Le taux de mortalité induit par les colibacilloses chez le lapin oscille entre 5 et 100 % - La Semaine Vétérinaire n° 1391 du 05/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1391 du 05/02/2010

Filière cunicole

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karin Adjou

La poursuite des recherches sur les facteurs de virulence des Epec se révèle nécessaire.

Les Escherichia coli pathogènes du lapin appartiennent au pathovar Epec (E. coli entéropathogènes). Ces colibacilles entéropathogènes du lapin sont comparables aux Epec humains. Ils s’attachent à la muqueuse intestinale et provoquent des lésions spécifiques d’attachement/effacement au niveau de la bordure en brosse des entérocytes (effacement des microvillosités). Ils ne produisent aucune entérotoxine thermostable ou thermolabile connue et ne sont pas entéro-invasifs.

En France, les principaux sérotypes pathogènes d’E. coli chez le lapin (toutes catégories confondues) sont, par ordre de fréquence : O103, O2, O85, O15, 0128 et 0132. Ceux impliqués chez le lapin nouveau-né (O2, O8, O15, O103, O109) diffèrent parfois de ceux du lapin sevré (O15, O20, O26, O103, O109, O128, O132). Chez le lapin d’engraissement, certaines souches d’E. coli sont hautement pathogènes. Elles peuvent conduire expérimentalement à des taux de mortalité proches de 100 %. En Belgique et aux Pays-Bas, il s’agit principalement du sérotype O15 : H-, tandis que O103 : H2 : K-rhamnose négatif domine en Italie, en Espagne et en France.

Les souches O26 : H11 sont également particulièrement pathogènes, alors que d’autres sérogroupes fréquents comme O132 et O128 entraînent une faible mortalité.

Chez les lapereaux sous la mère, les souches les plus pathogènes sont O109 : K-: H2.

Une diarrhée sévère se déclare quatre à dix jours après l’infection

Les colibacilles pathogènes se diffusent largement dans les élevages cunicoles, ce qui aboutit à une atteinte de toutes les catégories d’animaux (lapines, lapereaux au nid, lapins à l’engraissement). Une dégradation progressive de la situation ou des épisodes aigus peuvent être observés.

La colibacillose se traduit par une diarrhée sévère qui se déclare quatre à dix jours après l’infection. Dans certains cas, elle s’accompagne de phases de constipation ou de diarrhée mucoïde. Le taux de mortalité est extrêmement variable et oscille entre 5 et 100 % (100 % en France avec le sérotype O103).

L’aspect épidémiologique de la maladie est caractéristique. Les lapines présentent des diarrhées brutales autour de la mise bas (les mâles sont plus rarement touchés). Les lapereaux au nid sont atteints dans les dix à douze premiers jours d’âge (à la suite de l’excrétion par la mère). Les animaux sont souillés, en hypothermie, et meurent rapidement (la mortalité atteint parfois la portée entière en vingt-quatre à quarante-huit heures). La mortalité s’observe également chez les lapins à l’engraissement, quel que soit leur âge.

A l’autopsie, les lésions macroscopiques se limitent généralement à la partie terminale de l’intestin grêle, au cæcum et au côlon (tout l’intestin peut cependant être atteint chez les jeunes). Le contenu est anormalement liquide, voire hémorragique, et une inflammation variable de ces différents segments est visible, parfois associée à des zones hémorragiques. Des points de nécrose hépatique peuvent être observés chez le lapereau.

Les examens microscopiques permettent d’observer de nombreux E. coli attachés à la muqueuse intestinale. Sous les zones ainsi colonisées, la lamina propria est infiltrée de polymorphonucléaires.

Pour sa part, la microscopie électronique met en évidence l’effacement des microvillosités et les E. coli fixés à la membrane des entérocytes.

Les recherches s’orientent vers la mise au point de vaccins

D’une manière générale, l’utilisation d’antibiotiques pour lutter contre les colibacilloses du lapin se révèle difficile. Avec les antibiotiques autorisés, comme les polypeptides (colistine) ou les quinolones (fluméquine, enrofloxacine), les résultats semblent aléatoires, notamment vis-à-vis des souches particulièrement pathogènes. Une réduction de la mortalité peut être observée, mais les problèmes ne sont habituellement jamais totalement résolus.

En revanche, certains auteurs ont obtenu des résultats encourageants lors d’essai de vaccination, soit avec la souche RDEC-1, soit avec des souches d’E. coli O103 (vaccins vivants). Initialement, en 1999, Alain Milon et son équipe (ENVT) ont montré que si la vaccination induit bien une immunité locale (IgA) transférable aux lapereaux sous la mère jusqu’au sevrage, via la lactation, elle ne permet pas de protéger les animaux quand une souche d’E. coli O103 leur est ensuite inoculée après le sevrage. De même, l’administration parentérale de bactéries tuées n’entraîne pas de protection vis-à-vis d’une inoculation expérimentale par voie orale avec une souche pathogène. Ces mêmes auteurs ont mis en évidence l’intérêt de la vaccination par voie orale avec un vaccin inactivé, mais aussi la nécessité de suivre un protocole rigoureux difficilement applicable sur le terrain.

Plus récemment, les avancées dans la connaissance des structures moléculaire et cellulaire des Epec ont conduit cette équipe à développer d’autres approches et à obtenir des souches mutées. Les chercheurs ont ainsi prouvé l’efficacité d’une souche non pathogène de sérogroupe O128, mais possédant l’adhésine des E. coli O103 pathogènes. De leur côté, Stakenborg et ses collaborateurs (2006) ont utilisé des souches mutées au niveau du gène eaeA (rendues non pathogènes) pour protéger des lapereaux vis-à-vis de la souche homologue pathogène. Ces constructions moléculaires n’aboutissent cependant pas à une protection suffisamment efficace contre des souches hétérologues. D’autres recherches sur les facteurs de virulence des Epec et sur la réponse immunitaire de l’hôte sont donc nécessaires pour aboutir à des stratégies de vaccination utilisables en élevage.

  • Article rédigé d’après une communication de Dominique Licois, présentée le 28/5/2009 à l’ENVA.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr