Les acides gras essentiels sont une arme dans la lutte contre les inflammations chroniques

L’alimentation a une place à part entière dans la prise en charge de l’inflammation chronique chez les animaux de compagnie. Dans le cadre des phénomènes allergiques, un régime d’éviction permet d’exclure l’allergène (et de vérifier qu’il est bien alimentaire). Si les symptômes disparaissent, et réapparaissent lors d’un test de provocation, l’aliment responsable peut être identifié, ce qui permet de choisir un régime bien toléré par l’animal. L’alimentation a donc une place dans la recherche d’une cause, mais elle a également un intérêt dans la gestion des conséquences des maladies inflammatoires chroniques. Certains nutriments permettent de diminuer l’inflammation, en particulier les acides gras polyinsaturés.

Les indications des acides gras oméga3 sont multiples

Des études récentes mettent en évidence un bénéfice de la supplémentation en acides gras essentiels (oméga 3) chez les animaux de compagnie dans la prise en charge de certaines affections inflammatoires chroniques. Pour le chien, cette supplémentation permet de réduire l’inflammation due à l’arthrose ou à l’atopie. Selon une publication (Plantinga et coll., 2005) qui démontre l’intérêt des aliments diététiques pour les chats insuffisants rénaux, l’un d’eux permet un allongement significativement supérieur de la durée de survie des chats par rapport aux autres. Il s’agit de celui qui présente le taux d’acide eicosapentaénoïque (EPA) le plus élevé. Une autre étude laisse penser que les acides gras oméga 3 permettraient d’améliorer l’état clinique des chats asthmatiques.

Chez l’homme, beaucoup de travaux scientifiques sérieux mettent en évidence des effets bénéfiques significatifs des huiles de poisson dans la gestion des maladies inflammatoires chroniques, parmi lesquels une diminution des symptômes et la possibilité de baisser les doses des traitements anti-inflammatoires. Pour les patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, les conséquences biochimiques de la supplémentation en huiles de poisson sont l’incorporation d’acides gras oméga 3 dans la muqueuse intestinale et une modification du profil des médiateurs inflammatoires. Ainsi, l’EPA et l’acide docosahexaénoïque (DHA) permettent de diminuer, par compétition, la synthèse des précurseurs de l’inflammation à partir de l’acide arachidonique (les eicosanoïdes des séries 2 et 4). En effet, l’EPA et le DHA occupent une place parallèle à l’acide arachidonique dans la chaîne de production des eicosanoïdes, car ils sont les substrats des mêmes enzymes (cyclooxygénase et lipooxygénase). La cascade des éicosanoïdes à partir des oméga 3 que sont l’EPA et le DHA aboutit alors à la production d’eicosanoïdes différents (des séries 3 et 5).

Le rapport oméga 6/oméga 3 d’un aliment permet d’en évaluer la qualité

L’acide arachidonique est produit à partir d’autres acides gras polyinsaturés oméga 6, par exemple l’acide linoléique et l’acide gamma-linolénique. Ces acides gras, comme les oméga3, sont incorporés dans des phospholipides, qui forment eux-mêmes les membranes cellulaires. Le taux d’incorporation d’acides gras oméga 3 ou 6 dépend des apports alimentaires. Il convient donc de prendre en compte le rapport oméga 6/oméga 3 dans l’alimentation globale (tout ce qui est ingéré) pour l’évaluation qualitative d’un aliment. Dans le cas d’un animal en bonne santé, ce rapport doit être proche de 5 (avec une grande tolérance). Lors d’inflammation chronique, il devrait être plus bas (proche, voire inférieur à 1). Une publication de 1996 montre que les chats atteints d’insuffisance rénale chronique qui reçoivent un aliment avec un rapport oméga 6/oméga3 inférieur à 0,2 pendant dix semaines présentent les lésions histologiques des reins les moins importantes. Pourtant, peu de fabricants appliquent cette règle.

Chez le chat, une cuillère à café d’huile de colza chaque jour peut être préconisée

Quels aliments proposer pour supplémenter la ration en acides gras oméga 3 ? Les huiles de colza et de soja, riches en acide alpha-linolénique. Celles d’olive et de tournesol ne sont pas intéressantes, puisqu’elles apportent respectivement des oméga 9, que le corps est capable de fabriquer, et des oméga 6, mais peu ou pas d’oméga 3. Chez un chat, une cuillère à café d’huile de colza par jour suffit. La viande, même maigre, contient beaucoup d’acide arachidonique, mais seul le poisson gras (saumon, maquereau, hareng) est riche en EPA et en DHA. Il convient d’être prudent avec le foie de morue, trop riche en vitamines A et D pour être donné sans risque d’excès. Il existe également sur le marché vétérinaire des compléments alimentaires sous forme de gélules, qui contiennent diverses combinaisons d’acides gras essentiels…

Il est aujourd’hui important de savoir décrypter les étiquettes et de comparer les différents aliments proposés sur le marché, car ils ne sont pas toujours équivalents. Dans certains cas, une supplémentation peut se révéler utile.