Le virus du Chikungunya infecte les macrophages et persiste longtemps chez le malade

Certains mécanismes de la pathogénie du virus du Chikungunya sont élucidés⁽¹⁾. Des chercheurs⁽²⁾ montrent en effet l’importance des macrophages, en tant que site d’infection et de persistance virale, mais aussi comme facteur clé de la pathogenèse. D’autres cellules pourraient être impliquées, notamment les cellules dendritiques. La forte concentration en antigène et sa distribution large dans le cytoplasme de ces cellules suggèrent une infection productive, bien que la réplication du virus n’y soit pas formellement démontrée.

Ce virus est également retrouvé dans les cellules endothéliales des méninges spinales, du muscle et du foie plus de trois mois après l’inoculation. L’existence de signes cliniques variés et persistants dans le temps serait donc en relation avec l’infection de longue durée notée dans les macrophages, ces cellules étant capables d’infiltrer de nombreux tissus.

Cette étude montre aussi la pertinence du modèle qui fait intervenir le macaque cynomolgus adulte, au lieu des rongeurs nouveau-nés ou immunodéprimés utilisés dans d’autres modèles. L’infection chez le macaque, infecté par le virus collecté lors de l’épidémie qui a sévi sur l’île de La Réunion, correspond aux données cliniques et biologiques observées chez l’homme. La phase aiguë de l’infection coïncide avec le pic de virémie. Elle s’accompagne d’une hyperthermie élevée et d’éruptions cutanées. Au cours de cette phase, un fort taux d’ARN viral est retrouvé dans la rate, les nœuds lymphatiques, le foie et, dans une moindre mesure, dans les articulations, les muscles, le système nerveux central.

L’intensité des signes cliniques est proportionnelle à la charge virale

Le lien entre la dose inoculée et l’intensité des symptômes est aussi mis en évidence. Les singes infectés avec des doses réduites ne présentent pas de signes cliniques et une virémie dans la moitié des cas, alors que l’inoculation de grandes quantités de virus provoque des signes de lésions articulaires, de ménigo-encéphalite, voire la mort de l’animal. La voie d’inoculation, intradermique ou intraveineuse, ne génère aucune différence.

Ces travaux sur le macaque semblent donc être une alternative pertinente pour des études ultérieures, notamment relatives aux traitements et à la prévention. Cependant, la persistance du virus du Chikungunya dans les macrophages est un mécanisme qui pourrait concerner d’autres arboviroses humaines et animales.

• (1) K. Labadie et coll. : « Chikungunya disease in nonhuman primates involves long-term viral persistence in macrophages », Journal of Clinical Investigation, 2010, vol. 120, n° 3, pp. 894-906. http://www.jci.org

• (2) Issus de l’UMR 703 Inra-Oniris, du CEA et de l’université Paris-Sud 11, avec la collaboration de partenaires de l’IRD, du CNRS et des universités de la Méditerranée et Paris-Descartes.