Effets analgésiques et anti-inflammatoires
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde
Son action apparaît dans les trente à soixante minutes et perdure au moins vingt-quatre heures.
Des traitements locaux à base d’opioïdes ont été développés en médecine équine. Aujourd’hui, l’administration intra-articulaire de molécules médicamenteuses est sans doute l’un des plus courants pour la gestion de la douleur locomotrice chez le cheval de sport. Les corticoïdes, l’acide hyaluronique, ainsi que certaines compositions phytothérapeutiques sont fréquemment employés. La plupart ont prouvé leur efficacité. La morphine, quant à elle, fait l’objet d’un regain d’intérêt (voir encadré).
Une équipe brésilienne a cherché à caractériser l’effet de la morphine administrée par voie intra-articulaire sur un modèle d’inflammation aiguë, induite par l’injection de 1 ml de lipopolysaccharides dans l’articulation proximale du carpe. La morphine (40 mg) est donnée 6 heures plus tard et ses effets sont comparés à ceux d’un volume équivalent de chlorure de sodium isotonique. Par rapport au groupe contrôle, l’amplitude de flexion et d’extension articulaire n’est pas diminuée chez les chevaux qui reçoivent la morphine. La douleur à la flexion maximale du carpe est présente chez 17 % d’entre eux seulement lors d’une évaluation, versus 100 % des chevaux du groupe contrôle lors de toutes les évaluations effectuées de 0 à 24 heures. Ils présentent en outre une diminution significative du degré de boiterie (au trot) entre 90 minutes et 24 heures après l’injection, ainsi qu’un gonflement des tissus similaire.
Les auteurs concluent que la morphine possède un effet analgésique par voie intra-articulaire, qui apparaît 30 à 60 minutes après l’injection et dure au moins 24 heures.
Pour sa part, une équipe de l’université de Copenhague a comparé l’effet anti-inflammatoire de la morphine administrée par voie intra-articulaire (à la dose de 0,05 mg/kg, soit 25 mg/500 kg, associée à une injection intraveineuse de chlorure de sodium) à un traitement de contrôle (morphine à la dose de 0,05 mg/kg par voie intraveineuse et chlorure de sodium par voie intra-articulaire) sur une synovite proximale du carpe induite par des lipopolysaccharides. Les traitements sont administrés 4 heures après l’injection qui provoque la synovite. Douze prélèvements de liquide synovial sont pratiqués entre 4 et 168 heures après l’induction de la synovite. L’inflammation est évaluée par l’analyse du liquide synovial, la mesure de la température de la face dorsale de l’articulation radiocarpienne et la mesure de la circonférence de l’articulation. Par rapport au groupe contrôle (morphine par voie intraveineuse), l’injection par voie intra-articulaire induit un gonflement moindre du carpe à 28, 32, 96 et 168 heures, une élévation de la température cutanée similaire, une augmentation moins marquée du taux de protéines totales dans le liquide synovial, une hausse significativement moins importante du taux de protéine amyloïde A sérique dans le liquide synovial à 96 heures et dans le sang de 24 à 96 heures. Les globules blancs sériques et synoviaux augmentent dans les deux groupes, avec une hausse moindre des globules blancs sériques à 16 heures lors d’injection de la morphine par voie intra-articulaire. La cortisolémie est en hausse dans les deux groupes d’une manière équivalente, avec un pic à 4 heures. Les auteurs concluent à un effet anti-inflammatoire local et systémique de la morphine par voie intra-articulaire en raison des effets sur l’œdème, du taux synovial des protéines totales et des taux sérique et synovial de la protéine amyloïde A sérique.
Ces deux études apportent des informations intéressantes à extrapoler aux synovites qui se développent naturellement. Aujourd’hui, l’administration intra-articulaire de morphine est utilisée principalement, avec ou sans anesthésique local, pour l’analgésie peropératoire lors d’interventions chirurgicales comme l’arthroscopie, avec de bons résultats cliniques. Il reste à étudier ses avantages éventuels lors de simples infiltrations intra-articulaires.
Les récepteurs opioïdes existent au niveau central, mais aussi le long des fibres nerveuses qui vont vers la périphérie. Leur densité augmente au niveau des terminaisons nerveuses lors de douleur et d’inflammation, ce qui justifie l’utilisation des opioïdes par voie locale.
En 2001, une équipe de l’université du Colorado a collecté des échantillons de membranes synoviales des articulations du grasset et du carpe lors d’arthroscopie et chez des chevaux euthanasiés, afin de rechercher les récepteurs opioïdes par une analyse immunohistochimique et un dosage par liaison de ligands radioactifs. Une évaluation histologique classique des tissus collectés a permis d’examiner les signes d’inflammation et a montré des membranes synoviales saines ou présentant une inflammation modérée. Les récepteurs opioïdes ont été identifiés sur tous les échantillons prélevés, sans différence significative due à la présence de l’inflammation modérée.
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