Le prélèvement du liquide céphalorachidien en région atlanto-occipitale est réservé au veau - La Semaine Vétérinaire n° 1396 du 12/03/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1396 du 12/03/2010

Geste technique

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Karim Adjou

L’animal devra être tranquillisé ou anesthésié pour effectuer la ponction par cette voie. En outre, l’hypertension intracrânienne constitue une contre-indication majeure.

Le liquide céphalorachidien est en contact avec la surface du système nerveux central. Sa composition varie lors de certaines affections (inflammation, tumeur, atteinte dégénérative ou infectieuse). Le prélèvement de ce liquide peut être effectué en région atlanto-occipitale (plutôt réservé au veau) ou en région lombo-sacrée (plutôt réservé à l’adulte), dans l’espace sous-arachnoïdien.

Le bovin devra être tranquillisé ou anesthésié pour effectuer la ponction en région atlanto-occipitale. Si l’animal est abattu, une injection de lidocaïne peut suffire. Cependant, chez le veau, il existe une contre-indication majeure à l’utilisation de la voie atlanto-occipitale : l’hypertension intracrânienne. En effet, le risque de hernie des hémisphères cérébraux sous la tente du cervelet est alors important. Le site choisi doit être le plus proche de la lésion cérébrale suspecte, mais si l’animal est en mauvais état général, il est préférable de prélever en région lombo-sacrée. Cette solution est d’ailleurs la seule réalisable sans danger chez le bovin adulte, car à cet endroit, une pénétration de l’aiguille trop profonde serait sans risque pour la moelle épinière, absente à ce niveau, contrairement à la ponction atlanto-occipitale.

L’analyse du liquide céphalorachidien peut confirmer une atteinte nerveuse

Dès le prélèvement, une première estimation peut être effectuée sur le liquide céphalorachidien, en particulier sur sa pression et son aspect général. Des analyses plus approfondies peuvent être envisagées ultérieurement (voir tableau).

La pression est évaluée lorsque le liquide céphalorachidien perle via le mandrin du cathéter ou la base de l’aiguille chez le veau. Quand la pression est normale, le liquide sourd au rythme d’une à deux gouttes par seconde. Des abcès, des inflammations superficielles ou profondes, des hématomes, des tumeurs du système nerveux central peuvent accroître cette pression.

Dans le cas d’une polioencéphalomalacie (carence en vitamine B1), une pression élevée est parfois observée, menant à des lésions corticales. Une carence en vitamine A peut également provoquer une augmentation de pression du liquide céphalorachidien. Une diminution de pression est rarement notée.

Le liquide céphalorachidien est normalement clair et limpide comme l’eau de roche. Des caillots n’apparaissent que pour des concentrations protéiques élevées (généralement supérieures à 1 g/dl) ou lors de contamination importante par le sang (plus de 400 cellules globules rouges/µl ou 200 globules blancs/µl). Par conséquent, il est important d’éviter toute contamination du prélèvement par le sang.

En principe, un premier examen du liquide céphalorachidien doit être axé sur sa couleur et sa limpidité, avant et après la centrifugation. Une numération et formule cellulaire, ainsi qu’un dosage protéique, sont ensuite à réaliser. Une augmentation du nombre de leucocytes dans le liquide témoigne d’un phénomène inflammatoire. Le nombre et le type de leucocytes renseignent sur l’origine de l’inflammation ou de l’infection. Une mise en culture peut aussi être envisagée lors de suspicion d’un processus infectieux. Cependant, l’analyse bactériologique sur le liquide céphalorachidien se solde souvent par des échecs. En effet, dans la majorité des cas, les bovins ont été traités par des antibiotiques ou des anti-infectieux et, par ailleurs, les principaux agents bactériens pathogènes responsables de maladies nerveuses sont difficiles à cultiver (Listeria monocytogenes, Haemophilus somnus, etc.). Néanmoins, la recherche par amplification génique (PCR) de certains agents pathogènes, comme Neospora caninum, peut se révéler utile du vivant de l’animal. C’est pourquoi le prélèvement et l’analyse du liquide céphalorachidien peuvent permettre la confirmation d’une atteinte du système nerveux central et aider à établir le diagnostic définitif d’une affection nerveuse (tumeur, inflammation, infection, processus dégénératif, etc.).

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 – G. Fecteau, A. Lanevschi : « Prélèvement et analyse du LCR chez les bovins », Le Point Vétérinaire, 1998, vol. 29, n° 194.
  • 2 – C. Ferrouillet : « Prélèvement et analyse du LCR pour le diagnostic des atteintes du système nerveux des bovins : étude rétrospective de 109 cas », thèse de doctorat vétérinaire, Toulouse, 1997.
  • 3 – R. Guatteo : Prélèvements chez les bovins, éd. du Point Vétérinaire, 2007, pp. 13-30.
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