Le tryptophane jouerait un rôle clé en début de lactation

La période peri-partum est particulièrement délicate. Le métabolisme de la truie est fortement sollicité. Pendant cette étape, elle est en effet soumise à un stress physiologique, celui de la mise bas, et environnemental, car elle est isolée de ses congénères quelques jours avant la mise bas. Par ailleurs, la sécrétion de colostrum puis de lait doit être suffisamment importante pour assurer la survie des porcelets. Les réserves corporelles de la truie, qui sont alors fortement sollicitées, doivent être préservées pour éviter une période de “récupération” post-lactation trop longue et des perturbations d’œstrus. Tous ces facteurs peuvent perturber la consommation d’aliments par l’animal, alors que ses besoins nutritionnels sont accrus.

Il est donc nécessaire de mieux comprendre les réactions physiologiques des truies pour pouvoir lutter contre les effets du stress et stimuler leur appétit pendant cette période. Il est d’ailleurs prouvé que des truies calmes se nourrissent mieux et que leur production laitière est plus importante.

Le métabolisme du tryptophane diffère selon la sensibilité des truies au stress

Dans le cadre d’une thèse⁽¹⁾, les scientifiques de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de Nutreco, société spécialisée en alimentation animale, ont cherché à mettre en évidence le lien éventuel entre la prise alimentaire des truies pendant la lactation d’une part, et la réactivité émotionnelle des animaux et le métabolisme du tryptophane d’autre part. Cet acide aminé essentiel diminue l’anxiété et l’agressivité chez de nombreuses espèces. C’est un précurseur de lasérotonine,unneurotransmetteurqui influe sur de nombreuses fonctions, dont l’appétit.

Après l’observation des réactions des animaux lors de changement d’enclos et en présence de l’homme, les chercheurs ont séparé une population de truies gestantes en deux groupes, “réactif” et “non réactif” au stress. Les concentrations plasmatiques de tryptophane ont été mesurées pendant la phase peri-partum. Les scientifiques constatent que les truies calmes (“non réactives”) présentent des taux plasmatiques de tryptophane inférieurs après la mise bas (diminution de 20 %) et une ingestion alimentaire supérieure à celle du groupe “réactif”. Les truies “non réactives” semblent utiliser le tryptophane de manière importante.

Le métabolisme du tryptophane est donc différent chez les truies gestantes selon leur sensibilité au stress. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour mieux évaluer le rôle de cet acide aminé pendant la phase peri-partum.

• (1) Emmanuelle Mosnier : « Métabolisme peri-partum et consommation alimentaire de la truie en début de lactation : implication du tryptophane », thèse soutenue le 24/3/2009. Source : Inra, 2009.