“Paquet hygiène”, paquet cadeau ? - La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010

Sécurité sanitaire des aliments. Séminaire du Réséda

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Différents acteurs de la chaîne alimentaire dressent un bilan plutôt positif de la nouvelle réglementation.

Quel est aujourd’hui le bilan des évolutions réglementaires en termes de sécurité sanitaire des aliments ? Tel était le thème du séminaire organisé par le Réseau des organisations professionnelles et interprofessionnelles pour la sécurité et la qualité des denrées animales (Réséda) le 8 avril dernier à Paris. Pour la première fois, la presse était conviée (du moins pour assister à une partie des interventions), dans un souci d’ouverture. En effet, l’ambition du Réséda est aussi d’élever le débat au-delà du niveau sectoriel et de valoriser le travail des filières.

L’utilité des guides de bonnes pratiques d’hygiène est saluée

Les efforts et les actions mis en place par les acteurs concernés ont-ils été récompensés ? « Oui,carlesguidesdebonnespratiquesd’hygiène (GBPH) simplifient le travail des éleveurs… et non, car celui qui concerne notre filière n’a toujours pas été validé par la Direction générale de l’alimentation (DGAL)! », a répondu Bernard Malabirade, éleveur de bovins viande. « Oui, car notre guide qui, pour sa part, a été validé, a permis de simplifier les audits (d’où un gain de temps et d’argent) et de gagner d’autres marchés de qualité », a rétorqué Pascal Le Paih, responsable qualité au sein du groupe Le Gouessant, spécialisé dans la nutrition animale. Désormais, il est aussi possible de faire reconnaître l’application réelle des GBPH par les instances d’audits et d’obtenir ainsi une certification, ce qui diminue le nombre de contrôles officiels, souligne-t-il. Pour Marie-Christine Buche, de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), la réponse à la question est également affirmative : « Avec le “paquet hygiène”, les contrôles/sanctions de mon administration ont évolué vers des contrôles/accompagnement des professionnels, plus constructifs. »

Le “paquet hygiène” a-t-il renforcé les échanges avec les différents maillons des filières de production Une nouvelle fois, la réponse est un “oui” unanime. « L’approche intégrée de la fourche à la fourchette, la responsabilisation accrue des exploitants, les obligations de résultats et la traçabilité voulues par le “paquet hygiène” ont forcément rapproché les maillons de production et de distribution, et augmenté les échanges entre eux », a résumé Marie Lescop, du groupe meunier Nutrixo. « Le “paquet hygiène” a également permis de collaborer avec les associations de consommateurs en ce qui concerne le contenu des GBPH. Une transparence qui est un gage de confiance ! », a renchéri Marie-Christine Buche.

Le secteur des transporteurs d’aliments, le maillon faible ?

Par ailleurs, tous les intervenants ont insisté sur l’utilité des autocontrôles effectués par les professionnels de la chaîne alimentaire. « Ils devraient être une “obligation” de base pour les exploitants eux-mêmes. En effet, en cas d’alertes sanitaires, ils permettent de prouver que le travail est fait correctement », a souligné Paul Mennecier, de la DGAL. Un colloque sur ce thème sera d’ailleurs programmé lors de la prochaine présidence belge de l’Union européenne. En toute logique, les contrôles officiels sont moins nombreux chez les professionnels qui réalisent des autocontrôles (et qui sont dans les normes) que chez les autres, a en outre remarqué Marie-Christine Buche. Autant de temps de gagné pour les agents de l’Etat (à bon entendeur, salut !), a-t-elle souligné, avant de remarquer qu’à la suite de la révision générale des politiques publiques (RGPP), un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé.

Le bilan global est donc plutôt positif, même si tout n’est pas rose ! « Il est important que les règles du jeu soient les mêmes pour tous. Or certains secteurs ne font l’objet que d’un nombre limité de contrôles par rapport à d’autres ! » Un participant a ainsi particulièrement pointé les secteurs du transport et du stockage des aliments, « où les contaminations croisées ne sont pas rares ».

La DGAL travaille actuellement sur le rapport communautaire qui fait le point sur l’application du “paquet hygiène” au sein des pays membres, a indiqué Paul Mennecier. Le but est de clarifier les zones d’ombre qui subsisteraient dans certains textes dont l’interprétation peut prêter à confusion. Il a aussi insisté sur l’importance de la « communication alimentaire » (dans toutes ses dimensions, y compris la sécurité des aliments) à destination du consommateur, indiquant qu’un travail interministériel sur ce thème est en cours. « Carlaconfianceduconsommateur,çase gagne ! » Depuis 2007, des études montrent que les Français sont plus sereins quant à la qualité sanitaire de l’alimentation, en grande partie parce que la communication à ce sujet est mieux gérée, a confirmé Gabriel Tavoularis, du Crédoc, qui a présenté une étude sur la perception de la sécurité des aliments par le consommateur.

  • (1) Mise en place d’une Autorité alimentaire européenne indépendante, chargée de l’élaboration d’avis scientifiques indépendants, d’un cadre juridique amélioré couvrant tous les aspects liés aux produits alimentaires, “de la ferme à la table”, de systèmes de contrôle plus harmonisés au niveau national.

  • (2) Le “paquet hygiène” est un ensemble de règlements communautaires adoptés de 2002 à 2005. Il englobe l’ensemble de la filière agro-alimentaire, depuis la production primaire, animale et végétale jusqu’au consommateur, en passant par l’industrie agro-alimentaire, les métiers de bouche, le transport et la distribution.

Du livre blanc au “paquet hygiène”

Il fête ses dix ans cette année. Une série de crises dans les domaines de l’alimentation humaine et animale (encéphalopathie spongiforme bovine, dioxine, organismes génétiquement modifiés, etc.) ayant mis en évidence des faiblesses dans la conception et l’application de la réglementation alimentaire au sein de l’Union, la Commission européenne a publié un livre blanc sur la sécurité sanitaire des aliments, en janvier 2000. Elle y proposait un ensemble de mesures pour l’organiser d’une façon plus coordonnée et intégrée(1). Ce livre blanc a abouti à la mise en place d’une nouvelle réglementation, le “paquet hygiène”(2), qui s’appuie notamment sur l’élaborationdeguidesdebonnes pratiques d’hygiène (GBPH)etdeprocédures fondées surles principes de la méthode HACCP (hazard analysis and critical control points) pour les professionnels, et sur des plans de contrôle et de surveillance par les instances officielles. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2006.

N. D.
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