QUI VEUT ENTRER DANS LA TOILE DE MON RÉSEAU ? - La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010

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Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Directive “services” oblige, le regroupement de cabinets et de cliniques comme le travail en réseau vont devenir incontournables pour apporter aux clients la qualité de services qu’ils attendent. L’Ordre et le syndicat veulent mettre en place des outils pour aider les praticiens à franchir le pas.

Gestion commune des gardes, des ressources humaines, partage de compétences techniques, groupements d’achats, mise en commun d’un plateau technique… Personne aujourd’hui ne peut dire précisément combien il y a de regroupements ou de réseaux de compétences, combien de structures ils fédèrent en moyenne ou quel est leur objet. Pourtant, s’il n’est pas nouveau, le sujet est d’actualité. Depuis quelques mois, pas une grande rencontre vétérinaire (RNV, congrès de l’Afvac) ne se déroule sans que le thème soit abordé. Pourquoi La réponse tient en deux mots : directive “services”. En permettant à des structures étrangères de prendre pied sur notre territoire, en ouvrant la communication commerciale, elle va exacerber la concurrence. Au centre de cette bataille, le client est roi. Or, nous savons aujourd’hui mesurer ce qu’il souhaite (voir entretien en page 30) : l’accès à des consultations spécialisées, un plateau technique élaboré et à la pointe, une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, un service rapide et sans attente, des salles d’attente séparées, voire individuelles, des structures avec du personnel nombreux, etc.

Pour répondre à ces besoins, il faut des moyens, fédérer des compétences diverses. C’est tout l’esprit du regroupement : permettre des économies d’échelle grâce à la rationalisation et à l’optimisation du fonctionnement des structures, accroître la capacité d’investissement dans des outils techniques ou de la formation, dégager du temps libre par une optimisation des plannings (voir encadré page 30). Nous en sommes bien loin et c’est peu dire.

La position des “petits” inquiète les responsables professionnels

Aujourd’hui, 58 % des cabinets vétérinaires n’ont qu’un seul associé et, parmi eux, un tiers n’emploient aucun salarié. « La situation est particulièrement critique en canine », analyse Bruno Duhautois, vétérinaire, mais également titulaire d’un master en management et d’un DESS en science de gestion. Comment ces structures vont-elles résister Leur situation inquiète les responsables de la profession. « L’arrivée de réseaux déjà constitués, de chaînes, semble inéluctable, remarque ainsi Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Face à cela, nous devons préserver l’indépendance des praticiens, leur libre arbitre. C’est pourquoi nous voulons les aider à se regrouper, à “réseauter”. Nous sommes en train de mettre en place une formation, par le biais de Formaveto, qui leur apportera différents outils pratiques et juridiques. »

Les mesures annoncées par l’Ordre dans le cadre de la transposition de la directive “services” poursuivent ce même objectif. La faculté d’exercer dans plusieurs SCP ou SEL et dans plusieurs lieux d’exercice, la fin de la limitation du nombre de salariés ou de collaborateurs libéraux par associé, la définition de nouveaux lieux d’exercice (centre d’imagerie par exemple) ou encore la possibilité de créer des holdings sont autant de dispositions qui faciliteront le travail en commun.

Certaines entreprises s’intéressent d’ores et déjà au “marché du regroupement”

Se réunir ou périr, il n’y aurait donc pas d’alternative « Si, répond Jacques Guérin, membre du Conseil supérieur de l’Ordre. Les chaînes ne mangeront pas toutes les parts de marché. Et à côté de structures conséquentes se maintiendront d’autres, plus petites, nécessitant moins d’investissement, misant sur la proximité et la relation avec le client. C’est cette diversité de l’offre, dans laquelle chacun pourra vivre décemment, que nous cherchons à développer. »

Cette tendance aux regroupements n’intéresse pas que les praticiens. Des entreprises ont “flairé” le marché. Vétoonline, par exemple, à l’origine conceptrice de sites pour les cliniques, propose désormais ses services aux groupements. Au catalogue : mise en place d’une communication commune avec une charte graphique (signalétique, vitrophanie, sonorisation de l’accueil, etc.), création d’une architecture de sites exclusive aux cliniques du groupement, système de visioconférence ou de forums. « Depuis quelques mois et les discussions autour de la directive “services”, nous sentons un véritable frémissement sur le sujet, constate Olivier Perroy, l’un des dirigeants de la société. A plus long terme, nous envisageons de proposer aux cliniques l’externalisation de la “gestion” commerciale, marketing et administrative de leur groupement. »

Le mouvement est lancé, mais attention. « Si je suis persuadé que l’avenir est au regroupement et aux réseaux, le chemin sera long, tempère Michel Bolzinger, qui anime un groupe de sept cliniques depuis dix ans. Les vétérinaires sont individualistes, ce sont avant tout des libéraux. » Pour se regrouper, il faut faire de son concurrent un allié. Pas toujours simple.

Un exemple de regroupement : sept cliniques dans la région de Metz

« La vie du groupement, ce n’est pas facile tous les jours. Mais chacun a fini par comprendre que son avenir personnel était lié à celui du groupe. » Depuis une dizaine d’années, Michel Bolzinger est la cheville ouvrière d’un groupement de sept cliniques dans la région de Metz (Moselle) qui compte environ trente personnes, dont douze libéraux.

L’aventure a débuté avec cinq cliniques.

Après plusieurs années de gardes en commun, un groupement d’achat est créé. Il permet de négocier des conditions particulières auprès des fournisseurs : fabricants de pet food, centrales, laboratoires.

Le groupement décide ensuite de mettre ses ressources humaines en commun. Un planning est régulièrement mis à jour pour les ALD et les auxiliaires qui sont donc amenés à travailler dans chacune des structures à un moment ou l’autre de l’année. « Cette organisation commune nous donne plus de temps libre en assurant des remplacements efficaces et moins de soucis dans la gestion des congés », remarque Michel Bolzinger. Quelques cas sont référés entre les structures du groupe selon les équipements et les activités préférentielles.

Cette organisation, désormais bien huilée, a permis à ses membres de réaliser de vraies économies d’échelle, donc de générer des chiffres d’affaires plus conséquents. « Aujourd’hui, ça marche, se réjouit Michel Bolzinger. Mais pour cela, il faut vraiment quelqu’un qui s’en occupe et face vivre le groupement. En l’occurrence, c’est moi. Lorsqu’il y a un problème, par exemple un désaccord sur le planning des auxiliaires, je gère. Cela prend du temps. Il faut aussi résoudre les problèmes humains… » Beaucoup d’autres choses sont envisagées, comme l’embauche d’une auxiliaire pour assurer un suivi comptable et la mise à jour des tableaux de bord pour l’ensemble du groupement ou l’adoption d’un budget commun pour la communication : création d’un logo, d’un site Internet, etc. « D’autres possibilités s’offrent à nous, comme l’adoption d’un comptable commun, d’une assurance ou d’une banque communes, mais il y a encore des blocages, regrette Michel Bolzinger. Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins : devons-nous donner une forme capitalistique à notre groupement Les sept structures n’ont pas le même statut. Certaines sont en SCP, d’autres en SEL, d’autres en exercice individuel. Nous voyons arriver les SPF-PL. Nous nous y intéressons, mais cela suppose que tout le monde passe en SEL. Dans un premier temps, nous envisageons plutôt de constituer une société civile de moyen (SCM) ou un groupement d’intérêt économique (GIE), des formules beaucoup plus souples. »

N. F.
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