Les tumeurs stromales gastro-intestinales sont sous-diagnostiquées chez le chien - La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010

Cancérologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : François Jacquet

Elles ont longtemps été considérées comme des léiomyomes, des sarcomes ou des schwannomes.

Les tumeurs stromales gastro-intestinales ou gastrointestinal stromal tumors (GIST) du chien sont des tumeurs mésenchymateuses de la paroi digestive. Malgré les nombreux progrès réalisés en médecine humaine, ces néoplasies restent largement sous-diagnostiquées par les vétérinaires, a indiqué Anne Girard-Luc, du service d’anatomie pathologique de l’ENVA, lors d’une conférence à l’Académie vétérinaire(1). Considérées pendant longtemps comme des léiomyomes, des sarcomes ou des schwannomes, les GIST sont en fait issues des cellules interstitielles de Cajal. Ces dernières établissent des connexions entre elles et avec les fibres musculaires lisses et les neurones entériques, permettant ainsi l’activité péristaltique de la paroi digestive. Elles expriment à leur surface la protéine KIT, récepteur transmembranaire à activité tyrosine kinase, dont le ligand est le stem cell factor (SCF). L’activation de ce récepteur est un événement majeur dans la pathogénie des GIST. Chez quatre chiens atteints, une mutation du gène KIT a été mise en évidence dans deux cas. Chez l’homme, cette mutation est présente dans 80 % des cas.

Peu de données concernant les GIST sont disponibles chez le chien. Elles représentent entre 50 et 70 % des tumeurs mésenchymateuses digestives. L’âge moyen d’apparition est de dix ans. Il n’existe pas de prédisposition sexuelle. Les races les plus atteintes sont le labrador, le yorkshire, le jack russell, le caniche, le teckel et le berger allemand.

Les GIST se localisent le plus souvent dans le côlon ou le cæcum

Une étude rétrospective réalisée par le laboratoire Idexx Alfort a inclus cent quatre chiens atteints de tumeurs mésenchymateuses digestives. Les symptômes sont peu spécifiques (abattement, amaigrissement, anorexie, diarrhée, vomissements). Les GIST se localisent le plus souvent dans le côlon ou le cæcum. L’intestin grêle, l’estomac et le mésentère, par ordre de fréquence décroissante, peuvent également être atteints. Ces tumeurs métastasent par voie hématogène. Le foie, et la rate dans une moindre mesure sont les organes le plus souvent atteints.

Macroscopiquement, les GIST apparaissent comme des tumeurs isolées, bien délimitées, qui se développent à partir de la musculeuse du tube digestif. L’analyse histologique révèle une tumeur bien délimitée, mais micro-infiltrante, hypercellulaire, souvent nécrotique et inflammatoire. L’ulcération et la péritonite sont rares. L’immunohistochimie permet de rechercher l’expression de la protéine KIT. Sa présence est assez spécifique des GIST, bien qu’également exprimée dans d’autres tumeurs (mastocytome, séminome). L’interprétation de l’examen immunohistochimique doit être faite selon l’expression clinique et l’aspect macroscopique et histologique de la tumeur.

Le diagnostic différentiel inclut les léiomyosarcomes digestifs, qui représentent 10 à 30 % des tumeurs mésenchymateuses. Ces derniers sont localisés dans l’œsophage ou l’estomac dans 90 % des cas. Bien que leur aspect macroscopique soit identique à celui des GIST, les examens complémentaires permettent de différencier les deux types de tumeurs. L’examen histologique d’un léiomyosarcome révèle ainsi une tumeur paucicellulaire, d’index mitotique faible. En immunohistochimie, cette tumeur est KIT négative. Cet examen permet ainsi un diagnostic définitif.

Chez l’homme, de nombreux cas de chimiorésistance et de radiorésistance sont décrits lors de GIST. Les inhibiteurs de tyrosine kynase représentent une perspective. Leur chef de file, l’imatinib (Glivec®), a été validé chez l’homme pour le traitement de ces tumeurs lorsqu’elles sont métastasées ou non opérables. Chez l’animal, les inhibiteurs de tyrosine kinase ne disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) que pour le mastocytome cutané de grades II et III (Masivet®).

  • (1) Séance consacrée à la cancérologie, organisée le 5/3/2009.

VOIR AUSSI

• D. Frost et coll. : « Gastrointestinal stromal tumors and leiomyomas in the dog : a histopathologic, immunohistochemical and molecular genetic study of 50 cases », Vet. Pathol., 2003, n° 40, pp. 42-54

• C.P. Maas et coll. : « Reclassification of small intestinal and cecal smooth muscle tumors in 72 dogs : clinical, histologic and immunohistochemical evaluation », Vet. Surg., 2007, vol. 36, n° 4, pp. 302-313.

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