les prochaines années, une base de confrères généralistes et de praticiens exclusifs se mettra certainement en place, comme dans de nombreuses spécialités auparavant, ce qui permettra une pratique référée de pointe.

Un exercice en devenir, mais dans une certaine limite

L’exercice NAC est un domaine en devenir, mais dans une certaine limite. Le nombre d’animaux médicalisés et d’actes médicaux reste en effet bien inférieur à l’activité canine. Créer une clientèle exclusive n’est pas facile. Il est d’emblée nécessaire de viser l’échelon régional, voire plus large encore pour certaines espèces. Une bonne répartition des vétérinaires exclusifs dans chaque région est donc indispensable. Les grandes villes, comme Paris, sont particulièrement propices au développement d’une telle clientèle. En termes de budget d’installation, les frais sont identiques à ceux d’une activité canine (les locaux et le matériel sont semblables, les instruments spécifiques n’étant pas particulièrement coûteux).

Les zones d’hospitalisation doivent cependant être distinctes de celles destinées aux carnivores domestiques, ainsi que la salle d’attente. Un personnel médical formé est indispensable.

Une formation complémentaire s’impose pour les auxiliaires, qui doivent avoir une inclination pour les soins et la gestion de ces espèces et de leurs propriétaires. En l’absence de cursus diplômant dans ce domaine en France, il m’a fallu réaliser de nombreux stages (France, Italie, Pays-Bas, Etats-Unis). La participation à des congrès et la lecture d’ouvrages spécialisés ont complété ma formation.

La clientèle NAC est assez éclectique. Les propriétaires de petits mammifères sont semblables à ceux de chiens et de chats, parfois particulièrement attachés à leur animal, parfois moins. Pour les oiseaux, il existe un rapport particulier face à un animal “psychologiquement développé”, parfois doté d’une longue durée de vie. Les éleveurs d’oiseaux se rapprochent de ceux d’animaux de rente, pour qui la rentabilité entre en jeu. Les propriétaires de reptiles ont quant à eux un rapport limité à l’animal lui-même, mais ils apprécient sa gestion globale (environnement, alimentation, etc.).