L’Aspca, une “méga-entreprise” au service du bien-être des animaux et des propriétaires - La Semaine Vétérinaire n° 1390 du 29/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1390 du 29/01/2010

American Society for the Prevention of Cruelty to Animals

Éclairage

INTERNATIONAL

Auteur(s) : Clémentine Deny

Créée il y a près de cent cinquante ans, cette institution œuvre sur de multiples fronts pour la cause animale.

L’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals (Aspca) de New York fut la première institution de protection animale créée aux Etats-Unis. Fondée en 1866 par sir Henri Bergh, elle s’est ensuite implantée dans les autres états pour devenir la plus importante association de protection animale du monde. Au siège new-yorkais, les animaux maltraités, errants ou abandonnés sont recueillis et gardés en chenil le temps de leur rétablissement, aussi bien physique que “mental”. Les malades sont dirigés vers le Bergh Memorial Animal Hospital attenant(1). Une équipe de praticiens et de bénévoles, dirigée par un vétérinaire spécialisé en comportement, s’assure également que l’animal est resociabilisé et “bien dans sa tête” avant son passage aux étages des adoptions. Pour cela, des classes sont organisées deux fois par semaine. Les chiens y apprennent à accepter les autres animaux, les bruits de la ville et les ordres de base (coucher, assis, marcher en laisse, etc.).

Les candidats à l’adoption suivent un programme d’éducation

Aujourd’hui, c’est le tour de Tyson, un croisé american staff. Lors de ses promenades biquotidiennes dans les rues de l’Upper East Side, les bénévoles ont remarqué qu’il aboie sur les passants dont la démarche ou les vêtements présentent une particularité. Il faut donc lui apprendre à accepter tous types de rencontres. Tyson est placé derrière un long paravent. Les bénévoles passent de l’autre côté en lui parlant calmement. S’il n’émet aucune vocalise, il est récompensé par un morceau de blanc de poulet. Après cinq minutes, chaque membre de l’équipe modifie son aspect (chapeau, canne, long imperméable) avant de passer de nouveau le long du paravent. Après quelques erreurs, Tyson finit par se comporter correctement.

Cet apprentissage est quotidien. Ainsi, « tout le personnel de l’association a pour consigne de se rendre régulièrement à l’étage des animaux en transition, explique une bénévole. Chaque cage de verre y est munie d’un petit trou. Nous passons devant et demandons aux chiens de s’asseoir. Ceux qui obéissent sont récompensés par une friandise. De cette façon, ils assimilent vite le fait de s’asseoir et d’attendre lorsqu’ils voient passer quelqu’un ».

Quatre cliniques ambulantes sont en circulation

L’Aspca de New York est dotée de quatre cliniques ambulantes. Ces camions d’une surface de 64 m2, aménagés comme de véritables salles de chirurgie mobiles, sont successivement installés dans différents quartiers et proposent la stérilisation gratuite des chiens et des chats. Il suffit aux propriétaires de prouver qu’ils vivent de l’assistance sociale pour bénéficier de la prise en charge de leurs animaux (stérilisation, vaccination contre la rage et la maladie de Carré, coupe de griffes). S’ils souhaitent la pose d’un transpondeur, ils ne doivent débourser que 25 $.

Les vans se rendent plusieurs fois par mois dans les différentes zones d’un quartier (les dates sont disponibles sur l’Internet et par téléphone). L’association espère ainsi limiter le nombre de portées sauvages et les cas de maltraitance aux animaux non désirés. La demande dépasse toutefois les possibilités des quatre cliniques ambulantes et les journées sont surchargées. Les vétérinaires et leur équipe assurent vingt-cinq stérilisations par jour et par clinique mobile. Il est conseillé aux clients de se rendre au point de rendez-vous à 7 h du matin et d’attendre l’arrivée du van, vers 8 h. L’attente pour la prise en charge de leur animal est d’environ deux heures, et deux animaux par habitant et par jour sont acceptés au maximum. En 2008, le service de stérilisation mobile a vu passer près de vingt-deux mille animaux.

Une étude de compatibilité est réalisée avant toute adoption

Un autre van estampillé “Aspca” sillonne les rues de New York, celui des adoptions. Quatre jours par semaine, il parcourt les cinq quartiers de la ville avec à son bord des chiens et des chats à adopter. Stérilisés, vaccinés et “pucés”, ils sont remis aux nouveaux propriétaires avec une laisse ou une caisse de transport et une offre de consultation de suivi d’adoption gratuite au Bergh Memorial Animal Hospital. En échange de 75 à 200 $ (50 à 135 €), il est possible de repartir le jour même avec l’animal de son choix. En 2006, l’Aspca a ainsi réussi à placer un peu plus de deux mille quatre cents animaux.

Pour accroître les chances de réunir le bon couple maître-animal, l’association a mis en place un système informatisé de questions/réponses pour les futurs propriétaires, ainsi qu’un dispositif d’évaluation des chiens et de chats à remplir par les bénévoles. Les premiers sont évalués selon des critères tels que “joueur”, “sociable”, “énergique”, etc., et classés en neuf catégories. Les seconds sont analysés selon d’autres paramètres (“joueur”, “parleur”, “explorateur”, “quête d’attention”, etc.), et également réparties en neuf catégories. Selon les attentes des futurs maîtres, le système crée ainsi le “couple parfait”. Fantaisiste de prime abord, ce programme a permis de réduire de 40 % le retour des animaux après l’adoption et de diminuer de 46 % les euthanasies.

Une police scientifique pour faire la preuve des actes de cruauté

La branche de l’Aspca new-yorkaise s’est également enrichie d’un service de lutte contre la cruauté envers les animaux. Les dix-huit agents, vêtus comme de véritables policiers, ont pour rôle de récupérer les animaux maltraités chez les propriétaires négligents. L’entrée des lieux est barrée par un ruban jaune portant l’inscription « Crime scene-animal cruelty ». Ils font ensuite l’objet d’une inspection pour rechercher les preuves des actes de maltraitance. Notre confrère Robert Reismann, coordinateur médical de la section Humane Law Enforcement, a pour mission d’examiner l’animal et de constituer un dossier scientifique solide et irréfutable devant la Cour de justice : datation des blessures, radiographies pour mettre en évidence des fractures, preuve de malnutrition, etc. A l’issue du procès, les peines infligées aux propriétaires indignes vont d’une amende pour négligence à de la prison, en passant par l’interdiction de posséder un animal. Environ quatre mille cas sont traités chaque année, dont cent cinquante donnent lieu à des poursuites judiciaires et deux cents à la confiscation de l’animal.

Une association sur tous les fronts

Outre l’Aspca, Henri Bergh a également créé la Société américaine pour la prévention des actes de cruauté envers les enfants (SPCC). Bien que les deux structures soient aujourd’hui distinctes, l’Aspca continue de s’investir dans la santé humaine. En 2000, elle a par exemple lancé un programme de « thérapie assistée par les animaux ».

Au fil des années, l’association est devenue une “méga-entreprise”. Elle gère ainsi un centre antipoison animalier dans l’Illinois, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, offre des fonds et des formations à destination d’autres associations de protection animale, produit une série de téléréalité, Animal Precinct, diffusée sur la chaîne Animal Planet, et a même mis en place une ligne téléphonique pour aider les propriétaires d’animaux en deuil.

La diversité de ses actions et son “poids” font de l’Aspca une association particulièrement importante outre-Atlantique, tant pour les animaux, leur bien-être et leur protection que pour la société américaine.

  • (1) Un article lui sera consacré dans le prochain numéro.

  • Pour plus de renseignements, www.aspca.org.

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