Des fiches d’antibiothérapie raisonnée sont en cours d’élaboration

Administrer la juste dose d’antibiotique à un nouvel animal de compagnie (NAC) peut se révéler un véritable casse-tête. Cette difficulté a de multiples causes, notamment la grande variété d’animaux (espèces, tailles, poids) que recouvre l’acronyme NAC et le manque d’études pharmacocinétiques et de travaux chez des animaux malades.

Ces quelques raisons, parmi bien d’autres, ont été détaillées par Emmanuel Risi, consultant en NAC à Nantes (Loire-Atlantique), à l’occasion d’une “journée expert NAC” organisée par Bayer le 8 février dernier à Puteaux (Hauts-de-Seine), qui a réuni cinq praticiens exerçant dans ce domaine. Notre confrère s’est appuyé sur des exemples concrets pour illustrer ses propos. Abordant les variations de pharmacocinétique, il a ainsi cité la docycycline qui, à la dose de 50 mg/kg, a une durée de vie de dix heures chez les callopsites et les amazones, au lieu de vingt heures chez les cacatoès et les aras. Pour sa part, le chloramphénicol est éliminé deux fois plus rapidement chez la perruche ondulée que chez l’ara, pour une différence de poids d’un facteur 30. L’utilisation d’une échelle allométrique conduirait dans ce cas à un risque de toxicité chez la perruche et à une inefficacité chez l’ara. Chez les reptiles, la température de l’environnement conditionne la pharmacocinétique et l’activité du système immunitaire. Il serait ainsi nécessaire de définir des protocoles selon la température extérieure. Une tâche que ne facilite pas la variété des espèces. Par exemple, la demi-vie de l’enrofloxacine est de trente-six heures chez le varan, dix-huit chez la tortue d’eau, six chez le python et cinq chez la tortue de terre.

En outre, les difficultés en termes d’antibiothérapie ne se limitent pas à la posologie : administration souvent complexe, manque de galénique et de conditionnements adaptés, utilisation “hors AMM” ou mauvaise connaissance de la flore saprophyte de certaines espèces sont autant d’obstacles supplémentaires.

Emmanuel Risi a également rappelé que le pus, chez la plupart des NAC, est épais, caséeux, entouré d’une coque épaisse, soulevant la problématique de la réelle pénétration des antibiotiques lors d’abcès.

C’est dans ce cadre que Bayer a réuni des vétérinaires consultants en NAC pour établir un consensus en antibiothérapie, qui sera édité sous forme de fiches.

La journée a par ailleurs été l’occasion d’évoquer Profender® spot on, jusqu’à présent proposé à la dose de 2 gouttes/100 g par voie transcutanée pour la vermifugation des reptiles. Une nouvelle étude conduite par notre confrère Lionel Schilliger, en cours de publication, tend à montrer qu’un protocole à 4 gouttes/100 g est préférable.