LES ESPÈCES SAUVAGES CONCERNENT TOUT VÉTÉRINAIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010

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Auteur(s) : Marie Sigaud

Confrontés à un animal sauvage accidenté ou “égaré”, les particuliers se tournent naturellement vers leur vétérinaire. Son rôle est alors de répondre à la détresse de l’animal, en lui administrant les premiers soins. Les centres de sauvegarde prendront ensuite le relais en gérant sa réhabilitation. Si le bénéfice financier est nul pour la clinique, le prestige associé à cette prise en charge n’est pas négligeable.

Ils sont plus de dix-sept mille à fréquenter chaque année les centres de sauvegarde et la plupart d’entre eux passeront auparavant par la “case vétérinaire”. Les animaux sauvages concernent tous les praticiens, aussi bien canins que ruraux. Leur prise en charge débute avant même leur arrivée à la clinique. En effet, le vétérinaire doit conseiller le découvreur de manière à prévenir au maximum tout stress chez l’animal. Il convient donc de le manipuler le moins possible et de le maintenir dans un environnement calme, par exemple en le transportant dans un carton fermé garni d’un papier absorbant, tout en évitant les mouvements brusques. Pour les oiseaux, les cages à barreaux sont à proscrire, car elles peuvent délabrer leur plumage. Une fois arrivé à la clinique, les mêmes précautions seront observées. L’animal sauvage doit être détenu dans une pièce calme et séparée des animaux domestiques hospitalisés, ce qui permet en outre d’éviter une éventuelle transmission d’agents pathogènes.

Une fiche d’admission, qui suivra l’animal jusqu’à son relâcher, est établie

En premier lieu, il convient d’obtenir le plus d’informations possible sur l’animal auprès du découvreur. Une fiche d’admission est à remplir systématiquement, car elle suivra l’animal tout au long de son parcours de soins, jusqu’à son relâcher dans la nature. Les circonstances de la découverte y seront notées. De même, il faudra mentionner si le découvreur a directement amené l’animal à la clinique ou s’il s’en est occupé seul avant. L’identification par le vétérinaire de l’espèce, ou au moins du groupe auquel appartient l’animal, est importante. Il ne faut pas se fier à la diagnose avancée par le découvreur, notamment pour les oiseaux, car les erreurs sont fréquentes, à moins d’avoir affaire à un naturaliste émérite. Par exemple, des martinets noirs sont régulièrement confondus avec des rapaces. De telles erreurs sont néfastes lorsqu’il s’agit d’alimenter les animaux de manière adaptée.

La contention doit permettre un bon examen clinique tout en minimisant le stress

Une contention adéquate est nécessaire pour la réalisation d’un examen clinique complet. En règle générale, les animaux sauvages sont plus calmes lorsqu’ils sont maintenus dans l’obscurité (par un capuchon pour les rapaces ou un linge placé sur les yeux pour les autres). L’examen clinique aboutit à un pronostic dont découlera la décision de mettre en place des soins, suivis éventuellement d’une convalescence, en vue d’un relâcher de l’animal dans de bonnes conditions. L’animal doit donc pouvoir retrouver son intégrité physique à l’issue des soins, sinon l’euthanasie immédiate est à envisager. Certaines lésions sont en effet rédhibitoires. Ainsi, l’euthanasie est préconisée en première intention lors d’avulsion d’un membre, de fracture ouverte délabrante et/ou ancienne, de fracture articulaire, d’atteinte des vertèbres ou du bassin, de perte d’un œil (sauf pour les espèces opportunistes ou les rapaces nocturnes), de plaies délabrantes sur de petits animaux (chauve-souris, passereaux), de stade avancé d’une maladie (gale du renard, myiase du hérisson, paramyxovirose du pigeon, etc.) ou encore d’impossibilité pratique de réaliser les soins (fixateur externe chez une fouine, par exemple). Si les rémiges primaires sont abîmées ou coupées, la mue permettra de rétablir l’intégrité du plumage et donc autorisera le relâcher de l’animal. L’enture ou la greffe de plume est dans ce cas également envisageable, mais il faut au préalable disposer d’une collection de plumes adaptées et d’un certain savoir-faire. La situation des oiseaux éjointés, c’est-à-dire dont les plumes ont été amputées définitivement, est plus délicate, car ils ne pourront plus voler. Cela compromet leur retour à la vie sauvage.

Au final, seulement 44 % des oiseaux recueillis en 2008 dans l’un des centres de sauvegarde ont pu être relâchés. Sachant que les praticiens interviennent en amont, le nombre d’animaux euthanasiés avant même leur transfert en centre de soins est élevé.

Après les premiers soins, l’animal est orienté vers le centre de sauvegarde le plus proche

Réchauffer, réhydrater et réalimenter sont les trois priorités de la prise en charge d’un animal en détresse. Ces mesures sont à mettre en place dès qu’un abattement est observé, même en l’absence d’autres signes. Pour les oiseaux qui seront détenus quelque temps, il est essentiel de veiller à la non-imprégnation des individus, ce qui peut arriver rapidement, en particulier chez les jeunes sujets. En conséquence, il est nécessaire de les isoler au maximum et de les préserver le plus possible des contacts visuels et auditifs avec l’homme et les animaux domestiques. Dès que leur état le permet, ces oiseaux seront transférés vers un centre de sauvegarde. Sachant que la détention d’espèces gibiers ou protégées est interdite, ces centres disposent d’une autorisation de transport qui couvre les personnes qui leur amènent les animaux dès lors qu’ils préviennent de leur arrivée. « De plus, il existe une tolérance implicite pour le transport de ces animaux dans la mesure où celui-ci s’effectue le plus rapidement possible », précise Florine Popelin, chargée de consultation au Centre d’accueil de la faune sauvage de l’ENV d’Alfort. Dans certaines régions, ce sont des bénévoles du centre de sauvegarde ou d’autres associations, comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO), qui s’en chargent.

Attention aux zoonoses

En présence d’animaux issus de la faune sauvage, le risque zoonotique est réel. Il est essentiel de prévenir ce risque de transmission d’agents pathogènes aussi bien à l’homme qu’aux autres espèces domestiques susceptibles de se trouver dans l’enceinte du cabinet. L’animal sauvage doit être accueilli et examiné dans une salle différente de celle où sont hospitalisés les autres animaux. Pour se protéger, il est nécessaire de porter des gants et d’opérer une contention efficace afin de minimiser lerisque de morsure ou de griffure. Le port de gants résistants est notamment requis lors de la manipulation des rapaces. Si la rage vient spontanément à l’esprit du praticien, ce n’est peut-être pas le cas de l’échinococcose alvéolaire transmise en particulier par le renard, de la salmonellose ou encore de la leptospirose. La plupart du temps, le strict respect des règles d’hygiène suffit pour éviter toute contamination. Lors de la manipulation d’animaux morts, il est recommandé, en plus du port d’un masque, de mouiller le plumage ou le pelage de l’animal avec de l’alcool ou un autre désinfectant.

Marie Sigaud
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