La téléradiologie est un moyen d’échange entre le praticien et le radiologue - La Semaine Vétérinaire n° 1390 du 29/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1390 du 29/01/2010

Imagerie

Gestion

S’ÉQUIPER

Auteur(s) : Pascaline Pey

Fonctions : Résidente en imagerie médicale à Gand (Belgique).

L’interprétation à distance des examens d’imagerie nécessite des besoins particuliers en termes de matériel, de configuration et de méthodes de transmission.

La téléradiologie consiste en la consultation et l’interprétation à distance d’images radiologiques, échographiques ou en coupes (scanner, IRM). Elle se divise en deux activités distinctes, le télédiagnostic et la téléexpertise. Le premier est l’exploitation de la transmission d’images pour l’obtention à distance d’un diagnostic primaire et définitif par un radiologue. La seconde consiste en l’envoi, par réseau, des données produites par une structure médicalisée et disposant d’un radiologue vers une autre structure dont le niveau d’expertise est supérieur. Cela permet d’analyser les dossiers les plus complexes et d’avoir l’opinion d’experts spécialisés. Un généraliste peut ainsi demander son avis à un radiologue lorsqu’il doute face à un cas. Il peut aussi y avoir recours même s’il n’a pas besoin de conseils d’interprétation, mais souhaite avoir le nom et le titre du radiologue pour se crédibiliser et faire le poids face aux clients (propriétaire d’animal ou vétérinaire référant).

La téléradiologie est née il y a quinze ans aux Etats-Unis

Le premier système de téléradiologie disponible pour la médecine vétérinaire a été proposé en 1994 par la société Professional Software Inc., basée à Effingham (Illinois, Etats-Unis). Ce système utilisait une technologie de modem à modem et transmettait des images en format jpeg depuis une clinique vétérinaire vers un radiologue pour leur interprétation. Il n’était possible de transmettre qu’un cas à la fois et trente minutes au moins étaient nécessaires pour communiquer deux radiographies. Une ligne téléphonique spéciale devait y être entièrement dédiée. Les images radiographiques argentiques étaient numérisées à l’aide d’un scanner ou d’un appareil photo numérique.

La téléradiologie a ensuite évolué avec l’avancement des technologies multimédias. Grâce à l’Internet à haut débit, les prix et le délai de transmission de fichiers volumineux sont devenus raisonnables. Plusieurs sociétés de téléradiologie ont alors émergé en Amérique du Nord et dans quelques pays européens. Elles ne sont pas encore implantées en France, mais quatre diplômés francophones de l’European College of Veterinary Diagnostic Imaging (ECVDI) développent leur activité, dont trois en France.

Il est aujourd’hui possible de choisir la personne qui interprète les clichés

Initialement, la plupart des systèmes de téléradiologie impliquaient des entreprises intermédiaires. Un vétérinaire envoyait ses images numérisées par voie électronique à l’une d’entre elles ou expédiait les copies papier des clichés par voie postale. L’arrivée de la radiographie numérique a permis aux praticiens de transmettre les images numérisées à un radiologue vétérinaire sous contrat avec la société. Ce dernier interprétait les images et envoyait un rapport, généralement via la société intermédiaire. Le praticien n’avait donc souvent rien à dire quant au choix du radiologue.

Une fois la norme Dicom 3.0 (digital imaging and communications in medicine) devenue courante, les vétérinaires ont pu envoyer leurs images à la personne de leur choix. Cette méthode, plus directe, permet un gain de temps et aide le praticien à développer une relation professionnelle avec un radiologue vétérinaire de son choix.

Les envois des clichés doivent se faire au format Dicom

La plupart des techniques d’imagerie (échographie, tomodensitométrie, résonance magnétique et médecine nucléaire) produisent directement des images numériques. Quant aux radiographies argentiques, elles peuvent être numérisées. Il est cependant fortement recommandé de les convertir au format Dicom si elles doivent être transmises à un système Pacs (patient archive and communication system). Pour cela, la fonction “Exporter en format Dicom” est présente sur tous les moniteurs. L’utilisation d’autres formats de fichier (jpeg, tiff, etc.) n’est pas recommandée, pour des raisons de qualité. Les images Dicom peuvent être manipulées : fenêtrage, contraste, etc., autant de fonctions limitées avec les autres formats, ce qui peut conduire à des pertes de données, donc à des erreurs d’interprétation.

La téléradiologie directe présente plus d’avantages que le modèle indirect

La méthode de transmission directe d’images Dicom (téléradiologie directe) permet au praticien d’envoyer ses données au radiologue vétérinaire de son choix sans l’aide d’un logiciel intermédiaire. Il peut ainsi développer une relation de travail avec une personne en qui il a confiance, tout en réalisant des économies (pas d’achat de logiciel). Le modèle de téléradiologie indirecte, qui consiste à expédier les clichés à l’aide du logiciel détenu et géré par une société intermédiaire pour leur distribution à un radiologue qu’elle emploie, est également commun.

Pour la téléradiologie directe, le système doit permettre de modifier les informations relatives au titre de l’AE (application entity), au numéro de port et à l’adresse IP afin d’envoyer les images au serveur du radiologue vétérinaire (il convient de désactiver les pare-feux pour éviter tout problème de transmission). La téléradiologie directe permet de contourner les éventuels blocages installés par le fournisseur. Cette pratique, courante dans le secteur marketing, assure à l’entreprise que le client fera travailler la société qui a vendu l’équipement.

De multiples applications, de l’interprétation à l’archivage des données

De nombreux fournisseurs du marché commercialisent leurs systèmes (connexion sécurisée, logiciels, disques pour l’archivage des données et radiologues) non comme des dispositifs de téléradiologie, mais de télémédecine. Outre les images radiographiques, ils peuvent être utilisés pour transmettre des photographies d’animaux, des clichés échographiques, d’endoscopie, de cytologie, d’histologie, voire des vidéos.

Certaines entreprises de téléradiologie fournissent également des services d’archivage et de sauvegarde d’images pour les clients qui travaillent avec des systèmes numériques. Cette possibilité est généralement liée au paiement d’une redevance, mais l’assurance souscrite par le radiologue dans le cadre de la protection des données est habituellement considérée comme meilleur marché que celle souscrite par le généraliste.

En France, les utilisations des techniques d’imagerie en coupes (scanner et IRM) croissent de façon exponentielle. Face à la pénurie de vétérinaires spécialistes en radiologie et à l’arrivée des assurances animalières, de plus en plus exigeantes, la téléradiologie n’a d’autre choix que de se développer.

Qu’est-ce qu’un radiologue vétérinaire ?

La France commence tout juste à reconnaître les diplômes du collège, mais ce n’est pas un prérequis pour s’intituler “radiologue”. En revanche, aux Etats-Unis et dans les pays anglo-saxons, seuls les diplômés des collèges américain et européen d’imagerie médicale peuvent se prévaloir de ce titre. En outre, les assurances animalières ne remboursent les actes que s’ils sont effectués pas des diplômés de ces collèges. Ce n’est pas encore le cas en France, mais l’expérience montre que la pratique vétérinaire évolue souvent dans leur direction…

P. P.

À QUI S’ADRESSER

Aujourd’hui, cinq imageurs français proposent un service de téléradiologie. Il s’agit de :

– Paul Barthez (consultant au Luxembourg);

– Laurent Couturier, Delphine Rault et Eddy Cauvin (centre de référés en imagerie et neurologie AzurVet à Cagnes-sur-Mer);

– Franck Durieux (clinique Aquivet à Bordeaux).

Applications en médecine vétérinaire

• Accès direct, à distance, aux spécialistes du collège européen ou américain de radiologie vétérinaire pour des interprétations en premier ou second avis, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

• Protection des bases de données.

• Archivage et stockage d’images.

P. P.
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