Un aliment à fort pouvoir tampon dégrade les performances chez les volailles

L’industrie de l’alimentation animale et les firmes services passent beaucoup de temps à évaluer l’effet, sur les performances des animaux, d’aliments aux caractéristiques nutritives différentes (énergétique, azotée, minérale, vitaminique). Mais d’autres facteurs, qui ont trait aux caractéristiques physico-chimiques des aliments (forme, dureté, rugosité, etc.), sont plus difficiles à estimer.

Le pouvoir tampon (PT) d’un aliment est l’aptitude d’une solution, qui contient une quantité donnée de celui-ci, à résister à une variation de pH lors de l’addition d’un acide ou d’une base. Ce PT, mieux connu chez le porc, est peu évalué chez les volailles.

Une étude⁽¹⁾ a cherché à évaluer l’effet du pouvoir tampon des aliments sur les performances zootechniques du poulet d’une part, et du dindon d’autre part. Au total, 1 600 poulets sont inclus dans l’étude, qui se déroule de leur premier jour jusqu’à leur 39^e jour d’âge. Un aliment à faible PT (135 milliéquivalents/kg jusqu’à 21 jours puis 170 meq/kg), noté T1, est distribué à 800 poulets (8 cases de 100). Un aliment à fort PT (155 meq/kg jusqu’à 21 jours puis 190 meq/kg), noté T2, est distribué à 8 autres cases de 100 poulets. A J14, J21, J27, J33 et à l’abattage, le poids vif et celui de l’aliment consommé par case, ainsi que le nombre de morts sont notés. Ces relevés permettent de calculer les gains moyens quotidiens (GMQ) de poids, ainsi que l’indice de consommation (IC).

De leur côté, 400 dindons sont élevés de leur premier jour jusqu’au 111^e jour d’âge. Cinq aliments T1 (prédémarrage, démarrage, croissance, engraissement et finition) avec des PT respectifs de 250, 230, 220, 200 et 180 meq/kg sont distribués. Pour le lot T2 (fort PT), les valeurs de PT sont augmentées de 20 meq/kg.

L’augmentation de 20 meq/kg du pouvoir tampon dégrade les performances

Chez les poulets, entre 0 et 21 jours, le groupe T1 présente un IC significativement (p = 0,01) amélioré (IC = 1,44) par rapport à celui du groupe T2 (IC = 1,48). Pour la période entre 21et 39 jours, ainsi que sur l’ensemble de l’étude, cette amélioration significative de l’IC se confirme. Les consommations d’aliment tendent à être plus élevées dans le groupe T2 pour des croissances comparables à celles du groupe T1, ce qui explique l’amélioration de l’IC.

Chez les dindons, de 0 à 35 jours, ainsi qu’entre 35 et 77 jours, le poids vif, la consommation d’aliment et le GMQ des animaux T1 sont significativement plus élevés que ceux des animaux T2 (1 523 g versus 1 468 g, par exemple entre 0 et 35 jours pour le poids vif). En revanche, aucune différence significative n’est notée entre les IC.

Entre 77 et 111 jours d’âge, aucune différence significative n’est mise en évidence entre les deux groupes sur aucun critère. Au final, il résulte qu’entre 0 et 111 jours, le poids vif, le GMQ et la consommation d’aliment demeurent significativement plus élevés dans le groupe T1.

En somme, chez le poulet comme chez le dindon, l’augmentation de 20 meq/kg du pouvoir tampon dégrade les performances zootechniques des animaux (IC chez le poulet, croissance et consommation d’aliment chez le dindon).

Dans l’espèce porcine, certains auteurs rapportent même une diminution de digestibilité des acides aminés à la suite de l’augmentation du PT. Cet effet est moins connu chez les volailles et les essais présentés dans cette étude sont les premiers à donner des résultats aussi probants.

• (1) J.-M. Gomez, A. Corniaux : « Effet du pouvoir tampon de l’aliment sur les performances zootechniques du poulet et du dindon », proceeding des 8^e journées de la recherche avicole, 2009, pp. 239-243.