La règle d’or pour immuniser contre la maladie de Carré est d’utiliser peu de valences - La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010

Vaccination du furet

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Valentine Chamard

Ce vaccin est indispensable, même si les réactions sont plus fréquentes chez le furet que chez le chien ou le chat.

Le furet est particulièrement sensible à la maladie de Carré qui, une fois déclarée, est mortelle dans tous les cas. Elle provoque des symptômes respiratoires et cutanés (les signes nerveux et digestifs sont inconstants). En raison de sa gravité, la vaccination est incontournable, même pour les animaux qui ne sortent pas. Toutefois, l’espèce est sujette aux réactions vaccinales. Selon une étude de notre consœur Emilie Tessier auprès de seize vétérinaires consultants en nouveaux animaux de compagnie (NAC),80 % ont déjà observé des réactions indésirables, comme une hypersensibilité de type 1, voire un choc anaphylactique. Elles sont en général rapides, mais peuvent survenir jusqu’à quarante-huit heures après l’injection. Le traitement consiste en l’administration de dexaméthasone ou d’hémisuccinate de méthylprednisolone (1 à 2 mg/kg, par voie intramusculaire ou intraveineuse), voire d’adrénaline (20 µg/kg, par voie intramusculaire, sous-cutanée, intraveineuse ou intratrachéale). Le pronostic est bon habituellement.

Selon la même étude, 20 % des consultants NAC ont déjà noté une maladie vaccinale induite, qui produit les mêmes symptômes que la maladie de Carré naturelle. Il est alors difficile de savoir si, après une vaccination, l’affection est liée au vaccin ou si le furet a été contaminé récemment. D’une manière générale, s’il guérit, il s’agit probablement de la forme iatrogène. En effet, la forme“naturelle” est presque toujours mortelle.

Des réactions locales peuvent survenir, comme un fibrosarcome (changer les sites d’injection à chaque rappel), mais le furet y serait moins sensible que le chat.

Deux spécialités de vaccins canins n’associent que deux valences

Il convient donc de bien choisir le type de vaccin employé. Il faut privilégier ceux qui utilisent des souches suffisamment atténuées sur cellules embryonnaires aviaires et avec le moins de valences possible. En France, faute de vaccins spécifiques aux furets, il faut se tourner vers ceux destinés aux chiens. Seuls deux ne sont que “bivalents” atténués : Canigen CH® et Nobivac Puppy CP®. Même en l’absence d’adjuvant, les réactions vaccinales sont à craindre, surtout lors de la primovaccination (garder l’animal trente minutes en observation).

La dose entière doit être injectée. La primovaccination est réalisée entre quatre et six semaines (sept à dix si la mère est vaccinée) puis toutes les trois à quatre semaines jusqu’à quatorze semaines. Pour un animal adulte, la primovaccination se fait en deux injections, espacées de trois à quatre semaines. Le rappel est annuel. A partir de la troisième année, un rappel tous les deux à trois ans serait suffisant.

Aux Etats-Unis, un vaccin recombinant spécifique est disponible (Purevax Ferret Distemper®), qui entraîne peu d’effets secondaires. Les vaccins adaptés aux visons (Febrivac DE®) pourraient être utilisés, mais ne sont pas disponibles en France.

Le vaccin contre la rage n’est conseillé que dans le cadre d’une obligation légale

Le furet semble moins sensi­ble à la rage que les autres carnivores domestiques. 80 % des consultants NAC ne vaccinent que dans le cadre d’une obligation légale, par crainte des réactions anaphylactiques. Le dispositif de la cascade devrait alors conduire à utiliser Rabisin®, indiqué chez les mustélidés, même si les autres vaccins anti-rabiques pour chiens ou chats ne sont pas contre-indiqués. Des réactions d’hypersensibilité à l’adjuvant peuvent être observées.

La primovaccination se fait en une injection, à trois mois. Le rappel est annuel. Le furet doit alors être identifié. L’injection des vaccins contre la rage et la maladie de Carré peut se faire le même jour (ne pas mélanger les produits, choisir des sites d’injection différents), mais un décalage est conseillé, surtout lors de la primovaccination.

Le furet est sensible à d’autres maladies virales, comme la grippe humaine. Des cas de grippe H1N1 ont été déclarés chez cette espèce. Le vaccin humain ne doit pas être utilisé. Il convient d’adopter des mesures de protection, du furet vers l’homme et inversement. Aucun vaccin spécifique n’est par ailleurs disponible contre la maladie aléoutienne (celui de la parvovirose canine n’est pas efficace). Il en est de même pour l’entérite catarrhale épizootique (ECE). Le furet n’est sensible ni à la panleucopénie, la rhinotrachéite et la calicivirose félines, ni à l’hépatite de Rubarth et la parvovirose canines, ni à l’entérite des visons.

Faut-il arrêter le protocole après une réaction ?

En cas de réaction vaccinale, il est tout de même conseillé de continuer le protocole, en prenant quelques précautions. La première est de choisir un autre vaccin. Il est aussi possible d’injecter un antihistaminique quinze minutes avant la vaccination (diphenhydramine, 2 mg/kg, per os, Bénadryl®, spécialité humaine). Mieux vaut également avoir à portée de main les spécialités pour traiter l’hypersensibilité. Il est dans ce cas indispensable de séparer les injections des vaccins contre la rage et la maladie de Carré (attendre entre deux et quatre semaines entre les deux). Enfin, il faut garder l’animal en observation pendant trente minutes, voire toute la journée.

V. C.

CONFÉRENCIÈRE

Emilie Tessier, praticienne à Loos-lèz-Lille (Nord).

Article rédigé d’après la conférence : « Vaccinations : nouveautés », présentée au congrès 2009 de la Fecava (Lille).

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