La borréliose de Lyme est la maladie vectorielle la plus répandue de l’hémisphère Nord - La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010

Rongeurs et zoonoses

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

Le tamia de Sibérie est suspecté de jouer un rôle dans le cycle épidémiologique de l’affection.

Les maladies émergentes et réémergentes sont une préoccupation majeure à travers le monde, en raison de leur retentissement sur la santé publique et l’économie mondiale. Elles seraient le résultat de transformations sociales, démographiques et environnementales. Plus de 60 % des maladies infectieuses émergentes chez l’homme sont des zoonoses et près de 70 % d’entre elles proviennent de la faune sauvage. La multiplicité des facteurs qui mènent à l’émergence ou à la réémergence d’une maladie et leur intrication rendent délicate l’identification d’une ou de plusieurs causes. Cependant, dans le cadre des maladies zoonotiques, la proximité grandissante entre les espèces domestiques, sauvages, et l’homme est souvent évoquée.

Ixodes ricinus est le vecteur principal de la borréliose de Lyme en Europe

La maladie de Lyme est une zoonose potentiellement émergente étroitement liée à la forêt. Elle est transmise par des tiques de l’ordre des Ixodida. Il s’agit de la maladie vectorielle la plus répandue dans l’hémisphère Nord. En France, le nombre de nouveaux cas est estimé à plus de 10 000 par an. Elle est provoquée par des bactéries spirochètes qui appartiennent au complexe Borrelia burgdorferi sensu lato. Ces bactéries, parasites obligatoires, présentent un cycle complexe qui fait intervenir un arthropode vecteur et de nombreux hôtes vertébrés.

En Europe, les espèces de B. burgdorferi s.l sont transmises principalement par une espèce vectrice, Ixodes ricinus. Cette tique dure exophile à cycle triphasique se rencontre dans différents milieux (pâture boisée, jardin, forêt) qui présentent des conditions microclimatiques compatibles avec leur survie et favorables à la fréquentation de ses hôtes. Ce parasite ubiquitaire est susceptible de se nourrir sur près de trois cents espèces de vertébrés dans le monde. Les larves et les nymphes parasitent un grand nombre de vertébrés, tandis que les adultes montrent une préférence pour les grands mammifères sauvages et domestiques, qui semblent jouer un rôle particulier dans l’accomplissement de leur cycle.

La densité de vecteurs infectés et l’incidence de la maladie humaine sont corrélées

Une corrélation positive a été mise en évidence entre la densité de vecteurs infectés et l’incidence de la maladie humaine dans une même région. L’homme n’est qu’un hôte accidentel d’Ixodes ricinus. Le signe pathognomonique de la maladie humaine est l’apparition d’un érythème migrant, bien qu’il ne soit pas toujours présent. Si la maladie n’est pas traitée à ce stade précoce, des complications neurologiques, articulaires ou cutanées peuvent survenir. Les espèces bactériennes du complexe B. burgdorferi s.l manifestent des tropismes d’organes variés chez l’homme et provoquent des syndromes différents. Même si la maladie n’est pas mortelle, elle peut laisser des séquelles handicapantes en l’absence de traitement.

Rongeurs et oiseaux sauvages maintiennent les bactéries dans le milieu naturel

Avec les oiseaux, les petits mammifères, et plus particulièrement le groupe des rongeurs, font partie des espèces les plus importantes dans le cycle de la maladie de Lyme, en tant que réservoirs. Des spécificités d’hôtes existent vis-à-vis des espèces de Borrelia. Ces préférences semblent s’expliquer par des interactions complexes entre les bactéries et leurs hôtes, dans lesquelles intervient notamment le système du complément. Depuis quelques années, les communautés de rongeurs de certains massifs forestiers français comptent une espèce supplémentaire : le tamia de Sibérie, également appelé écureuil de Corée (Tamias sibiricus). Ce rongeur, qui appartient à la famille des Sciuridés, est apprécié comme nouvel animal de compagnie (NAC) et a été introduit en Europe, et plus précisément en France, au début des années 70 en tant qu’espèce captive d’agrément. Des individus échappés ou relâchés volontairement ont fondé les premières populations européennes dans la nature. Il est aujourd’hui retrouvé en dehors de son aire de répartition originelle dans plusieurs pays d’Europe, comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse. En France, onze populations sont dénombrées en Ile-de-France et trois en Picardie.

Le tamia de Sibérie est porteur des agents de la borréliose de Lyme

La capacité de destruction et le caractère invasif de certaines espèces de Sciuridés plus ou moins proches du tamia de Sibérie sont connus. Elles ont provoqué d’importants dégâts sur les écosystèmes forestiers européens où elles ont été introduites avec un impact particulier sur les communautés d’espèces natives, par l’exclusion compétitive ou la transmission de maladies.

Des travaux récents menés par l’Inra, le Muséum d’histoire naturelle et l’Institut Pasteur dans la forêt de Sénart montrent un taux de parasitisme par I. ricinus et un taux d’infection par B. burgdorferi s.l plus important chez les tamias de Sibérie capturés que chez les autres espèces de rongeurs autochtones testées : le campagnol roussâtre (Clethrionomys glareolus) et le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus). Il est aujourd’hui impossible de conclure quant à la compétence du tamia de Sibérie en tant que réservoir, bien que les études suggèrent qu’il pourrait jouer un rôle non négligeable dans le cycle épidémiologique de la maladie de Lyme. Cependant, ces interrogations soulèvent une nouvelle fois le problème de l’introduction de nouvelles espèces, notamment à travers l’importation de NAC.

  • La bibliographie de cet article est disponible sur WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire” puis “Compléments d’articles”.

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