Le stress est une fonction naturelle : faites-en votre allié !

Avant de diaboliser le phénomène, souvenez-vous de vos cours de biologie. Le stress est avant tout une fonction naturelle essentielle à l’action. « On oublie trop souvent qu’il s’agit d’une réponse biologique à tous les événements de la vie, du plus petit au plus grand, rappelle Christiane Donati, psychothérapeute et coach. Il s’agit simplement de la mobilisation du corps qui se prépare à se mettre au travail. Quand nous subissons un stress, nous nous donnons les moyens biologiques d’agir. Le stress existe et c’est heureux. Sans lui, nous serions réduits à l’état de larves. » Une éventualité bien peu séduisante en effet.

Sous le terme de “stress” se cache donc l’action du système sympathique qui, relayé par le système endocrinien, déclenche un certain nombre de modifications physiques à chaque fois qu’une situation de menace potentielle ou que la nécessité de réagir se présente. Notre corps répond à une véritable logique de guerre ou de survie. Tout doit être subordonné de manière rigoureusement prioritaire au soutien des capacités à faire face, à se battre ou à fuir. Soudain, le rythme cardiaque augmente. Le diamètre des artères s’amplifie ou diminue. La tension artérielle s’élève. Le rythme respiratoire s’accélère et l’amplitude respiratoire se réduit. Les sécrétions de sucs gastriques s’affolent et le mouvement des viscères se réduit. Le débit sanguin s’active au niveau cérébral, alors qu’il diminue au niveau cutané. Les pupilles se dilatent. Les poils se hérissent. Le tonus musculaire est accru, tout comme l’acuité visuelle. Nous sommes prêts à en découdre !

MAUVAISE RÉPUTATION

Etre stressé est donc un état tout à fait naturel. Pourquoi alors le stress s’est-il taillé une si mauvaise réputation ? Pourquoi l’invoquer comme la source de tous nos maux ? « Simplement parce que nous faisons la confusion entre le stress et le trop plein de stress », explique Christiane Donati. C’est de nouveau du côté de la biologie qu’il faut aller chercher pour comprendre les effets délétères de l’excès de stress. « Lorsque nous y sommes soumis, deux modes de fonctionnement sont sollicités, le système sympathique et le système parasympathique, souligne la psychothérapeute. Le premier prépare à l’action, le second assure la phase de récupération. Pour que le stress demeure positif, il est absolument nécessaire de préserver l’équilibre entre les deux. Le stress négatif surgit lorsque l’équilibre est rompu trop longtemps et trop souvent, quand une personne est en permanence dans la préparation de l’action et dans l’action sans jamais laisser de place à la récupération. » C’est alors que surgissent les problèmes liés à l’abus de stress, qui se manifestent la plupart du temps par un épuisement physique et psychique.

RÉHABILITATION

Mais même dans sa démesure, Christiane Donati arrive à plaider pour l’intelligence du stress. « Le trop plein de stress est aussi intéressant. C’est une sollicitation à trouver des solutions créatives. Il nous oblige à prendre les choses en mains. » Un corps et un esprit fatigués sont, selon elle, des signaux d’alarme qui permettent à chacun de remettre en cause son mode de fonctionnement. « L’excès de stress permet de se poser les questions essentielles sur sa vie, de s’interroger sur la façon dont nous faisons les choses, nos valeurs. Cette alarme nous sort du tunnel de passivité dans lequel nous enferme le stress. Elle nous force à faire un pas de côté pour analyser la situation et trouver des solutions, des réponses qui ne sont pas dans la routine. » Cette analyse est essentielle, puisque c’est elle qui nous permettra de regagner notre liberté d’action et d’alléger notre stress pour le conserver dans les limites du raisonnable. « De nombreuses expériences sur le stress ont été menées en laboratoire chez des rats, explique Christiane Donati. Elles montrent qu’à chaque fois que l’animal dispose d’une liberté d’action, son stress biologique diminue. »

LE MEILLEUR SANS LE PIRE

Pour se ménager ces fenêtres de liberté d’action tellement nécessaires à notre équilibre, Christiane Donati propose des solutions pratiques et simples, abordables par tous et adaptables au quotidien de chacun. Pour ne garder que le meilleur du stress sans en subir le pire, il suffit de choisir parmi plusieurs modérateurs :

– faire des pauses fréquentes. Cela ne signifie pas forcément se reposer. « Il s’agit de faire autre chose, insiste Christiane Donati, quelque chose qui requinque comme jardiner ou boire un café ! » Physiques, ces pauses peuvent également être psychologiques. Il s’agit de prendre le temps de relâcher l’exigence que nous avons vis-à-vis de nous-mêmes. Par exemple de s’autoriser une petite séance d’autosatisfaction sur ce que nous avons fait dans la journée ;

– diminuer la charge des contraintes, par exemple en profitant de trajets en voiture obligatoires pour écouter de la musique ou sa station de radio préférée ;

– échanger avec les confrères. En cas de situation complexe, il est toujours bon de savoir que d’autres connaissent les mêmes problèmes. Cela aide à dédramatiser et à trouver des solutions ;

– se former, ce qui aide à garder un état d’esprit positif ;

– pratiquer une activité physique ;

– rêver pour détendre son esprit ;

– rire, de soi, des situations, des autres ou avec les autres. C’est le meilleur modérateur de stress.