Les tiroirs médiatiques de l’angoisse servent la manipulation - La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010

Monde virtuel

Gestion

DIRIGER

Auteur(s) : Jean-Michel Saint-Omer

Surinformations et mises en scènes dramatiques des événements, anecdotes chargées d’émotions, etc. Il y a de quoi alimenter et développer ce que certains appellent « la névrose médiatique ».

La connexion permanente au mode virtuel d’Internet, les rendez-vous avec une actualité savamment mise en scène, tel est en effet notre lot quotidien, générateur d’inquiétudes et d’angoisses. L’actualité peut ainsi plonger toute une population dans un climat d’incertitude, voire contrôler ladite population.

La mise en scène de l’information veut produire de l’émotion

La mise en scène d’une vérité ou d’une erreur peut aussi conduire à des situations extrêmes. Dans les années 30, Orson Welles présentait à la radio le roman de George Wells, La guerre des mondes. Il a fait croire aux auditeurs que les Etats-Unis étaient attaqués par des Martiens. Grâce à une mise en scène habile alternant pseudo-informations, témoignages en direct d’un journaliste complice et bruits d’explosions, des milliers de personnes ont fui leur domicile, sans vérifier ces informations. Certains pensaient même que les pouvoirs publics étaient au courant et ne se manifestaient pas pour ne pas amplifier le phénomène de panique.

Plus récemment, il y a eu les attaques du 11 septembre. Là, bien entendu, pas de canular, mais des événements particulièrement riches en émotions qui ont eu un impact sur les populations du monde entier. Pour s’en persuader, il suffit de noter que tous ceux qui ont assisté à l’effondrement des tours de Manhattan, par l’intermédiaire de la télévision ou du Web, se souviennent où ils étaient et ce qu’ils faisaient à ce moment précis.

Tout le monde le sait, ce sont surtout les mauvaises nouvelles et les menaces qui intéressent. « La peur est un sentiment que les hommes aiment quand ils se sentent en sécurité », affirmait à juste titre Edgard Poe. Il en est ainsi des histoires que l’on raconte aux enfants, peuplées d’ogres et de créatures assimilées. Adulte, nous continuons à éprouver tout cela, même si nous refusons de l’admettre.

Evidemment, il y a là matière à manipulation. Face à “l’événement”, deux réactions se succèdent. La première, c’est la paralysie ou la stupeur, puis viennent la fuite ou le besoin boulimique d’informations supplémentaires. La technique du strip-tease fonctionne en partie sur ce principe : il faut faire monter l’adrénaline du spectateur en retardant, au moyen du couple tension/détente, la nudité. La mise en scène de l’information repose sur des techniques comparables. Selon le professeur John Sommerville, de l’université de Floride, les médias doivent « nous rendre fous » pour nous rendre dépendants, autrement dit nous transformer en bons clients. Pour conditionner, il faut mobiliser. Cette mise en scène, « avez-vous choisi le bon hôpital  » par exemple, soigne la forme, qui peut prendre le pas sur le fond. L’essentiel est avant tout de produire de l’émotion.

L’anecdote en arrive à supplanter le raisonnement

Le piège des médias “chauds” consiste à susciter de l’émotion dans un espace-temps restreint. Les experts invités n’ont que peu de temps pour s’exprimer et ils font donc passer un message et un seul, car il est difficile de faire dans la nuance. Le public réagit alors par comparaison, par absorption au contact de ses croyances et non par raisonnement. Or, les croyances ont un fond irrationnel, ce qui alimente les angois­ses. La généralisation entraîne une conclusion globale. C’est le tout ou rien, où le négatif est à l’honneur et le positif mis en sourdine.

Le storytelling est l’une des techniques privilégiées des hommes politiques et des figures emblématiques du monde des affaires. C’est l’obsession de l’anecdote. L’objectif est de raconter une histoire plutôt qu’un fait pour susciter l’émotion. Ce transfert d’émotion passe par l’appropriation de l’histoire par le public et participe au conditionnement de chacun d’entre nous. Il est admis que le “vote” est déterminé dans une large mesure par la capacité d’émouvoir. Comment se défendre face à ces puissantes machines à angoisser Monsieur Tout le monde se réfugie derrière la sagesse populaire : « De toute façon, il n’y a pas de fumée sans feu. » Il ne s’agit pas d’une réflexion, mais cela évite les rendez-vous avec soi-même, autrement dit une démarche d’introspection. La fuite ne résout rien, mais “cosmétise” l’angoisse en l’atténuant. La bonne réponse consiste à comprendre que l’émotion agit sur notre comportement, pour ne pas en être dupe et prendre du recul afin d’analyser les situations, peser le pour et le contre. En somme, utiliser son cerveau “rationnel”.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr