La localisation de la tumeur gastrique et le diagnostic ante-mortem sont difficiles - La Semaine Vétérinaire n° 1394 du 26/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1394 du 26/02/2010

Cancers de l’estomac chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Les symptômes sont tardifs et peu spécifiques, le traitement est limité, le pronostic vital souvent mauvais.

Les tumeurs cancéreuses de l’estomac chez le cheval sont rares et ne repésentent que 1,5 % des néoplasmes rencontrés dans l’espèce équine. L’épithélioma spinocellulaire gastrique apparaît comme la tumeur primaire la plus fréquente dans le tractus digestif équin mais, selon les études, le lymphome intestinal primaire peut aussi présenter une prévalence équivalente. Les autres types de tumeurs gastriques identifiées chez le cheval comprennent les adénocarcinomes, les léiomyosarcomes, les tumeurs stromales, les papillomes et les polypes bénins.

L’anamnèse et les signes cliniques associés aux tumeurs gastriques sont vagues

Une étude rétrospective(1) sur vingt-quatre cas cliniques de néoplasme gastrique, diagnostiqué via l’histopathologie, a été menée à l’hôpital universitaire de Davis (Californie). Son objectif était d’essayer de dégager des caractéristiques, dans l’anamnèse et l’examen clinique, qui permettraient de s’orienter vers une suspicion de cancer gastrique.

Le diagnostic histopathologique de néoplasie gastrique est réalisé à partir de biopsies ante-mortem ou par la récolte d’un échantillon tissulaire lors de l’examen nécropsique. Parmi les vingt-quatre cas, dix-neuf présentent un épithélioma spinocellulaire et deux un léiomyome. Il y a aussi un cas de lymphome, un autre de mésothéliome et un dernier d’adénocarcinome. Les chevaux, des hongres en majorité (60 %), sont âgés de neuf à vingt-cinq ans (dix-huit ans en moyenne), sans prédilection de race et de sexe (avec quand même la moitié de quarter horses et de croisés quarter horses).

Les symptômes apparaissent en moyenne trois semaines avant l’examen

L’inappétence ressort comme le signe clinique le plus commun (70 à 80 % des cas). Ensuite, un amaigrissement est noté chez 60 % des chevaux. Les autres signes rapportés incluent de la léthargie, une hypersalivation, des signes de coliques et/ou une hyperthermie dans 20 à 40 % des cas. Quelques chevaux présentent de façon isolée une halithose, un bouchon gastro-œsophagien associé à une faiblesse générale consécutive à une perte de sang. Ils ont été traités avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des antimicrobiens et des pansements gastriques avant leur présentation à l’hôpital, dans 10 à 50 % des cas.

L’examen clinique confirme les données de l’anamnèse, auxquelles s’ajoutent des bruits digestifs diminués, une tachypnée et une tachycardie (environ 40 % des cas). Des signes de colique ne sont donc présents que chez 40 % des chevaux. L’examen transrectal, réalisé sur un quart de l’effectif, affiche des anomalies chez quatre chevaux sur six : des masses intra-abdominales se révèlent être des métastases d’épithélioma spinocellulaire gastrique chez deux chevaux, et une impaction cæcale dans un cas.

L’anémie normochrome normocytaire est l’élément le plus remarquable

L’hématocrite est inférieur à 30 dans 40 % des cas. La plupart du temps, l’anémie est reliée à la présence d’une inflammation chronique, car chez trois chevaux seulement un saignement interne est objectivé : deux cas de saignement intragastrique d’un épithélioma spinocellulaire et un cas de rupture de métatastase hépatique.

La numération et la formule globulaires sont variables, avec des cas de leucocytose neutrophilique (26 %), un virage à gauche de la formule (16 %), une lymphopénie (42 %). En revanche, le fibrinogène est augmenté dans un peu plus de deux cas sur trois. Plus de la moitié des chevaux présentent une hypoalbuminémie, associée dans 78 % des cas à une hyperglobulinémie (mesures médianes de l’albumine et des globulines respectivement de 20 et 50 g/l). Une augmentation des enzymes hépatiques, constatée dans moins de 20 % des cas, est associée à la présence de métastases hépatiques d’épithélioma spinocellulaire. Une hypercalcémie est aussi notée dans un cas sur quatre lors d’épithélioma spinocellulaire, malgré l’hypoalbuminémie.

Le liquide de paracenthèse abdominale est analysé pour treize cas et montre une augmentation de sa cellularité (supérieure à 2 200 cell/µl) et de sa concentration en protéine (mesure médiane de 44 g/l). Les deux anomalies sont concomitantes dans la moitié des cas. Il s’agit de transsudat, de transsudat modifié ou d’exsudat. Des cellules néoplasiques sont mises en évidence pour un cas d’épithélioma spinocellulaire métastasique avancé.

L’échographie abdominale semble être un examen plus sensible que la gastroscopie

La gastroscopie constitue une aide au diagnostic dans 77 % des cas qui ont eu droit à cet examen (treize sur vingt-quatre). Un processus prolifératif anormal est identifié, une masse multinodulaire, située dans la partie non glandulaire de l’estomac dans 80 % des cas, avec des zones d’ulcération dans 30 % des cas. L’échographie abdominale n’est employée que pour quatre chevaux, mais aboutit à la visualisation de la tumeur gastrique dans tous les cas, ainsi que des métastases.

L’examen post-mortem a mis en évidence la présence de métastases dans 80 % des cas, ce qui atteste du stade avancé de la maladie au moment de l’apparition des signes cliniques. La mort des chevaux (ou l’euthanasie) est survenue entre un jour et un an après l’apparition des symptômes, avec un temps médian de quatre à cinq semaines. Le traitement de la plupart des néoplasmes abdominaux est limité chez le cheval, dans la mesure où le diagnostic est souvent tardif, le traitement chirurgical difficile, voire irréalisable, et la chimiothérapie onéreuse.

Ainsi, la néoplasie de l’estomac n’est pas aisée à diagnostiquer et est assortie d’un mauvais pronostic vital. Les symptômes sont tardifs et peu spécifiques. Les analyses sanguines peuvent montrer une inflammation chronique. La gastroscopie ne permet pas toujours de visualiser la tumeur. L’échographie paraît intéressante pour mettre en évidence la présence d’une tumeur, mais aussi pour faire un bilan de l’étendue de la maladie sur tout l’abdomen. La biopsie par gastroscopie ou par guidage échographique est utile au diagnostic de certitude.

  • (1) S.D. Taylor, G.J. Haldorson, B. Vaughan, N. Pusterla : « Gastric neoplasia in horses », J. Vet. Intern. Med., 2009, vol. 23, pp. 1 097-1 102.

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