Le consensus du traitement de la maladie valvulaire dégénérative expliqué aux praticiens

Les maladies valvulaires sont les affections cardiaques les plus communes chez le chien et touchent plus particulièrement la valve mitrale. Depuis plusieurs années, le traitement des maladies valvulaires dégénératives (MVD) fait l’objet de nombreuses études, non sans susciter des polémiques.

Publié en 2009, un consensus rédigé par dix confrères diplômés du Collège américain de médecine interne (Acvim), adresse des recommandations aux praticiens sur le diagnostic et la prise en charge de ces affections chez le chien⁽¹⁾. Clarke Atkins, coauteur et professeur en médecine à l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis), est connu pour ses recherches et ses enseignements sur la cardiologie des animaux domestiques. Il était l’invité de Novartis, le 23 mars dernier à l’ENV d’Alfort, pour commenter le consensus et donner son avis d’expert face à un auditoire de confrères.

Le cavalier king Charles ne répond pas au traitement à base d’IECA lors de MVD

Comme son nom l’indique, le consensus est avant tout un compromis entre spécialistes. En conséquence, un accord unanime n’a pu être obtenu sur l’ensemble des recommandations. Par exemple, dans le cas d’un chien qui présente une MVD asymptomatique avec remodelage cardiaque objectivable via l’imagerie médicale (de stade B2), aucun consensus sur le traitement n’a pu être trouvé. L’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) à ce stade de la maladie est controversée.

Clarke Atkins a rappelé l’existence de publications à la fois sur l’énalapril⁽²⁾ et le bénazépril⁽³⁾, qui montrent le peu d’efficacité de ces IECA chez des chiens de race cavalier king Charles spaniel atteints de maladie valvulaire dégénérative. Cela serait plutôt révélateur d’une caractéristique de cette race en particulier plutôt que d’une inefficacité globale des IECA. Il a rappelé l’intérêt de l’utilisation du pimobendane lors de phase symptomatique (stade C), comme cela est recommandé dans le consensus qui a suivi la publication de l’étude Quest⁽⁴⁾ en 2008. Pour sa part, Clarke Atkins conseille l’utilisation de la trithérapie (furosémide, pimobendane, IECA), aussi bien en phase aiguë qu’en phase chronique, lors de stades symptomatiques. Mais à ce degré de médication, le caractère délicat de l’observance du traitement est soulevé. Il a également défendu les rations alimentaires riches en oméga 3 pour les animaux domestiques, sachant qu’en médecine humaine, ce type de régime est associé à un risque moins élevé de maladie cardiovasculaire.

• (1) C. Atkins et coll. : « Acvim consensus statement : guidelines for the diagnosis and treatment of canine chronic valvular heart disease », J. Vet. Intern. Med., 2009, vol. 23, n° 1, pp. 1 142-1 150.

• (2) C. Kvart et coll. : « Efficacy of enalapril for prevention of congestive heart failure in dogs with myxomatous valve disease and asymptomatic mitral regurgitation », J. Vet. Intern. Med., 2002, vol. 16, n° 1, pp. 80-88.

• (3) J.-L. Pouchelon et coll. : « Effect of benazepril on survival and cardiac events in dogs with asymptomatic mitral valve disease : a retrospective study of 141 cases », J. Vet. Intern. Med., 2008, vol. 22, n° 4, pp. 905-914.

• (4) http://www.questtrial.com